Les élections présidentielle et parlementaire au Nigeria, qui devaient se tenir le 14 février, ont été reportées de six semaines pour des raisons de sécurité dans le pays, a annoncé la commission électorale à Abuja. Elles sont désormais fixées au 28 mars. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (INEC), Attahiru Jega, a expliqué devant la presse, vers 23h00, avoir donné suite à une requête des responsables de la sécurité. Ces derniers ont jugé «déraisonnable» de maintenir la date des scrutins au 14 février, alors que les forces de défense ne seraient pas disponibles pour assurer la sécurité du vote sur l’ensemble du pays. Les troupes sont engagées dans des opérations militaires contre le groupe islamiste armé Boko Haram, qui mène depuis six ans des attaques et enlèvements sanglants dans le nord-est du pays. Le conseiller national à la sécurité du Nigeria, Sambo Dasuki, avait demandé un report des élections de six semaines au moins. «Il y a un certain nombre de questions qui sont cruciales pour les élections, comme la sécurité qui n’est pas sous le contrôle de l’INEC», a dit M. Jega à l’issue de plusieurs rencontres à huis clos avec la classe politique, la société civile et les membres de l’organe électoral.
«Recul pour la démocratie»
Jusqu’à samedi, la commission électorale, sous forte pression, avait résisté aux demandes de report des scrutins qui se sont multipliées ces dernières semaines dans le pays, y compris au sein d’instances officielles. Elle avait assuré à plusieurs reprises être prête pour l’échéance du 14 février. Au total, 14 candidats sont en lice pour la présidentielle qui, selon plusieurs analystes, devrait se jouer entre deux favoris: le chef de l’Etat sortant Goodluck Jonathan, 57 ans, sous les couleurs du Parti démocratique populaire (PDP) et l’ex-général Muhammadu Buhari, 72 ans, en compétition pour le Congrès progressiste (ACP), principale formation de l’opposition. Avant la déclaration de M. Jega, le secrétaire national du PDP, Wale Oladipo, a assuré que sa formation se rangerait à la décision de l’INEC. Après l’annonce du report, l’APC a dénoncé dans un communiqué «un recul majeur pour la démocratie nigériane», promettant d’informer les Nigérians sur sa décision «dans les prochains jours».
Crainte de violences
Des analystes ont affirmé craindre que le report ne donne lieu à des violences politiques dans le pays où, en 2011, des troubles électoraux avaient fait un millier de morts.