Alors que depuis le 22 février dernier, avec l’entrée en force, pacifiquement, du mouvement populaire, à travers le pays, sur la scène politique, a bousculé la donne politique et donc les lectures politiques des uns et des autres, cette mobilisation pacifique, dans une ambiance festive, drapée par les couleurs nationales, de plus de 22 millions de citoyennes et citoyens, marquant, hier, son sixième vendredi, réaffirme que les aiguilles du temps politique, indiquent qu’il est venu le temps du changement du système politique en place, pour l’édification d’un État de droit.
Depuis six vendredis, c’est dans une ambiance que le peuple algérien a tenu et voulu qu’elle soit pacifique et festive, pour exprimer ses aspirations et revendications, que la vie politique a repris tout son sens, dans le pays, au regard des évènements survenus, depuis le 22 février dernier, sur la scène politique, les décantations opérées et celles en cours, outre l’image et le message envoyés à l’opinion internationale et plus particulièrement à l’adresse de Paris comme de Washington, les avertissant de ne pas s’ingérer dans les affaires internes du pays.
La mobilisation pacifique populaire est arrivée, non pas seulement à faire entendre sa voix, mais au-delà, elle s’est imposée sur la scène politique, en «acteur politique majeur et incontournable» comme l’a souligné l’ancien ministre et diplomate Mohamed Laïchoubi, lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale chaîne III, affirmant que cette mobilisation populaire «a fait preuve de maturité et de responsabilité.» C’est tout simplement en puisant dans leur culture profonde que plus de 22 millions d’Algériens et d’Algériennes, à travers le territoire national, manifestent par des chants, des slogans, des espaces dédiés à la musique, des toiles de peintures invitant l’expression libre de tout manifestant (e) passant par là, des chansons populaires enfuies dans la mémoire collective, surgissant pour être reprises et adaptées à leurs slogans, notamment phares, selon toute nouvelle donne, précédant chaque vendredi, outre la confection de pancartes montrant les monstres du cinéma algérien, quand celui-ci était à son apogée, pour ne citer, que Rouiched, l’Inspecteur Tahar et son apprenti, Ouardia, Ariouet… Et le plus édifiant, cette bataille pacifique du peuple algérien pour faire aboutir ses revendications politiques, pour un changement du système politique en place, c’est l’hommage rendu aux martyrs de la Révolution de novembre 54, à travers les centaines de portraits, de Larbi Ben-Mehidi, Hassiba Benbouali, Si El Haouès, Abane Ramdane, Amirouche, Ali La Pointe, Lotfi, le Petit Omar, et tant d’autres, et à travers eux, un hommage au un million et demi de nos martyrs.
Un message du peuple, qui se voulait, comme nous l’a exprimé un des manifestants, rencontré vendredi 8 mars dernier à Alger, pour « montrer notre détermination à vouloir aller sur la voie de la construction d’un État de droit, et de l’idéal pour lequel nos martyrs sont tombés » pour une Algérie, a-t-il poursuivi « indépendante, républicaine, populaire et démocratique» nous a déclaré, un jeune étudiant, venu de Constantine, pour prendre part, à Alger, au troisième vendredi, du mouvement populaire pacifique, qui vient de marquer hier, son sixième vendredi, par l’appel au respect de la Constitution, par l’application de l’Article 07.
Alors que les débats les échanges et les discussions ont rythmé, à ce jour, la mobilisation des manifestants, à travers le pays, notamment celles des différentes autres marches et manifestations, entre deux vendredis, comme c’est le cas du monde universitaire, exprimant, les mardis, être partie prenante du mouvement populaire pacifique. On assiste, ces derniers jours, à de nouvelles questions que relèvent certains acteurs de la scène politico-médiatique, sur des interrogations sur la pertinence ou non du caractère festif de la mobilisation populaire, alors que celui-ci a imposé son rôle outre qu’il a et continue de bousculer les positions de la classe politique et des responsables, au plus haut niveau, dont notamment avec l’annonce du Chef de l’état-major, la semaine passée, par son appel à l’application de l’article 102.
Ce qui nous amène à s’interroger, à qui profitent ses questionnements sur la portée ou non de l’usage d’expression pacifique de revendications politiques, alors que depuis le 22 février, le temps et le cours des évènements ont donné raison à l’action du peuple et aussi aux choix des moyens et des voies de son expression pacifique, à ce jour.
Karima Bennour