Le 89e jour d’agression israélienne contre la ville et le camp de Jénine s’est ouvert hier dans un climat de violence extrême, marqué par la poursuite des opérations de destruction, d’incendie de maisons, de déportation de civils et de militarisation de quartiers entiers transformés en zones de guerre.
L’occupant sioniste continue de renforcer son emprise sur cette région emblématique de la résistance palestinienne, avec un acharnement méthodique qui évoque les pires heures du colonialisme militaire. Au lever du jour, les forces d’occupation ont mené de nouvelles incursions dans plusieurs villages situés à l’ouest de Jénine, notamment à Kufeir et Al-Hashimya. Les blindés et les bulldozers ont été déployés massivement dans les rues, accompagnés de colonnes de véhicules militaires. La route reliant Burqin à la localité de Al-Manshya a été entièrement détruite par les engins de l’armée, isolant davantage la région. L’armée israélienne, qui agit en toute impunité, a poursuivi ses opérations autour du camp de Jénine, installant des remblais de terre à l’entrée nord, notamment à proximité de la mosquée de Tawabeh, tandis que les drones de surveillance bourdonnent sans relâche dans le ciel. Des citernes de carburant ont été acheminées depuis le checkpoint de Jalameh, en prévision d’une intensification de la présence militaire. Les déplacements de civils sont entravés, voire impossibles. Un jeune homme a été arrêté alors qu’il circulait en moto près de Nazlat Zeïd, à l’ouest de Jénine, avant d’être relâché après plusieurs heures d’interrogatoire. Le gouverneur de Jénine, Kamel Abou Rab, a confirmé que plus de 21 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l’offensive. Dans la seule ville de Jénine, 6 000 déplacés vivent dans des conditions précaires. La cité universitaire accueille actuellement 3 200 personnes, tandis que la commune de Burqin héberge 4 181 autres. Des initiatives locales tentent d’apporter une réponse d’urgence. Le ministère palestinien des Travaux publics prévoit l’installation de 32 unités d’habitation mobiles dans la région de Wadi Burqin, chaque module pouvant héberger cinq personnes. Mais ces mesures restent très en deçà des besoins. Pendant ce temps, les soldats sionistes poursuivent leurs entraînements militaires aux abords du camp évacué, tirant à balles réelles et imposant un climat de terreur. Depuis le début de cette agression contre Jénine et son camp, 38 martyrs sont tombés, et des dizaines d’autres ont été blessés ou arrêtés.
Nouvelle étape franchie dans l’escalade
Parallèlement à cette violence continue à Jénine, la situation à ElQods occupée ne cesse de se dégrader. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a lancé samedi une alerte grave concernant la diffusion de contenus par des organisations coloniales extrémistes israéliennes appelant à la destruction de la mosquée Al-Aqsa pour y construire leur prétendu « troisième temple ». Un clip généré par intelligence artificielle circulant sur les plateformes d’extrême droite israélienne met en scène l’explosion d’Al-Aqsa, accompagnée du slogan : « L’an prochain à Jérusalem reconstruite ». Ce montage scandaleux, dans un contexte de guerre génocidaire contre les Palestiniens, est interprété comme une incitation directe à l’escalade contre les lieux saints de l’Islam et du Christianisme dans la ville occupée. Selon la diplomatie palestinienne, cette rhétorique s’inscrit dans un plan d’ensemble visant à judaïser El Qods, encouragé par un gouvernement sioniste d’extrême droite qui bénéficie d’une tolérance coupable de la part des grandes puissances. « Le silence international face aux massacres à Ghaza a libéré les mains de l’extrême droite israélienne », a déclaré le ministère dans un communiqué. Hier, jour du « Samedi de la lumière », célébré par les chrétiens d’Orient, la ville d’ElQods a été transformée en véritable caserne militaire. Des checkpoints ont été installés dans toute la vieille ville, notamment à Bab al-Amoud, restreignant l’accès à l’Église du Saint-Sépulcre. Des milliers de fidèles ont été empêchés de rejoindre les lieux saints. Les autorités d’occupation n’ont autorisé l’entrée que de 6 000 chrétiens de Cisjordanie, alors que leur nombre total est estimé à 50 000. Pour la deuxième année consécutive, les cérémonies de la Semaine sainte ont été réduites au strict minimum. Les processions et les célébrations de Pâques ont été annulées, reflet d’une liberté religieuse piétinée.
Sous le feu des colons
Dans un climat d’impunité croissante, les colons armés multiplient les agressions contre les communautés palestiniennes. Ce samedi, des milices de colons ont envahi la localité bédouine de Ras Aïn Al-Ouja, près d’Ariha, semant le chaos parmi les habitants. Ils ont laissé paître leurs troupeaux dans les habitations, détruit des biens et menacé les familles. Des actes similaires ont été signalés dans le nord de la vallée du Jourdain, où des colons ont saboté des installations agricoles et volé des équipements. Selon l’Autorité palestinienne de lutte contre le mur et la colonisation, 60 nouvelles colonies sauvages ont vu le jour en Cisjordanie depuis le début de la guerre sur Ghaza, dont 51 en 2024. Ces attaques ont entraîné le déplacement forcé de 29 communautés palestiniennes, soit 311 familles représentant près de 2 000 personnes.
Alors que l’acharnement s’intensifie en Cisjordanie occupée, l’occupation poursuit sa guerre d’extermination à Ghaza depuis plus de 18 mois. Plus de 167 000 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été tués ou blessés, et plus de 11 000 restent portés disparus, ensevelis sous les décombres. L’appui militaire, diplomatique et logistique des États-Unis à cette guerre ne laisse aucun doute sur la complicité active des puissances occidentales dans cette catastrophe humaine sans précédent. Face à cette réalité, les appels de la diplomatie palestinienne à la communauté internationale se font plus pressants. Elle exhorte les Nations unies et les institutions internationales à faire respecter le droit international, à mettre fin à l’impunité d’Israël, à garantir la protection du peuple palestinien, et à faire barrage aux plans de judaïsation d’El Qods. Tant que la communauté internationale fermera les yeux sur les crimes en cours, l’occupant continuera à imposer sa domination sanglante sur le peuple palestinien, dans l’ombre d’un génocide silencieux et sournois.
M.Seghilani