Un raid aérien israélien a ciblé, vendredi, la banlieue sud de Beyrouth, semant la panique parmi les habitants et suscitant des craintes d’une reprise des bombardements sur la capitale libanaise.
Cette attaque, survenue pour la première fois depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre la résistance libanaise et Israël le 27 novembre dernier, a ravivé les tensions alors que l’armée de l’occupant justifie son action en réponse à des tirs de roquettes artisanales depuis le Liban, dont l’origine reste incertaine. La résistance libanaise a nié toute implication dans cette opération. Selon l’Agence nationale de l’information libanaise, l’aviation israélienne a frappé le quartier de Hadath, un secteur densément peuplé de la banlieue sud, entraînant la fermeture des écoles avoisinantes. Des images diffusées par l’Agence France-Presse montrent des secouristes évacuant des blessés et des pompiers luttant contre les flammes, tandis que la circulation était paralysée par un exode massif des habitants cherchant à fuir la zone ciblée.
Les efforts diplomatiques pour empêcher Israël de mettre à exécution ses menaces ont échoué. Le président libanais, Joseph Aoun, actuellement en visite à Paris, a été informé des intentions israéliennes lors d’une réunion avec le président français Emmanuel Macron, le président chypriote, le Premier ministre grec et le président de l’administration syrienne, Ahmed Charah. Suivant de près l’évolution de la situation, Aoun a dénoncé les tentatives de replonger le Liban dans une spirale de violence. De son côté, Emmanuel Macron a condamné ces frappes qu’il qualifie d’« inacceptables » et de « violation du cessez-le-feu » ainsi que de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a annoncé son intention de s’entretenir avec le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Dans le quartier de Hadath, l’attaque israélienne a déclenché un mouvement de panique.
Les forces de sécurité libanaises ont rapidement bouclé les accès aux zones menacées, alors que des tirs de sommation ont été entendus pour disperser la foule. Sur la plateforme X, le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a publié une vidéo de la frappe en lançant un message provocateur : « Vous entendez bien ? L’impact, les conséquences et les drones dans le bâtiment ? Il semble que le Hezbollah insiste à ne pas apprendre la leçon. » Cette escalade intervient après des frappes israéliennes dans le sud du Liban, ordonnées par le ministre de la Défense israélien, Yisrael Katz, en représailles à des tirs de roquettes depuis le territoire libanais. Le ministère de la Santé libanais a confirmé la mort de cinq martyrs dans les villages de Yahmor et Kfar Tibnit, au sud du pays. L’armée libanaise a, quant à elle, retrouvé des plateformes de lancement de roquettes dans la région de Qa’qaïat al-Jisr, au nord du Litani, et a lancé une enquête pour identifier les responsables des tirs. En conséquence de cette attaque, la résistance libanaise a annulé la cérémonie de la « Journée d’El-Qods » prévue vendredi à Beyrouth. De son côté, Benyamin Netanyahou a promis que « l’armée israélienne frappera partout au Liban en réponse à toute menace ». Selon le journal israélien Yediot Aharonot, l’ancien président américain Donald Trump aurait demandé à Netanyahou d’éviter de frapper Beyrouth et ses infrastructures stratégiques, dont l’aéroport, le port et la compagnie nationale d’électricité. Ce raid marque un tournant inquiétant dans l’évolution du conflit, renforçant les craintes d’une extension des hostilités au-delà du sud du Liban.
M. Seghilani