Après la récente cérémonie des Oscars qui a couronné Alejandro Gonzaález Iñárritu, la prestigieuse académie est en plein questionnement: pour l’oscar du meilleur film, doit-elle garder dix nominations ou revenir à cinq? Alors qu’une partie de l’académie souhaite revenir à un maximum de cinq nominations pour la catégorie du meilleur film, invoquant le prestige de l’image, l’autre camp veut continuer avec dix afin de booster les audiences. Il y a cinq ans seulement, l’académie des Oscars prenait une décision majeure: le nombre d’œuvres nommées chaque année à l’Oscar du meilleur film passait de cinq à dix. Les autres catégories, quant à elles, restaient inchangées. Une décision qui s’explique essentiellement par un souci de rendre la cérémonie plus populaire, de booster les audiences télévisées. Cependant, selon le Hollywood Reporter, la cérémonie pourrait très prochainement revenir à son ancienne politique de nominations. Manifestement, une grande partie du conseil d’administration aurait fait savoir que ce changement entrepris en 2010 était sans aucun doute «une erreur». La raison? Les nouvelles règles actuelles stipulant qu’une dizaine de films sont autorisés à être nommé à l’Oscar – il n’y en avait que huit en 2015 et neuf les trois années précédentes – diminueraient le prestige de la course à la statuette dorée, édulcorant l’image des candidats, rapporte le magazine consacré à l’actualité cinématographique. Dans l’autre camp, on pense billets verts. Les fervents défenseurs de la règle des dix montrent du doigt l’amoindrissement de téléspectateurs attentifs à la retransmission télévisée pour défendre leur opinion. Cette année, la chaîne américaine ABC, qui diffusait la cérémonie en direct depuis le Dolby Theatre, a constaté une chute d’audience de 15% par rapport à l’année 2014.
Néanmoins, les plaidoyers de cette récente stratégie aimeraient pouvoir continuer à équilibrer la balance afin de ne pas satisfaire uniquement les amateurs de cinéma d’auteur, mais également le public dit «populaire». Ils s’appuient notamment sur l’exemple de The Blind Side et American Sniper, respectivement nommés à l’Oscar du meilleur film en 2010 et 2015. Une chance qu’ils n’auraient jamais eu sans l’ouverture de la compétition à dix longs métrages, précise un porte-parole de l’académie au Hollywood Reporter. Pourtant, ils auraient permis à la cérémonie d’élargir son audience à un auditoire qui n’aurait pas songé à allumer sa télévision sans la présence de ces deux œuvres très «masculines» dans la course. Récemment, les films oscarisés ont connu un net recul au box-office par rapport à ceux des années 1980 et 1990. Une baisse qui s’explique par la nouvelle politique de l’Académie, préférant saluer des films de moins en moins académiques et plus axés sur le modèle du nouveau cinéma d’auteur américain, à l’image de Birdman. Si les longs métrages récompensés par Hollywood ne font plus recettes comme autrefois, le label «Oscar», en revanche, a tendance à être gage de succès auprès de la critique internationale. L’Académie va-t-elle revenir à un maximum de cinq nominations à l’Oscar du meilleur film ou plafonner à dix, pour donner une nouvelle impulsion aux audiences télévisées? Carte blanche au film d’auteur ou place au blockbuster? Un grave dilemme…