Depuis la première édition du festival panafricain en 1969, dédiée à la mise en place des fondamentaux du panafricanisme et à la réappropriation du patrimoine culturel africain, l’Algérie n’a eu de cesse d’œuvrer pour la sauvegarde du patrimoine du continent et l’affirmation de sa culture, une entreprise qui a donné naissance à de nombreuses structures et festivals qui font rayonner la culture africaine. Lors de ce grand rassemblement à Alger dédié au dialogue, à la confrontation et à la découverte des diversités culturelles africaines, la nécessité de créer des institutions et des festivals continentaux dont la mission est de protéger, financer et promouvoir le produit culturel africain, s’était naturellement imposée au sortir du colonialisme. C’est ainsi que des institutions comme la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci) et le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) ont vu le jour, avec l’optique de la libération culturelle et intellectuelle du continent. Avec l’adoption de la convention de 2003 pour la sauvegarde du pat rimoine culturel immatériel (PCI), l’Algérie, pionnière de la sauvegarde et de la recherche sur le PCI et en anthropologie, s’était engagée à prendre en charge les dossiers internationaux communs avec les autres pays du continent et de partager ses compétences pour une meilleure prise en charge de ce legs de l’humanité. Cet engagement s’était traduit pour la première fois avec le classement en 2013 des « Pratiques et savoirs liés à l’Imzad des communautés Touareg d’Algérie, du Mali et du Niger » qui était en voie de disparition dans les trois pays. Avec des têtes d’affiche comme la diva algérienne Warda El Djazairia, la Capverdienne Cesaria Evora, la Malienne Oumou Sangaré, le Guinéen Mory Kanté ou encore le Sénégalais Youssou N’Dour, le deuxième Panaf de l’histoire revient en Algérie en 2009, le seul pays à avoir assurer un événement culturel d’une telle envergure, et 40 ans plus tard avec le renouveau du continent en ligne de mire. A cette occasion, les anthropologues du continent s’étaient réunis pour étudier les voies de préservation du patrimoine culturel africain et le renforcement des compétences existantes.
Le Crespiaf et le Grand musée d’Afrique, les grands projets continentaux du patrimoine
Opérationnel depuis 2018, le Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique (Crespiaf), un centre régional placé sous l’égide de l’Unesco, est un point focal pour tous les anthropologues africains et un centre rassembleur d’échange de connaissances émanant de la Déclaration d’Alger, sanctionnant le colloque sur l’anthropologie africaine organisé en 2009. Le choix de l’Algérie était motivé par les rapports de faisabilité des experts dépêchés par l’Unesco et basés sur les critères de « l’importance de la densité patrimoniale, la politique publique et les textes juridiques de préservation du patrimoine, et l’existence d’institutions dédiées, de centres d’expertise et d’un potentiel important d’experts, chercheurs et enseignants ». Cette année le Crespiaf, le seul centre régional de l’Unesco dans le continent, a rassemblé à Alger des experts du patrimoine représentant les points focaux de l’Unesco dans 44 pays du continent pour une formation qui vise à améliorer les connaissances des experts chargés, entre autres, de la rédaction des rapports périodiques dans le cadre de la convention de 2003. Autre fruit du Panaf et des efforts pour le patrimoine du continent, l’Algérie a été mandaté par l’Union Africaine (UA) pour abriter et réaliser le futur Grand Musée d’Afrique, l’un des projets majeurs de l’agenda de l’UA pour l’année 2063, adopt é en conférence des ministres africains de la Culture en 2006. Ce projet, financé par l’Algérie, est conçu comme un pôle culturel prestigieux et un phare du rayonnement culturel du continent africain.