La Libye, par la voix de son ambassadeur aux Nations unies, Ibrahim Dabbashi, a vertement critiqué le projet de résolution qui sera présenté à l’ONU et qui vise notamment à utiliser des moyens militaires pour détruire, y compris sur le territoire libyen, les bateaux des passeurs qui convoient les migrants vers l’Europe. Dans une interview accordée vendredi 8 mai à l’agence de presse Associated Press, M. Dabbashi a exclu, « à ce stade », la présence de troupes étrangères sur le sol libyen. Le projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU permettrait à l’Union européenne, militairement si besoin, de saisir les bateaux des passeurs en haute mer, mais également dans les eaux territoriales libyennes et sur les côtes du pays. La haute représentante pour les Affaires étrangères de l’Union européenne, Federica Mogherini, est attendue lundi à New York pour défendre cette position. Pour M. Dabbashi, la gestion de la question des migrants en Méditerranée est indissociable de la reprise en main, par son gouvernement, de l’intégralité du pays. Son gouvernement, qui contrôle l’est libyen, est opposé à des milices islamistes qui ont pris Tripoli.
«Une fois que le gouvernement aura repris la capitale, et contrôlera la partie ouest de la Libye, je pense qu’il sera très facile de stopper ce flux d’immigrés illégaux car nous connaissons tous ceux qui sont impliqués », a-t-il expliqué, estimant que le gros des passeurs opère depuis l’ouest.
«Tout moyen nécessaire»
Toujours selon M. Dabbashi, il est nécessaire de lever l’embargo sur les armes qui pèse actuellement sur son pays pour armer le gouvernement « légitime» qu’il représente. Faute de progrès dans les négociations avec ces milices, l’ambassadeur a averti que son gouvernement pourrait avoir à recourir «à tout moyen nécessaire, y compris prendre la capitale par la force».
La Libye est au cœur de la question des migrants : c’est souvent depuis ce pays, plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi, que les passeurs acheminent les migrants à travers la Méditerranée, au péril de la vie de ces derniers. Depuis le début de l’année, au moins 1 500 personnes sont mortes en tentant la traversée vers l’Europe. L’année dernière, durant la même période, ils étaient moins d’une centaine. Fin avril, un «sommet extraordinaire» des Vingt-Huit s’était terminé par un accord minimal prévoyant le triplement du budget de l’opération « Triton», passant de 2,9 à 9 millions d’euros mensuels.