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Ports secs : 2 milliards de dollars de pertes par an

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Mohamed Ibn-Boushaki, directeur de la marine marchande et des ports au ministère des Transports, a affirmé que l’octroi des autorisations de réalisation de nouveaux ports secs a été gelé, afin de mettre de l’ordre dans cette activité qui connaît des dérives, au détriment de l’économie nationale et au bénéfice de compagnies maritimes étrangères. Ibn-Boushaki a fait savoir que les tarifs pratiqués par des compagnies maritimes étrangères au niveau des ports secs sont prohibitifs. À ce titre, il a affirmé que ces coûts représentent le quadruple des tarifs appliqués dans les ports maritimes. Selon lui, le dépôt des conteneurs revient cinq fois plus cher que dans les ports humides. D’autre part, il a précisé qu’il faut harmoniser ces tarifs car de tels dérapages coûtent très cher au Trésor public. Face à cet état de fait, il s’est attaqué aux gestionnaires de ces espaces, en les accusant de détournement d’argent. Devant cette situation déplorable, Ibn-Boushaki a déclaré que les ports sont en train de perdre énormément. Affirmant qu’un port sec est pratiquement un constat d’échec. Précisant que cette situation, peu reluisante, cause un manque à gagner qui serait estimé à 2 milliards de dollars par an. Une somme faramineuse en ces temps de vaches maigres, où l’État est en quête d’argent. À cet effet, il a déclaré que les pertes doivent être stoppées. D’autre part, Ibn-Boushaki a précisé qu’il s’agit dans l’immédiat de geler l’octroi des autorisations des ports secs. Il a ajouté que l’autorisation d’aménagement d’une aire d’entreposage de marchandises transportées par voie maritime avait, au départ, été accordée au bénéfice du seul port d’Alger pour lui permettre de désengorger ses quais. De ce fait, il a affirmé avec regret que les compagnies étrangères qui gèrent ces surfaces ont commencé à essaimer à proximité de l’ensemble des quinze zones portuaires commerciales du pays. Par ailleurs, il affirme qu’il faut encadrer l’activité au niveau de ces ports. Il dira que des instructions ont été données pour l’élaboration d’un dispositif intersectoriel avec les services des Douanes, du Commerce et des Transports. Cette opération consiste donc à réviser les tarifs pratiqués par les entreprises maritimes étrangères activant dans ces ports secs. Selon le responsable, il y a lieu de revoir l’opportunité de l’ouverture de ces ports secs qui doivent être liés aux ports humides. Selon lui, un port sec doit être le prolongement d’un port humide. Il a été évoqué le grand gaspillage à «coups de milliards», concernant les marchandises au niveau des ports secs. Le nouveau texte relatif à la révision des tarifs, dira-t-il, qui doit être finalisé dans les tout prochains jours, stipule aussi que la réalisation des grandes zones logistiques sera confiée “exclusivement” aux entreprises portuaires publiques. Par ailleurs, le représentant du ministère des Transports a affirmé que l’investissement dans cette activité sera réservé uniquement aux ports publics. À cet effet, il a fait savoir que, dans ce cadre, le port de Bejaïa ouvrira incessamment une grande plateforme logistique d’un investissement de près 4,5 milliards DA. L’autre mesure annoncée par le même responsable est l’interdiction du transfert systématique des conteneurs vers les ports secs, sans l’avis de l’entreprise portuaire concernée, et ce, afin de rationaliser les coûts. Le transfert des conteneurs doit être une exception, et non pas la règle. Il a précisé que nous sommes toujours sous le diktat de 3 ou 4 compagnies maritimes qui ont pu ouvrir des ports secs en Algérie. Par ailleurs, il s’est indigné en déclarant que la marchandise est directement acheminée de l’étranger vers les ports secs, et ces compagnies font du transfert, y compris de notre TVA. Il a indiqué, par ailleurs, que dans quelques années, l’Algérie devra avoir acquis 18 bateaux permettant de transporter 30% de fret. Il s’agit donc de passer des 2% actuels de fret vers 30%. À ce titre, il précisa que les armateurs étrangers ont pignon sur rue, en gagnant chaque année 4 milliards de dollars au détriment du pavillon national. D’autre part, il a été évoqué les bateaux en rade, dont les pénalités font perdre des millions de dollars à l’Algérie. Ibn-Boushaki a précisé que cette situation désobligeante s’explique par la lenteur des contrôles, et le problème lié à l’équipement des ports. Il a annoncé qu’un guichet unique portuaire va être mis en place pour faciliter les procédures de gestion des parcs à conteneurs, au profit des clients, et la réduction du temps de séjour au port des marchandises conteneurisées. Pour assurer le commandement et la maintenance de ces nouvelles unités, Ibn-Boushaki a signalé qu’une première promotion de 160 ingénieurs mécaniciens est actuellement en formation à l’Institut d’études maritimes de Bou-Ismaïl.
Lazreg Aounallah

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