Les relations entre l’Algérie et l’Égypte sont projetées dans l’actualité par des informations de la presse égyptienne, relayées par d’autres médias, sur la visite qu’effectuerait le président Abdelmadjid Tebboune dans les prochains jours au Caire.
C’était prévisible depuis deux ans. En janvier 2020, le président Tebboune, alors nouvellement élu, a reçu et accepté l’invitation du président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, pour effectuer une visite officielle en Égypte. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chokri, a remis cette invitation au président Tebboune qui l’a reçu en audience. Il faut rappeler que le président al-Sissi a été le premier chef d’État étranger à adresser ses félicitations au président Tebboune pour sa victoire, le 12 décembre 2019, aux élections présidentielles. L’invitation à visiter l’Égypte « dans un proche avenir » a été renouvelée au président Tebboune en octobre dernier par le précédent ambassadeur d’Egypte, Aymen Mechrafa, qui lui rendait une visite d’adieu au terme de sa mission en Algérie. Plus récemment, début décembre, dans une déclaration à la presse à la sortie de l’audience que lui a accordée le président Tebboune après lui avoir remis ses lettres de créances, le nouvel ambassadeur d’Egypte à Alger, Mokhtar Gamil Tawfik Warida, a évoqué cette rencontre entre le président Tebboune et le président Al-Sissi.
La situation en Libye
Du fait de ses répercussions sur la sécurité et la paix dans la région, la situation en Libye constitue une préoccupation commune à l’Algérie et à l’Egypte, tous deux pays frontaliers de la Libye. Les immixtions étrangères qui alimentent le conflit armé dans ce pays frère sont rejetées par l’Algérie et par l’Egypte. Les discussions entre le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, et son homologue égyptien, Sameh Chokri, ont montré une convergence de vues entre les deux pays sur le retrait des mercenaires de Libye et sur la sécurisation des frontières côté algérien et, tout à fait légitimement aussi, côté égyptien. Lors de sa visite de travail au Caire, en août, en qualité d’envoyé spécial du président Tebboune, Ramtane Lamamra a été reçu en audience par le président Al-Sissi. Ce fût l’occasion pour l’Algérie et l’Egypte de convenir de déployer une action concertée en vue de soutenir le processus de réconciliation en Libye. Dans le même esprit, les deux pays ont également décidé de travailler étroitement ensemble en vue de réunir les conditions politiques de succès du Sommet arabe, prévu en mars à Alger, dans la perspective de renforcer l’unité des pays arabes et leur action commune en faveur de la cause sacrée de la Palestine. Sur un autre chapitre, il y a un mois, à Oran, en marge du 8e séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, la vice-ministre des Affaires étrangères d’Egypte chargée des organisations africaines, Mme Souha El Djoundi, a salué la médiation algérienne menée par Ramtane Lamamra entre l’Egypte et le Soudan d’une part, et l’Ethiopie d’autre part, au sujet du barrage Ennahda.
Coopération bilatérale stratégique et forte
Au plan bilatéral, le nouvel ambassadeur d’Egypte à Alger a parlé récemment de la mise en place d’un partenariat stratégique fort entre les deux pays dans tous les domaines et à tous les niveaux. Un forum économique algéro-égyptien se tiendra durant le premier trimestre de 2022. Il a également été décidé de réactiver le Conseil d’affaires algéro-égyptien, créé en 2019. Selon des sources égyptiennes, les échanges commerciaux entre les deux pays sont «maigres», ne dépassant pas les 750 millions de dollars en 2020, alors qu’elles pourraient, selon les mêmes sources, atteindre dans un avenir proche les 2 voire 3 milliards de dollars. En visite au Caire, fin novembre, le général de Corps d’Armée, Saïd Chengriha, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) avait mis en valeur «les relations séculaires et excellentes entre les deux pays frères, et qui remontent notamment à l’époque de la Glorieuse Révolution du 1er novembre 1954 où les frères égyptiens ont assuré à celle-ci, commandement et peuple, le soutien et l’appui nécessaires».
M’hamed Rebah