Abordant la question sahraouie sous multiples facettes, ce jeudi, Mohamed Sidati, représentant de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en France, à la lumière des derniers développements marqués notamment par la reprise du conflit armé entre le Front Polisario et le Maroc, le « deal » conclu entre Rabat et Washington, et la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’Onu réservée à la question.
Évoquant la réunion d’urgence du Conseil de sécurité (CS) des Nation unies tenue le 22 décembre courant, l’invité de la Radio nationale, ne semble pas être très satisfait des recommandations du CS, qui demeurent, à ses yeux, au-dessous des « attentes » des Sahraouis.
Lors de cette session organisée à l’appel de l’Allemagne, le CS a réitéré le statut de la question du Sahara occidental relevant de l’autorité de l’ONU sous la coupe de la résolution référentiel 1415 et appeler les deux parties en conflit à relancer les pourparlers sur la légitime question de l’autodétermination des Sahraouis. « C’est une décision qui n’est pas à la hauteur de nos attentes mais qui fait chaud aux cœurs des sahraouis déterminés à s’affranchir pour jouir de leur droit à l’indépendance », a déclaré, Mohamed Sidati, également membre de la direction nationale du Front Polisario, représentant légitime des Sahraouis.
Revenant à ces trente (30) années passées sous le cessez-le- feu signé en 1991, sous l’égide des Nations unies, le diplomate sahraoui, a estimé que toutes ces longues années ou les armes s’étaient tues « étaient non seulement une perte de temps mais aussi un gâchis et une grande frustration pour les Sahraouis qui ont formulé des espoirs autour d’un référendum d’autodétermination dont la promesse n’a pas été, jusque-là, tenue».
Durant tous ces 29 ans de trêve, explique-t-il, le Maroc s’est employé à faire en sorte de détourner l’opinion publique internationale, à compromettre les décisions de la communauté internationale et à transformer l’ONU en un instrument de domestication quitte à faire des compromissions envers et contre tous. « Il me semble que durant toute cette période les Nations unies n’ont pas fait preuve de fermeté et de responsabilité dans le conflit du Sahara », déplore l’orateur, tout en estimant que le Maroc est sous le choc après le rappel à l’ordre du CS, qui a réaffirmé la légitimité de la cause sahraouie.
Cependant, l’intervenant n’a pas manqué d’appeler le peuple sahraoui à rester vigilent car « le Maroc va continuer ses manœuvres choqué par cette attitude du CS, d’où se dégage ce consensus international et où personne ne reconnait au Makhzen la marocanité du Sahara occidental ». Il a rappelé dans ce sens « le Front Polisario poursuivra sa lutte armée jusqu’au recouvrement de l’indépendance, face à la frustration du peuple sahraoui qui a fondé de grands espoirs sur le processus de négociations ».
Abordant le « deal » conclu entre le président sortant américain, Donald Trump et le roi marocain, portant reconnaissance par Washington de la supposée souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental contre la normalisation de ses relations avec Israël, le représentant sahraoui, l’a qualifié de « gravissime, du jamais vu et brigandage international », où la Maison blanche a troqué quelque chose qui ne lui appartient pas, avec celui qui n’a aucun droit sur ces territoires.
Une opération, explique-t-il, qui « s’inscrit dans le cadre d’une politique de déstabilisation et d’insécurité visant l’ensemble de la région du Maghreb et de l’Afrique du Nord, à travers le conflit au Sahara occidental ». Le diplomate sahraoui n’a pas manqué à l’occasion de fustiger la France et certains pays qui appuient l’attitude belliqueuse des Marocains. Un soutien « malsain », a-t-il dit, à l’égard d’un plan expansionniste marocain, découlant d’une vision colonialiste, basée sur le pillage des ressources naturelles sahraouies, avant de saluer le soutien indéfectible de l’Algérie, et de l’UA qui a rappelé, lors du dernier Sommet, l’urgence pour les deux parties au conflit de reprendre les négociations directes afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.
Brahim Oubellil