L’Expert international en questions stratégiques et sécuritaires estime, hier, au Forum du Courrier d’Algérie, que les menaces migratoires en provenance de la Libye constituent « un alibi » pour les pays occidentaux en intervention en Libye pour maintenir leurs interférences sur les affaires internes de ce pays. « Pour comprendre et concevoir l’approche des États-Unis et des pays occidentaux dans la crise libyenne, il s’agit plutôt d’une approche visant à maintenir ce conflit à une basse échelle et non pas sa résolution définitive», explique le conférencier. Sur ce, il pense que « seule l’Algérie dispose d’une vision claire pour résoudre la crise libyenne ». L’expert en géostratégie a expliqué les raisons derrière l’intérêt de l’Occident pour la Libye. « Premièrement, parce que la Libye est un acteur filtre des flux migratoires et non pas un acteur régulateur comme le Maroc. Deuxièmement, c’est un préalable et un bon alibi pour justifier une présence étrangère. Troisièmement, c’est un engagement dans un conflit entre forces géopolitiques divergentes parce qu’on est dans une phase de reconfiguration de la carte géopolitique de toute cette région», a-t-il étoffé son analyse. L’invité du Forum rappelle qu’il s’agit d’un plan vieux de plusieurs années. Ainsi, en décembre 2003, le président américain de l’époque, George Bush, dans son discours sur le Moyen-Orient, parlait d’un corridor qui s’étend de la Floride, Dakar, jusqu’au Bangladesh. «C’est un corridor toujours en construction», insiste le conférencier. «Il faut rappeler aussi qu’en juillet 2006, en pleine guère d’Israël conte le Liban, la réunion de la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, avec les chefs de sécurités de la Jordanie, Égypte, Émiratie et Saoudienne, sur la possibilité de revoir comment reconfigurer la gouvernance territoriale du Moyen-Orient. Aujourd’hui, on est en phase de créer des opportunités, pas seulement économiques pour la France et la Turquie, mais aussi celles des tensions qui provoquent un déblayement stratégique sur le long terme », a-t-il encore précisé.
Yousra Hamedi