Dans un entretien accordé au Courrier d’Algérie, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le Dr Mohamed Yousfi, affirme qu’il faut absolument prendre en charge les conditions socioprofessionnelles des professionnels de la santé, et qu’un système de santé fiable ne sera possible qu’en adoptant un nouveau modèle de gestion. Pour notre interlocuteur, il y a urgence de concrétiser la volonté politique exprimée par le président de la République. Concernant l’augmentation des salaires, le Docteur Yousfi estime que pour l’application de cette initiative, il faudra avant tout statuer sur les statuts particuliers du secteur. « On parle de statuts particuliers, qui vont biensûr entraîner des augmentations, mais il faudrait régler d’abord le problème de ces statuts. L’annonce faite lors du dernier Conseil des ministres, c’est une annonce d’accélérer la révision des statuts particuliers, qui va aboutir biensûr à l’augmentation des salaires. Mais pour utiliser le mot qu’il faut, il n’y a pas dans le communiqué d’augmentation de salaire. Le président de la République a donné instruction pour que les statuts particuliers du personnel de la santé soient rapidement réglés, un dossier qui est en cours depuis pratiquement une année », a expliqué le syndicaliste, soulignant que, certes, le président de la République a exprimé sa volonté de remédier aux dysfonctionnements du secteur, mais que les travailleurs de la santé attendent toujours que ses annonces se concrétisent.
« En tant que professionnels de la santé, nous attendons des réformes profondes, tout le monde sait bien que depuis plusieurs années, le secteur de la santé est malade. Il y a des dysfonctionnements importants, bien avant le Covid, et la pandémie a encore aggravé les choses, ce à quoi il faudra remédier, c’est clair. On attend donc les solutions et le remède rapidement. Nous avons fait acte des décisions qui ont été prises au Conseil des ministres, mais nous attendons leur concrétisation rapide. Je rappelle que nous avons salué les annonces faites par le président de la République en 2020, concernant les spécialistes et les mesures incitatives pour le service civil, le Covid et les statuts particuliers, des annonces qu’il a renouvelé en 2021, mais…même le président…et même la presse, avait reconnu que le secteur de la santé et d’autres secteurs, ça traînait toujours. Notamment le secteur public, qui est considéré comme la colonne vertébrale du secteur de la santé, et nous sommes face à une hémorragie importante de spécialistes qui vont dans le secteur privé, ou à l’étranger, au détriment du secteur public », a-t-il ajouté.
« Prendre en charge les conditions socioprofessionnelles, une condition sine qua non »
Afin de remédier aux maux du système de santé, Yousfi nous a déclaré que cela se résume à deux paramètres essentiels. « Donc il y a urgence, laquelle se résume à deux grands chapitres. Le premier, c’est les ressources humaines. L’Algérie a fait beaucoup de choses dans le secteur de la santé, pour les infrastructures et pour les équipements, mais très peu de choses pour les ressources humaines, particulièrement depuis 2009. Avec un pouvoir d’achat qui a dégringolé, il y a donc urgence. Dans tous les pays du monde, lorsqu’on veut développer un secteur, on investit dans les ressources humaines. C’est clair que les conditions socioprofessionnelles des professionnels de la santé, et comme l’a déclaré le président de la République, doivent être prises en charge en urgence et rapidement. C’est la condition sine qua non, c’est le premier aspect », poursuit l’orateur.
« Passer rapidement à la concrétisation de la volonté du président de la République »
Enfin, pour ce qui est du second volet, Yousfi estime que tous les outils sont là, en vue d’une meilleure gestion du secteur, mais qu’il faudrait passer rapidement à leur concrétisation. « Le deuxième aspect, et tout le monde le sait, que le domaine de la santé réside dans la problématique de la gestion du secteur. Et pour cela, là aussi, nous attendons la concrétisation rapide, avec un changement en termes de gestion, parce qu’on a les outils, ils sont là. À savoir la loi sanitaire, qui est dans les tiroirs depuis quatre ans et demi, depuis juillet 2018, on attend toujours les textes d’application. La carte sanitaire, elle est là. La réforme hospitalière, validée par le Conseil des ministres, et présentée à l’époque par le Professeur Ismaïl Mesbah, ministre délégué, est là aussi. Et pour qu’on puisse passer à un nouveau mode de gestion, qui règle le problème du système de santé, la numérisation et d’autres points importants. Donc là, la volonté politique exprimée par le président, depuis 2020, il faudrait passer rapidement à la concrétisation, pour qu’il puisse y avoir une certaine confiance vis-à-vis des responsables de la santé, et pour une meilleure couverture sanitaire et prise en charge du citoyen algérien, ce qui est un droit constitutionnel », conclut le président de la SNPSSP.
Propos recueillis par Hamid Si Ahmed