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MOHAMED SAIB MUSETTE DU CREAD PRÉVIENT : «L’évolution des régimes migratoires sera plus dramatique dans les années à venir»

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Sur la migration irrégulière et non « clandestine», a tenu à souligner, hier, le membre du Réseau Global Migration Policy, Genève, Mohamed Saïb Musette, le cours des mutations dans le monde amène celui-ci à vouloir «de la circulation des biens et des marchandises librement, mais pas de la mobilité des personnes», laquelle ne cesse de voir ses procédures et ses conditions se durcir. L’invitée, hier, au Forum du Courrier d’Algérie a averti, que le cours des évolutions concomitantes des régimes migratoires s’achemine «vers davantage de restrictions à la mobilité» affirmant que cles conséquences de ces évolutions «dans les années futures seront encore plus graves que ceux à quoi nous assistons aujourd’hui» a-t-il avancé.

Pour le chercheur et spécialiste des questions de la migration, régulière et irrégulière, Mohamed Saïb Musette, ce qui se passe au niveau de la mer méditerranée, concernant les traversées périlleuses des migrants irréguliers et de la migration en général, ces questions «ne sont pas réellement au centre des discussions»des pays du pourtour méditerranéen, notamment dans le cadre des Forums ou des réunions du dialogue 5+5 qui, selon lui, «échangent, débattent, partagent sans plus.» Pourtant, poursuit le membre du Réseau Global Migration Policy, Genève, on est dans un monde qui veut que «la circulation des biens et des marchandises librement, mais pas la mobilité des personnes» qui, elle, ne cesse de voir durcir ses procédures et modalités, pour que la personne puisse circuler sans recourir aux voies irrégulières. Laquelle voie est dans la plupart du temps et des cas, périlleuse, comme ce qui se passe en méditerrané ou sur les chemins difficiles, qu’empruntent les Sud-américains, dont les mexicains précisément avant de se heurter à la frontière avec les États-Unis, au mur en béton, long et haut, érigé par Washington, pour stopper ce flux migratoire. Pour notre invité, la solidarité et le soutien aux migrants, tout au long de leurs parcours, «devrait demeurer une première préoccupation» de la société civile comme des autorités des pays qui sont l’espace de transit ou de point d’arrivée de ces migrants irréguliers, dont bon nombre de pays qui sont leur destination finale, ceux de l’espace Schengen : Italie, Espagne, France, et le Royaume-Unis, qui vient de sortir de l’UE, via le Brexit «sont stigmatisés et attaqués par les discours de l’extrême droite dans ces pays», une violation de leur dignité et partant de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. «Il s’agit avant tout d’êtres humains», outre que dans la majorité des cas, ce sont des «migrants irréguliers fuyant les crises, les conflits, les conditions socio-économiques difficiles» dans leurs pays respectifs. Affirmant que la complexité du phénomène de la migration irrégulière est certes grande, l’invité du forum insiste sur les multiples voies et solutions à promouvoir pour son règlement, pourvu que cette question soit «inscrite d’une manière effective au centre des préoccupations» des responsables politiques des pays, pourvoyeurs, de transit et destination finale.
Un manque de volonté politique qui apparaît au grand jour, notamment avec la tenue de la Conférence internationale du Pacte des Nations unies (ONU) sur la Migration, document élaboré, pour rappel, au terme d’un long processus avant son adoption par l’ONU, et que l’étape du début de sa signature par les pays membres de l’institution onusienne révèle le volte -face, notamment des pays occidentaux, avec des annonces de la non-signature, comme les États-Unis ou l’envoi seulement d’un haut responsable de pays pour le parapher, comme c’est le cas de la France, minimise davantage la portée et la teneur dudit document, lequel l’est déjà, puisqu’il s’agit d’un document «non contraignant» pour les pays signataires.
La politique du tout sécuritaire notamment, de pays occidentaux, dont ceux de l’UE, demeure aveugle, semble nous dire notre invité, alors que l’ensemble des régions du monde ont besoin de la mobilité des personnes, dont les travailleurs, au vue des mutations notamment celles en cours. Une mobilité qui, pour ceux qui empruntent la migration régulière fait face au «durcissement» de ces procédures, notamment entre le Sud et le Nord, faisant remarquer que depuis les dernières années, la migration irrégulière a touché des personnes diplômées. Des êtres humains «avant tout» rappelle, maintes fois, l’invité du forum, en insistant à user de concept juste et correct «de migrants irréguliers» et non, clandestins», lequel terme «porte atteinte à la dignité et la vie» de ces personnes.
Pour notre interlocuteur, l’usage du terme «clandestin stigmatise  et nourrit la haine envers ces migrants». Avertissant sur le cours des évolutions concomitantes des régimes migratoires «vers davantage de restrictions à la mobilité» l’invité affirme que «ce qui sera dans les années futures est plus grave encore de ce à quoi nous assistons aujourd’hui» a déclaré l’invité du Forum,  hier.
Karima Bennour

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