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POUR ENTRAVE À LA LIBERTÉ DE LA PRESSE : Plainte à Paris contre l’entité sioniste

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L’onde de choc provoquée par la mort de la photojournaliste palestinienne Mariam Dagga, tuée lors d’une frappe de l’entité sioniste sur l’hôpital Nasser à Khan Younès, continue d’alimenter une colère largement partagée dans les milieux journalistiques. Son appareil photo couvert de sang, brandi par un collègue sous les ruines de l’hôpital le 25 août dernier, est devenu un symbole glaçant : celui du prix payé par les reporters couvrant la guerre contre Ghaza. Mardi 2 décembre, le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé avoir déposé une plainte à Paris pour « entrave à la liberté d’exercer le journalisme » contre les autorités de l’entité sioniste. Les deux organisations reprochent à ces dernières d’avoir empêché les journalistes français d’accéder aux territoires palestiniens et de couvrir librement la guerre à Ghaza. Selon elles, ces faits pourraient relever de « crimes de guerre » et relèvent donc de la compétence du Parquet national antiterroriste (PNAT), dès lors que des citoyens français ont été visés. Selon le dossier de plus d’une centaine de pages transmis au parquet et rendu public par Franceinfo, il s’agit de la première plainte de cette nature présentée en France, fondée spécifiquement sur le délit d’entrave à la liberté d’informer dans un contexte international. Les plaignants décrivent un système organisé visant à empêcher les reporters d’exercer leur métier, au mépris du droit international humanitaire. L’avocate Louise El Yafi, coautrice de la plainte, évoque une « entrave concertée, parfois violente » qui vise à empêcher les journalistes français de travailler en Palestine. Sa consœur Inès Davau insiste, elle, sur « l’insécurité croissante visant les reporters français en Cisjordanie », qu’elle estime également constitutive de crimes de guerre.

Les journalistes sous la menace permanente
La plainte déposée à Paris ne provient pas seulement d’organisations professionnelles. Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, et ayant souhaité conserver l’anonymat, a lui aussi saisi la justice. Il accuse des colons israéliens de l’avoir agressé alors qu’il couvrait des événements en Cisjordanie occupée. Reporters sans frontières (RSF) a recensé plus de 210 journalistes tués depuis le début de l’offensive militaire de l’entité sioniste contre Ghaza, un bilan sans précédent dans l’histoire contemporaine du journalisme. Depuis les premières semaines de la guerre, les autorités israéliennes ont interdit aux journalistes étrangers d’entrer de manière indépendante dans l’enclave palestinienne, ne laissant passer qu’un nombre infime de reporters strictement encadrés par leurs forces armées.

Une série de procédures pour crimes de guerre
La plainte du SNJ et de la FIJ s’ajoute à plusieurs procédures déjà ouvertes en France concernant la guerre contre Ghaza. Certaines visent des soldats franco-israéliens appartenant à une unité d’élite de l’armée israélienne, d’autres mettent en cause l’entreprise française d’armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens soupçonnés de complicité dans le crime de colonisation. Dans une autre affaire, le PNAT a demandé à un juge d’instruction d’ouvrir une enquête pour « crimes de guerre » après la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien sur Ghaza en octobre 2023. Ces procédures dessinent les contours d’un contentieux judiciaire croissant entre citoyens ou institutions françaises et les autorités de l’entité sioniste, dans un contexte où les violations du droit international documentées par les ONG se multiplient.

Le combat pour la liberté de la presse
Pour les organisations plaignantes, la démarche judiciaire va bien au-delà du cas des journalistes français. Elle vise à faire reconnaître que les restrictions imposées à la presse dans le contexte de la guerre à Ghaza constituent une stratégie délibérée pour empêcher que la réalité du conflit ne soit documentée. Dans un paysage médiatique où l’information provenant de l’enclave assiégée dépend essentiellement des journalistes palestiniens – eux-mêmes ciblés, tués, blessés ou menacés –, l’enjeu dépasse la profession : il concerne le droit des sociétés à comprendre la réalité d’une guerre marquée par des accusations répétées de crimes internationaux. L’appareil photo ensanglanté de Mariam Dagga, au milieu des ruines de l’hôpital Nasser, raconte tout cela d’un seul regard. Les plaintes déposées à Paris tenteront désormais de traduire ce témoignage silencieux en actes juridiques.
M. S.

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