À peine confirmé nouvel ambassadeur des États-Unis d’Amérique à Tunis par le Sénat américain, à l’issue d’un vote effectué jeudi, le 21 décembre, le très controversé diplomate américain, Joey Hood, est déjà déclaré persona non grata en Tunisie par nombre de partis politiques tunisiens et autres organisations, appelant le président tunisien Kaïs Saïed à refuser son accréditation dans le pays, rapportent des médias tunisiens. Et pour cause : Proposé depuis le mois de mai dernier par le président américain Joe Biden au poste d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire – Un grade le plus élevé de la carrière diplomatique- le diplomate américain déjà indésirable a, en détaillant en juillet dernier devant la commission sénatoriale des relations extérieures du Sénat américain les grands axes de son action future en Tunisie, clairement affiché sa volonté à soutenir la campagne de normalisation avec Israël dans la région.
«La normalisation des relations avec Israël, notamment par le biais des accords historiques d’Abraham, a conduit à une plus grande paix et sécurité dans la région et approfondi les possibilités d’expansion économique et de la productivité. Je soutiendrais de nouveaux efforts pour normaliser les relations diplomatiques et économiques avec l’État d’Israël dans la région.» a déclaré le diplomate US face un pays qui a pourtant toujours refusé un quelconque rapprochement avec l’Etat sioniste. Poussant encore le bouchon plus loin, le diplomate US ne s’est pas gêné de s’immiscer ouvertement dans les affaires internes du pays voisins affirmant que «Si je suis confirmé, j’utiliserais tous les outils d’influence américaine pour plaider en faveur d’un retour à la gouvernance démocratique et pour atténuer les souffrances des Tunisiens à cause de la guerre dévastatrice de Poutine, de la mauvaise gestion économique et des bouleversements politiques. Ces déclarations ont suscité la levée de boucliers des associations et autres mouvements politiques en Tunisie. Déjà le mois d’août dernier, soit quelques jours après les déclarations de M. Hood, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, avait dénoncé le forcing du representant américain en Tunisie, Joey Hood, qui, selon le chef de la centrale syndicale tunisienne, «veut imposer à la Tunisie la normalisation (avec Israël, ndlr)», rappelant que la souveraineté de son pays est intouchable. La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a, de son côté, appelé le président de la République, Kaïs Saïed à refuser les lettres de créance de cet ambassadeur suite à ses déclarations favorables à la normalisation avec l’entité sioniste et son ingérence directe dans les affaires de la Tunisie. Les autorités tunisiennes avaient également condamné ce qu’elles ont qualifié alors d’ingérence dans les affaires internes du pays, rappelant pour qui veut l’entendre que la Tunisie est un pays indépendant et souverain. C’est dans ce sens d’ailleurs que s’inscrit la démarche de ces parties politiques et autres mouvements qui reviennent ainsi à la charge après l’officialisation de cet ambassadeur à son nouveau poste à Tunis.
Il est à rappeler que M. Hood a occupé le poste de sous-secrétaire d’Etat, adjoint principal au bureau des affaires du Proche-Orient, relevant du département d’État des États-Unis, à Dhahran, en Arabie saoudite. Etait également directeur adjoint et par intérim du bureau des affaires iraniennes au bureau des affaires du Proche-Orient du département d’État. Il a, également, été responsable des affaires publiques de l’ambassade des États-Unis à Doha au Qatar et chef de la section politique et économique de l’ambassade US à Sanâa au Yémen.
Brahim Oubellil