Comprendre les événements et penser l’avenir afin que ce qui s’est passé dans cette région ne se reproduise plus, car cela «n’honore pas le pays». Telle est la philosophie mise en avant par Abdelmadjid Menasra, chef du Front du changement (FC), pour le règlement définitif de la crise née des événements de Ghardaïa. Le président du FC est revenu, hier, lors d’une rencontre tenue au siège de son parti, sur les événements sanglants survenus il y a quelques jours dans la vallée du M’zab, à Ghardaïa. Il a estimé que les mesures prises par le gouvernement, notamment sur le plan sécuritaire, sont insuffisantes pour le règlement définitif d’une crise violente, qui remonte à 2008. Intervenant au 17e forum du «Changement» organisé par son parti, Menasra a préconisé un certain nombre de solutions qui concourent, selon lui, au rétablissement du calme. En effet, devant la montée extrême de la violence dans cette région, à l’origine de plus de vingt personnes décédées et des dizaines de blessés, sans parler des dommages matériels, les autorités civiles et militaires se sont mobilisées sur les lieux, et ont mis en place un plan sécuritaire pour imposer le retour au calme et à la vie normale. Même s’il met l’accent sur l’importance de la présence de l’État dans cette région, notamment «avec sa force de loi et sécuritaire», le transfuge du MSP n’exclut pas d’autres mesures qu’il juge plus que jamais impératives. Il s’agit, pour lui, de consacrer le développement équitable, d’instaurer une véritable citoyenneté, de répandre la culture du «vivre-ensemble», la reconnaissance de la diversité et le respect des spécificités, a-t-il recommandé. Différente où pas des autres initiatives émanant de part et d’autre, l’approche de Menasra pour résoudre la problématique vise à comprendre d’abord les soubassements des événements, avant de réagir par des réponses adaptées au contexte. Dans son analyse, il estime que chacune des parties, en conflit notamment, a sa propre vision qui lui sied, or, pour régler le problème, il faudra, selon lui, voir au-delà du reflexe émotionnel et du sentiment d’exclusion, pour justement placer une idée «raisonnable et impartiale», a-t-il expliqué. D’autant plus, a-t-il précisé, que le problème est entre enfants «d’un même pays et d’une même religion», a-t-il rappelé. En ce sens, il a appelé au respect de l’appartenance religieuse des Ibadites, sans enfreindre leurs spécificités. Le chef du FC pense que le problème ne doit pas être réglé d’une manière «superficielle», et la solution doit être prise en dehors des «pensées intrusives» dans les affaires internes de la population locale. D’ailleurs, il a considéré que «l’extrémisme religieux, le racisme, la discrimination et les discours intrusifs», dont les citoyens d’appartenance malékite ne sont point responsables, représentent un crime de plus, ajouté à celui ayant induit la mort physique. Tout en appelant une nouvelle fois au respect des spécifiés et de la diversité dans cette région, Menasra juge que les mesures prises jusque-là ne seront pas «durables». Pour étayer ses propos, le premier responsable politique du FC a considéré que ce problème qui «sévit déjà depuis des années» n’a pas été résolu d’une manière efficace. Et pour cause, il y a eu défaut dans le choix des solutions proposées et menées sur place. D’abord, a-t-il expliqué, il y a des erreurs dans le traitement de cette crise qui a été résolue d’une manière «superficielle». Et puis, a-t-il ajouté, il y a des circonstances aggravantes qui ont fait que ces facteurs ont accentué le rebondissement de la violence. Tous ces paramètres nécessitent une attention particulière et méritent d’être étudiés soigneusement, car la région est un bastion où se mélangent des appartenances ethniques, religieuses, culturelles et sociales, a-t-il détaillé son analyse, d’où, justement, il a préconisé l’importance de savoir traiter ce problème, pour consacrer la culture du «vivre-ensemble» dans cette région du pays.
Farid Guellil