Accueil ACTUALITÉ Mémoires du moudjahid Mohamed Oubelaïd Hocine : Chronique d’une épopée héroïque

Mémoires du moudjahid Mohamed Oubelaïd Hocine : Chronique d’une épopée héroïque

0

Le moudjahid Mohamed Oubelaïd manie sa plume, pour livrer ses mémoires, sortir de l’anonymat ses compagnons d’armes, comme il le ferait pour sa terreur de la soldatesque du colonisateur français.

Le livre témoignage de Si Moh, comme il aime à se faire appeler lui-même, étonne et détonne à la fois. S’il commence par une bien captivante anecdote sur les débuts de ce moudjahid hors pair, membres des commandos de choc, les plus intrépides, ayant eu à affronter l’ennemi face-à-face, il n’en enchaine pas moins sur une chronique détaillée, qui se déroule quasiment au quotidien dans ces redoutables et imprenables montagnes de Kabylie. La fraîcheur, et la jeunesse de la plume de Si Moh, qui n’a pas pris une seule ride qu’il crapahutait entre Fort National, Azazga… redonne vie à tous ces héros disparus depuis longtemps, qui n’avaient pas peur de tutoyer la mort. Il le fait avec simplicité, et authenticité, en nous rendant accessible la vie dure et improbable des maquisards. Si des actions d’éclat ne sont jamais à dédaigner, elles n’ont pas toujours été systématiques. Cela rend ces héros du passé plus vrais et plus authentiques que jamais. Avec des moyens insignifiants, et une détermination en acier trempé, ils font mouche, terrassent l’ennemi, mais y laissent bien souvent des plumes. La vie au maquis, avec ses privations, aggravée par la nécessité de ne jamais cesser de harceler l’adversaire, de le frapper systématiquement là où il s’y attend le moins dans cette guerre asymétrique, est rendue bien plus dure éprouvante par l’impérieuse nécessité de contrer les « messalistes, tout en gardant auprès de soi une population fortement éprouvée, et littéralement saignée à blanc. En parcourant le livre de ce redoutable moudjahid, qui a continué d’être craint même après l’indépendance, on découvre une fresque foisonnante de vie. On est replongés dans la vie quotidienne et très dure des authentiques moudjahidine de la première heure. Ceux dont le courage insigne le dispute à cette nécessité de se défendre contre des « maquisards » sans doute appâtés par l’approche de l’indépendance, à l’image de cette « armée des frontières, vite accourue pour occuper Alger de force une fois éloignés tous les dangers. On y découvre le procès de Si Moh à cause de la découverte, chez lui, d’une petite radio, mais aussi sa crainte d’être éliminé par ses propres « compagnons d’armes en dépit de son parcours absolument époustouflant, digne d’un grand héros « homérique » blessé plusieurs fois, au cours d’opérations d’une indicible intrépidité Si Moh ne laisse jamais de placer sous les sunlights ses amis baroudeurs, préférant rester lui-même sous l’ombre de la discrétion que procure le sentiment du devoir accompli. Pareille modestie se mesure sans doute à l’aune de tout ce qu’a accompli ce moudjahid hors pair. Le procès, au maquis, d’un messaliste fait prisonnier et désirant manifestement en finir, viendra finir de mettre en relief l’humanisme de Si Moh, en apparence impitoyable, cachant bien maladroitement un cœur d’or. Une foultitude d’anecdotes parsème ce récit captivant, vivant, et fleurant bon la liberté de dire, de tout dire. D’avoir dû, par exemple, à payer, pour avoir été un vétéran du FFS, et d’avoir refusé le diktat du FLN post-indépendance, tombé aux mains d’individus à qui l’écriture de l’histoire fait affreusement peur. La tête brûlée que fut Si Moh durant la Guerre de libération ne lui épargnera rien des tracas qui furent le lot quotidien des moudjahidine authentiques et sincères. Jusques y compris sa visite rendue à un compagnon d’armes prétendument impliqué dans cette affaire dite des « officiers libres. La préciosité de ce témoignage réside sans doute dans la précison d’orfèvre de ce récit romancé que l’on dévore d’une traite. Ce livre, qui change des témoignages vagues et classiques, que nous avons pris l’habitude des jours, est une sorte d’électrochoc pour nous autres lecteurs qui découvrons, ébahis, que malgré les énormes sacrifices et la conduite hautement héroïque de Si Moh, ce dernier n’a pas échappé aux « fourches caudines » d’un régime autoritaire à cause duquel le FLN historique a été décrié et rejeté par tout le peuple. Après cette lecture, ne vous demandez plus pourquoi L’irrévérencieux Si Moh déteste autant les… cravates ! Sachons retenir l’histoire, et agir en conséquence.
Mohamed Abdoun

« Itinéraire d’un combattant, de Mohamed Oubelaïd Hocine
Imprimerie Mitidja
362 pages

Article précédentLES OPÉRATEURS DÉCIDENT FINALEMENT DE REPORTER LEUR GRÈVE : La reprise du transport inter-wilayas dans le flou
Article suivantSITUATION EN LIBYE ET AU SAHEL : Depuis Ankara, Boukadoum avertit sur les dangers des flux de l’immigration clandestine