Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, annonce avoir donné des instructions à ses cadres ainsi qu’aux directions de wilayas pour l’ouverture et l’organisation prochaine de marchés de la Rahma à travers le territoire national dédiés à la vente de bétail en coordination avec les services concernés en prévision de l’Aïd El-Adha.
Si cette démarche s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la spéculation et la hausse des prix, il faudra se demander si toutefois elle permettra d’atteindre les objectifs escomptés. En effet, le même département avait mis en place, faut-il le rappeler, il n’y a pas plus tard que le mois de Ramadhan passé ces marchés à travers le territoire national afin de casser la hausse des prix des produits de large consommation, mais force était de constater que ces chapiteaux étaient en deçà des attentes et étaient loin de répondre à la demande de la grande majorité des consommateurs. En plus de ne pas proposer des produits demandés et de qualité, il a été surtout constaté que la différence des prix n’était pas aussi grande comparant aux marchés ordinaires. En termes plus claires, la mise en place de ces chapiteaux durant le mois sacré passé n’avait pas permis d’atteindre les objectifs escomptés suscitant déception et désarroi chez les consommateurs qui se retrouvaient obligés de se rabattre sur les marchés ordinaires en dépit de la flambée vertigineuse des prix. Il est à noter que le ministre Rezig a également donné instruction pour l’ouverture de marchés similaires pour la vente de fournitures scolaires à des prix concurrentiels et ce sous la supervision des walis. Il a ordonné aussi les directeurs de commerce de « renforcer le contrôle des locaux commerciaux et d’intensifier les visites sur le terrain en mobilisant tous les moyens pour mettre fin aux pratiques commerciales douteuses préjudiciables à la santé du citoyen. À rappeler que ces mêmes consignes avaient été données avant et pendant le Ramadhan, sans que cela ne puisse freiner la spéculation ou stopper la hausse anarchique des prix tout au long de ce mois. Pour revenir à la décision d’organiser des marchés de Rahma pour la vente de bétail, il est donc légitime de se poser des questions sur le niveau de leur efficacité. En dépit, certes, de la bonne volonté des autorités à faire face au phénomène de la spéculation, à se demander si ces efforts pourront-ils sauver la vente des moutons de l’Aïd des interférences des barrons de l’informel qui ne ratent aucune occasion non seulement pour récolter d’énormes gains financiers sur le dos des consommateurs et de l’État mais frappent aussi l’économie nationale, par leur activité illégale et en noir, en échappant au système de fiscalité et des impôts.
Les éleveurs écartent « toute baisse » des prix
Comme pour confirmer nos propos, la fédération des éleveurs de bétail a fait savoir hier qu’il n’y aura pas de baisse des prix du bétail pour cette année. Bien au contraire, la fédération prévient contre une hausse sans précédent des prix en raison, prétexte-t-elle, de la baisse de la pluviométrie dans les zones steppiques et la hausse des prix du fourrage. Selon le président de cette organisation, Ibrahim Amrani, la tendance haussière des prix du bétail a commencé depuis le mois de mars dernier en raison, a-t-il souligné, de la hausse des prix du fourrage qui est passé de 3000 da le quintal à 5800 da. Toujours selon la même source, les prix les plus bas pour un mouton de taille moyenne oscillent cette année entre 38000 et 42 000 da. S’agissant de la démarche que compte adopter le ministère du Commerce à savoir l’ouverture des marchés Errahma pour la vente de bétail, Amrani espère que cela puisse être bénéfique pour les citoyens rappelant cependant que les éleveurs eux même sont en situation de crise appelant par la même les autorités à les «sauver».
Ania Nait Chalal