À défaut de digérer le revers essuyé des élections partielles du Conseil de la nation, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, se tourne désormais vers le projet de la révision de la Constitution, pour y trouver réconfort à partir des «avancées consacrées», rendues possibles, selon lui, aux amendements apportés par son parti.
Ainsi, dans une conférence de presse animée hier à son siège à Hydra (Alger), le patron de l’ex-parti unique est revenu sur la question de la désignation du Premier ministre, en employant, une fois n’est pas coutume, un ton modéré. Mais, il n’a pas manqué d’adresser une pique à Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet auprès de la présidence de la République, lequel avait présenté avant-hier la mouture de l’avant-projet de la Loi fondamentale du pays. «Il me semble qu’il (Ouyahia, ndlr) s’est exprimé en qualité de président de la République», a répliqué précipitamment Saâdani, à une question portant sur la revendication phare du FLN, qui réclame un Premier ministre issu de la majorité électorale. Ceci, pour dire que la tête de l’Exécutif fait raviver la convoitise du leader du FLN. Mais, il semblerait que Saâdani est enclin à revoir à la baisse ces ambitions, qu’il n’a cessé pourtant de rouspéter à coup de déclarations surprenantes, dans la foulée de ses sorties publiques, à chaque fois que l’occasion lui a été donnée de s’adresser à la presse. Mieux encore, pour justifier cette position sortie au grand jour, il a indiqué que la proposition en elle-même émane de sa formation politique, et figure parmi une liste composée d’une vingtaine d’amendements de fond introduits dans ce texte de loi, durant la période des consultations, dont 17 sont retenus dans la mouture de ce projet, a-t-il fait savoir. A la question précisément de savoir qu’elle en serait la réaction du FLN si jamais le poste de chef de l’Exécutif reviendrait à un autre parti, non moins important que le sien, le RND à titre d’exemple, Saâdani a fait appel à des moyens pas-peu détournés pour s’extirper de son embarras.
En effet, pour lui, toute décision prise par le président de la République, à qui revient-il le droit de nommer à sa guise le Premier ministre, est incontestable, de par les prérogatives que lui confère la loi. Un état de fait, donc, assez convaincant pour que le FLN accepte une décision, qui plus est, elle émanerait de la personne même du président de ce parti, Abdelaziz Bouteflika notamment. «Bouteflika est issu de la majorité. Non seulement il va désigner le Premier ministre mais il va nous consulter avant de le faire», a-t-il tenu comme argument pour s’adjuger d’un satisfécit ambiant. Pour le reste de sa communication, l’homme fort du FLN n’a pas manqué de jubiler quant aux dispositions apportées dans le projet de la Constitution. Selon lui, son parti n’en sera que «fier», d’autant plus que nombre de questions qu’il a proposées ont été prises en compte dans ce projet. Ainsi, aux problématiques posées en matière de démocratie, de l’Etat de droit ou encore celle ayant trait à la mise en place d’un Etat civil, Saâdani estime que la mouture du texte de loi de Bouteflika en réserve à plus d’un titre une bonne part de réponses.
Farid Guellil