Ce regain de violence intervient alors que la guerre d’extermination contre Ghaza entame sa troisième année. En parallèle des opérations militaires, se tiennent au Caire et à Charm el-Cheikh des négociations indirectes entre les délégations palestinienne et israélienne, sous médiation égyptienne et américaine, dans le cadre du “plan Trump” — un projet controversé de “cessez-le-feu et d’échange d’otages” présenté fin septembre par l’ancien président américain. Tel Aviv considère les “48 prochaines heures” comme “décisives” pour parvenir à un accord.
Le plan de Trump, composé de 20 points, prévoit notamment la libération des prisonniers israéliens détenus à Ghaza, un cessez-le-feu temporaire et le désarmement de la résistance palestinienne — des conditions jugées inacceptables par plusieurs factions. L’entité sioniste estime que 48 Israéliens sont encore captifs à Ghaza, dont une vingtaine seraient vivants. En revanche, plus de
11 100 Palestiniens demeurent enfermés dans les prisons israéliennes, soumis à la torture, à la faim et à la négligence médicale. Plusieurs d’entre eux ont trouvé la mort dans des conditions qualifiées d’inhumaines par des organisations de défense des droits humains. Depuis le 7 octobre 2023, les bombardements israéliens ont provoqué la mort de 67 160 Palestiniens et blessé 169 679 autres, majoritairement des femmes et des enfants. À cela s’ajoute une famine organisée qui a déjà coûté la vie à 460 personnes, dont 154 enfants. La ville de Ghaza, jadis dense et vivante, n’est plus qu’un champ de ruines encerclé, où chaque souffle d’air est mêlé de poussière et de peur. Les explosions qui déchirent son horizon rappellent que le monde, malgré ses promesses, regarde encore une fois sans agir face à l’impensable. La guerre se prolonge, mais la résistance, elle, demeure — dans les ruines, dans les abris, dans les regards des survivants qui refusent de s’effacer.
Les négociations indirectes entre la résistance palestinienne et l’entité sioniste ont repris hier dans la ville égyptienne de Charm el-Cheikh, sous médiation du Caire, dans l’espoir de parvenir à un accord de cessez-le-feu durable à Ghaza après des mois d’offensive dévastatrice. Selon des sources proches des pourparlers, les discussions, entamées lundi soir, ont été qualifiées de « positives » et marquent une étape importante dans le cadre des efforts régionaux et internationaux pour mettre fin à la guerre.
Deux sources familières des négociations ont indiqué que la première séance, tenue lundi soir, s’est prolongée sur près de quatre heures. Elle a permis de tracer une « feuille de route » et de discuter des « mécanismes » du dialogue à venir. Ces échanges, bien que menés de manière indirecte entre les délégations palestinienne et israélienne, sont supervisés par les services de renseignement égyptiens, garants de la médiation. L’un des responsables impliqués dans le processus a précisé que les points centraux abordés concernent la question des prisonniers — incluant les modalités de libération des détenus israéliens, vivants ou morts, en échange de prisonniers palestiniens parmi lesquels figurent des dirigeants politiques et des cadres de la résistance. Les cartes de retrait des forces d’occupation de la bande de Ghaza, ainsi que les conditions d’entrée de l’aide humanitaire, font également partie des priorités des discussions. Un autre médiateur a révélé que la résistance palestinienne a exigé l’arrêt immédiat des bombardements, la suspension des vols de reconnaissance et le retrait des troupes israéliennes des centres urbains afin de faciliter les contacts avec les groupes détenant des prisonniers et de garantir la sécurité des opérations d’échange. Selon cette même source, la résistance a réaffirmé sa disposition à conclure un accord global, à condition qu’il soit assorti de garanties internationales, notamment américaines. Néanmoins, elle anticipe « des négociations ardues sur les détails », en raison des divergences persistantes sur le rythme du retrait israélien et les mécanismes de supervision.
Le Caire en première ligne pour la paix
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel Aaty, a confirmé mardi matin que l’Égypte « progresse de manière significative » dans ses efforts pour mettre fin à la guerre à Ghaza. Lors d’une conférence de presse tenue au Caire avec la cheffe de la diplomatie slovène, Tanja Fajon, il a précisé que les discussions de Charm el-Cheikh portent sur la création d’un « mécanisme sécuritaire » garantissant le retrait complet et définitif des troupes israéliennes du territoire palestinien. Abdel Aaty a ajouté que les pourparlers visent également à instaurer un accès « total et inconditionnel » de l’aide humanitaire à travers les canaux des Nations unies, ainsi qu’à consolider un « processus de paix juste » fondé sur la solution à deux États et la réunification de la Cisjordanie et de Ghaza sous une même autorité palestinienne. Il a exprimé l’espoir que cette nouvelle phase de négociations permette de « mettre fin à la guerre, à la famine et à la souffrance du peuple palestinien ». Le ministre a également indiqué que son pays prépare, en coordination avec ses partenaires internationaux, un conférence pour la reconstruction du territoire, tout en saluant la proposition américaine présentée par le président Donald Trump concernant un règlement global autour de Ghaza.
Des négociations sous haute surveillance internationale
Les pourparlers de Charm el-Cheikh se déroulent dans un contexte d’extrême tension, alors que les forces israéliennes poursuivent leurs opérations militaires dans plusieurs secteurs de Ghaza malgré la pression internationale croissante. Le côté palestinien cherche à obtenir des garanties fermes pour éviter la répétition des violations israéliennes d’accords antérieurs de cessez-le-feu.
En parallèle, Washington, par la voix du président Trump, a déclaré que les discussions avec la résistance palestinienne progressaient « à un rythme rapide et très prometteur ». Cette affirmation, bien qu’accueillie avec prudence par les diplomates régionaux, traduit la volonté américaine de s’impliquer dans la stabilisation d’une région où l’équilibre géopolitique demeure fragile.
Les délégations devraient reprendre leurs échanges ce mardi après-midi, selon les sources égyptiennes. Si aucun calendrier officiel n’a été communiqué, plusieurs observateurs estiment que le Caire tente de sceller, d’ici la fin de la semaine, un accord cadre incluant un cessez-le-feu durable, un échange de prisonniers et la mise en place d’un mécanisme de supervision internationale. À ce stade, le mot d’ordre du Caire semble clair : stabiliser Ghaza, rétablir la confiance et ramener la question palestinienne au centre de la diplomatie régionale. Le succès de ces discussions pourrait marquer un tournant, non seulement pour les habitants de Ghaza, mais pour l’équilibre politique du Moyen-Orient tout entier.
M. Seghilani