Soixante-trois ans après, la France d’aujourd’hui continue à être hantée par les essais nucléaires que ses forces armées avaient commis en Algérie entre février 1960 et février 1967, dans la région de Reggane le massif du Hoggar. Malgré leur gravité, ces crimes coloniaux demeurent impunis et leurs préjudices non réparés. Une situation de déni qui pousse, en ces temps des grands bouleversements géostratégiques dans le monde, à remettre le dossier sur le tapis.
Autrement que l’interrogation de l’Algérie demeure de savoir, si les 17 essais nucléaires aériens et souterrains opérés par l’ancienne puissance coloniale seront, un jour, reconnus comme crimes contre les Algériens, par les autorités françaises ! « Nous demandons à ce que la France vienne nettoyer les sites des essais nucléaires, à Reggane et Tamanrasset, où la pollution est énorme. Nous souhaitons aussi qu’elle prenne en charge les soins médicaux dont ont besoin les personnes sur place», a exigé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors d’un entretien accordé au journal français le Figaro et paru fin décembre 2022.
On ne sait dans quel contexte la question est abordée, mais le sujet a été, en tout cas, abordé, à partir d’Alger, par le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev, en visite ce lundi dans notre pays, où il a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune et le chef d’État-major de l’ANP Saïd Chengriha. Pour le proche conseiller du président russe, « il faut rappeler au monde les conséquences des essais nucléaires que la France a réalisés dans les années 1960 en Algérie, provoquant la contamination de la région. »
Reprenant le journal russe « Rossiskaïa Gazeta », le site d’information « Sputniknews de l’agence de presse russe cite les propos de Nikolaï Patrouchev. « Je crois que, tous ensemble, nous devons rappeler à la communauté internationale ces sujets et d’autres sujets similaires, car il n’y a pas de délai de prescription pour de tels crimes », a estimé le haut responsable sécuritaire de Moscou.
En effet, à rappeler que les 17 essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien se sont soldés par la contamination de centaines de milliers de personnes vivant à proximité des sites et lesquelles souffrent de cancers et de malformations congénitales causés par les radiations. À ce titre, Patrouchev évoque des « anciennes méthodes du colonialisme » que l’Occident cherche, aujourd’hui, à faire « renaître d’anciennes méthodes du colonialisme » via « la stratégie de l’étouffement des États indésirables ».
Comme pour lui rendre hommage, Patrouchev rappelle que « Le peuple algérien a été l’un des premiers à renverser le joug colonial et à montrer un exemple réussi de lutte pour la liberté. Les Algériens le comprennent mieux que personne: quelle que soit la forme que prend le colonialisme, il amène toujours le mal ». Il a d’ailleurs estimé que « l’ingérence grossière » de l’Occident avait fait de l’Afrique et du Moyen-Orient l’une des régions les plus instables et « chaudes » du monde. Et de conclure que « Les foyers de tension qu’ils ont créés subsistent: par exemple, en Libye, au Yémen, en Irak, en Syrie et dans d’autres pays. Cela contribue à son tour à la propagation du terrorisme, des armes et de la drogue. »
Farid Guellil
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