Il semble que l’auguste Retailleau, n’a comme programme politique que la haine de l’Algérie. Bercé dès son jeune âge par les chants des brigades coloniales et de l’OAS repris en chœur par les nostalgiques de l’Algérie française, il ne rate aucune occasion pour verser dans un terrain qui est loin d’être son domaine d’action à savoir les relations de la France avec un pays souverain qu’est l’Algérie.
C’est la haine et la rancœur qui le fait réagir mettant dans la gêne son président de la République, son chef du gouvernement et même son collègue des affaires étrangères qui ne s’est pas empêché de le recadrer dernièrement.
Ce ministre du gouvernement Bayrou, accuse le consulat d’Algérie de Toulouse d’avoir délivré des passeports à des clandestins, tout en annonçant que ces documents ne seront pas reconnus quand il s’agir d’établir des titres de séjour en France. C’est trop gros comme argument pour casser le sucre sur le dos de l’Algérie, il a critiqué l’absence de réciprocité d’Alger et proposé des mesures contre des responsables algériens.
Pour la gouverne de Retailleau l’Algérie a parfaitement le droit de délivrer des passeports à ses ressortissants via ses consulats. C’est un document administratif algérien de voyage, pas un titre de séjour dont la gestion par les représentations algériennes en France ne relève en aucun cas des dispositions de l’accord de 1968 ou encore de 1994. C’est une question qui relève de la souveraineté algérienne et elle n’a, en aucune façon, l’obligation de consulter le gouvernement français pour le délivrer à ses ressortissants légalement installés dans ce pays ou clandestins. Et comble de l’ignorance, le Retailleau verse dans la contradiction car sans un passeport valide, qui est un document de voyage, il ne pourra pas expulser vers l’Algérie les individus frappés d’OQTF. Il a également dénoncé l’absence de réciprocité dans les relations avec l’Algérie, critiquant le refus d’Alger de reprendre certains de ses ressortissants sous OQTF. Or il sait pertinemment que sur ce dossier des accords bilatéraux aussi bien de 1968 que 1994, l’Algérie a parfaitement le droit d’exiger le respect des procédures légales et le recours aux canaux consulaires. Et sur ce point, il a déjà été recadré et désavoué par la justice française pour ses procédures illégales d’expulsion.
Il ne rate aucune occasion pour verser son fiel sur l’Algérie. En mars dernier, l’Algérie avait rejeté une liste de 60 ressortissants à expulser proposée par la France, exigeant le respect des canaux consulaires habituels. La France a riposté en suspendant l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques algériens, une mesure entrée en vigueur en avril. Bruno Retailleau critique la diplomatie française, jugée trop conciliante, et plaide pour un « changement de ton » et un rapport de force plus affirmé avec Alger. Et c’est encore une intrusion dans un domaine qui ne relève pas de ses prérogatives. Il met à mal son chef du gouvernement, son collègue des affaires étrangères et même son président de la République.
Au lieu de faire de l’Algérie son souffre-douleur, Retailleau devrait s‘intéresser à l’avenir du gouvernement de François Bayrou qui est menacé par deux motions de censure, l’une du nouveau front populaire et l’autre de son allié le Rassemblement national. Mardi dernier François Bayrou avait présenté en conférence de presse un paquet de mesures drastiques pour réduire le déficit public et faire 43,8 milliards d’euros d’économies en 2026. L’ensemble de ces propositions doivent encore être débattues au Parlement cet automne, dans le cadre du vote sur le projet de loi de finance. Il a également proposé dans son programme la suppression de deux jours fériés (lundi de Pâques et 8 mai), une « année blanche » sur les prestations sociales ou encore le doublement de la franchise sur le remboursement des médicaments. Et ce sont ces sujets qui auraient dû constituer le cheval de bataille de Retailleau. Il aurait dû utiliser son énergie à trouver comment convaincre les français à vivre sous le régime d’une austérité non assumée et comment les pauvres paieront plus d’impôts et les riches feront plus de bénéfices. Ce sont ces sujets qui intéressent les français pas ses provocations à l’égard d’un pays souverain qui l’entend pérorer sans y prêter attention. Et en attendant, en France les paris sont ouverts sur la longévité du gouvernement Bayrou qui risque de passer à la trappe dès la prochaine rentrée parlementaire et Retailleau avec.
Slimane B.