Le SG du FLN réunira aujourd’hui, en son siège à Hydra (Alger), ses conseillers en communication actifs dans les différentes structures locales – mouhafadhates – pour mettre en place une nouvelle stratégie de communication. Tous les partis auraient compris l’importance d’une bonne stratégie de communication dans un pays où foisonnent les partis, assez souvent en course derrière les postes de responsabilité politique et électorale. Ce n’est pas nouveau, les formations s’adaptent à la nouvelle tendance des technologies de l’information en cours, où l’on voit un penchant vers le mode 2.0 s’emparant de la jeune militance. À ce titre, même s’il se sait jouir d’un statut de leader, le FLN ne veut visiblement pas laisser place à la surprise. C’est ainsi que le parti de la majorité planche sur l’élaboration d’une nouvelle stratégie de communication où il devrait mettre un accent particulier sur les réseaux sociaux et l’intégration des nouvelles technologies pour valoriser son image politique. Le SG du parti, Djamel Ould Abbès, devrait présenter, aujourd’hui, les grandes lignes de sa stratégie de communication à l’approche d’un rendez-vous très important pour la nation qu’est l’élection présidentielle de 2019. Les animateurs des pages spécialisées du parti sur les réseaux sociaux seront les vedettes de cette rencontre. Précisément, cette stratégie portera sur la promotion du bilan des réalisations du président Bouteflika – qui est également président honorifique du parti – depuis son arrivée au pouvoir en 1999. Un mois avant la rencontre du Comité central, Ould Abbès redouble d’efforts aussi bien en interne qu’en direction de l’extérieur. La semaine dernière, il a lancé la coordination «Génération Bouteflika», composée de jeunes étudiants syndiqués dans les différentes organisations affiliées au parti et en présence dans les universités du pays. L’homme qui se proclame «l’œil et l’oreille du Président» avait promis de tout faire pour convaincre Bouteflika à rempiler pour un autre mandat, à peine la dernière année de sa mandature est entamée. «Nous implorons Dieu afin qu’il nous donne de la force à convaincre le Président de poursuivre sa mission», a-t-il rebondi sur la question depuis la wilaya d’Oran. Jusque-là, le président Bouteflika ne s’est pas encore prononcé sur ses intensions à propos des élections présidentielles de 2019, mais pour Ould Abbès et le FLN, c’est comme si chose faite, puisqu’il compte prendre les devants et se lancer d’ores et déjà dans l’opération de «glorification» du bilan du Président. Faire appel à la langue des chiffres pour jeter la lumière sur les réalisations présidentielles dans tous les secteurs d’activités et faire un retour rétrospectif sur la Charte pour la Paix et la réconciliation comme résultat de la sécurité et la stabilité en prévalence dans le pays. Pour ce faire, une commission se penche sur l’évaluation et le recensement de ces réalisations durant les 4 mandats cumulés à la tête de l’État. «Les grands projets réalisés dans divers domaines sont des acquis qui nous concernent en tant que parti participant au pouvoir», se défend le SG du FLN. «Un capital précieux», qualifie-il ces réalisations, à chaqu’une de ses rencontres avec les militants dans les wilayas du pays. En toile de fond, ce «capital», Ould Abbès l’utilise aussi comme «un fonds propre» pour se défendre des attaques à son encontre de l’intérieur et de l’extérieur du parti. Il dénonçait ainsi «l’ingratitude de certaines voix», ceux qui veulent «escamoter» les réalisations du président de la République. Une allusion aux partis de l’opposition qui pointent du doigt la crise économique comme «résultat» du bilan de Bouteflika. «L’opposition en Algérie est infectée par le syndrome d’Alzheimer », réplique Ould Abbès. Quant au rapport sur le bilan du Président, le document final sera présenté lors de la prochaine session du Comité central, prévue juin prochain. Une programmation qui n’a rien de coïncidence, estiment les détracteurs de Ould Abbès. D’une pierre deux coups et en «bon» tacticien, l’homme fort du FLN ferme le jeu devant les frondeurs du parti. En cause, cette rencontre sera «exclusivement» consacrée au bilan du chef de l’État. Une sorte d’échappatoire pour éviter de tomber en disgrâce auprès du CC. Auparavant déjà, il aurait réussi à échapper au «complot» des Baha Eddine Tliba et consorts, suivi des attaques du sénateur Abdelwahab Benzaïm, lequel «a manqué» au respect de la ligne du parti. En tout cas, tous ont tenté de lui voler la vedette pour mener «une campagne» en faveur de Bouteflika. Un mouvement de désobéissance vite réprimé par Ould Abbès en brandissant la menace de la commission de discipline. Donc, en décidant aujourd’hui de concevoir une stratégie de communication sur les réseaux sociaux, Ould Abbès part en conquistador sur le terrain pour prendre le dessus sur ses adversaires.
Hamid Mecheri