Sonnant l’alerte et avertissant de l’irruption d’éventuels dérapages dans la maison Algérie, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, a longuement plaidé hier à Alger, pour la tenue d’un «débat national serein».
L’Algérie n’est pas à l’abri , a en effet enchaîné Louisa Hanoune affectionnant l’exemple-type de la situation que vit actuellement la Grèce dont elle a dit que quand bien même c’est un pays impérialiste, la Grèce vit une crise sans précédent que l’Algérie peut à tout moment vivre. La mainmise impérialiste sur les pays sous-développés peut à tout moment faire irruption dans le pays et elle se voit exacerbée par les récents développements que l’on connaît dans les plus hautes sphères de l’état dont la valse survenue au sein même de la hiérarchie militaire de l’Etat. Présentant un rapport d’ouverture de la session ordinaire du bureau politique du Parti des Travailleurs, la secrétaire général a aussi cité à l’appui de son argumentaire, la crise que traverse la Chine ainsi que celle du Liban. Martelant que la décision de création d’un parti politique par Madani Mezrag est une diversion, Louisa Hanoune a mis du bémol dans ses propos. En effet, elle n’a eu de cesse d’expliquer que des élections anticipées dépendaient également de la conjoncture internationale et régionale. «Le PT n’est ni un parti inféodé au pouvoir ni un parti se contentant de s’opposer pour la forme, mais un parti libre. Nous ne nous suffisons pas de prendre position pour telle ou telle question de l’heure. Le PT est un parti de militantisme », a-t-elle ajouté déclarant à demi-mot l’intention de compter sur la mobilisation populaire, afin de faire entendre les constantes et faire aboutir les revendications de ce parti. «Nous sommes concernés par la chute brutale du prix du pétrole et même les puissances impérialistes ne sont pas en mesure de contrôler les crises qui font effondrer des pays, tels que la Grèce qui a dû céder une trentaine d’îles et quelque 12 aéroports régionaux au profit de l’Allemagne », a affirmé haut et fort Louisa Hanoune tout en faisant part de son étonnement, quant au discours tranquille du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. En fait, et rappelant avoir militer avec des partis et organisations africaines pour l’effacement de la dette, Louisa Hanoune est tombée à bras raccourcis sur Abdelmalek Sellal, tranchant que l’évocation même du recours à l’endettement, dans le cas où la crise perdure, est une question dangereuse.
Et pour la conférencière de soutenir le rétablissement des barrières tarifaires, la rupture de l’Accord d’association avec l’UE, le blocage du processus d’adhésion à l’OMC, ainsi que le gel de la participation algérienne à la Zone arabe de libre échange. Elle a de même exigé l’instauration, entre autres, de l’impôt sur la fortune ainsi que la restauration du monopole de l’état sur le commerce extérieur afin, a-t-elle expliqué, trouver des sources de financements pour l’économie nationale autre que l’endettement extérieur auprès du FMI. à la suite de la crise précédente vécue durant les années 1980, l’Algérie a remboursé quelque 100 milliards de dollars pour une dette contractée à hauteur de 29 milliards de dollars. «Notre appel pour l’effacement de la dette a été bel et bien était répercuté par les chefs d’état africains, mais le Club de Londres s’y est catégoriquement opposé», a-t-elle rappelé. Sur sa lancée, la secrétaire générale du PT a martelé que le gouvernement Sellal poursuit sans le reconnaître une politique d’austérité qui aura des conséquences graves sur la pérennité des postes d’emplois et la survie des entreprises.
Le bureau politique du PT s’est réuni hier, au siège du parti avec un ordre du jour bien chargé, dont l’évaluation de l’Université d’été (21, 22, 23 et 24 août à Zéralda) ainsi que la mise au point de l’agenda. La date du conclave du comité central du PT est prévue pour le mois d’octobre, tandis que de son côté, le Congrès Jeunesse du PT est envisagé pour la fin de l’année en cours. Il est aussi question d’analyser les décisions et discours prises à la faveur de la rencontre Gouvernement-walis. «Une rencontre qui n’a pas dissipé nos inquiétudes», a conclu Louisa Hanoune.
Mohamed Djamel