Depuis 2007, année à partir de laquelle le ministère du Commerce a décidé de construire à travers l’ensemble des wilayas du pays des marchés de proximité, trois marchés, réalisés au chef-lieu de wilaya d’Aïn Témouchent, sont désertés par les bénéficiaires. Ils sont composés de 40 stands chacun. Ces marchés ont coûté des sommes conséquentes et devaient subvenir, partiellement, aux besoins des marchands et commerçants qui pratiquaient le commerce informel. La direction du commerce les avait cédés à l’APC, laquelle était concernée par l’établissement des listes des bénéficiaires. Cette opération a été précédée par une enquête faite par les services habilités de l’Etat. Beaucoup, parmi ceux qui ont bénéficié desdits stands avaient auparavent manifesté leur colère quand ils étaient interdits d’exercer illicitement l’activité commerciale, et priés de quitter les lieux publics qu’ils ont squattés. Depuis peu, le représentant du commerce et un élu de l’APC concernée déplorent cette situation. Et voir lesdits marchés de proximité désertés et ceux qui devaient les occuper continuer, bon gré mal gré, à pratiquer le commerce informel cela tourmente les esprits et chagrine les bonnes intentions. En 2007, ceux qui sont encore aux postes de responsabilité peuvent témoigner. Les marchés de proximité ont fait couler beaucoup d’encre et de salive. Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales et du commerce ont fait de ce dossier une carte de visite qu’il fallait coûte que coûte réussir et sans faille. À coups de manchettes, sur les unes des journaux, les responsables concernés se vantaient et prenaient du zèle. Pourquoi construire des marchés de proximité pour qu’à la fin on les retrouve dans des situations d’abandon et de précarité ? La question dérange et suscite des interrogations à plus d’un titre. Est-ce un coup de tête frivole et irréfléchi qui a contaminé la majorité des marchands à fuir les marchés de proximité ? Ou bien il y a des raisons fondées qui sont derrière cette désertion ? Les représentants du commerce et de l’APC qui se sont confessés à la presse ont beaucoup à dire et à redire sur ce dossier, mais à les entendre parler on comprend qu’ils étaient gênés. Ceux qui sont en mesure de décrypter ce qui se dit par bribe de mots pourraient avoir leur propre analyse. En somme, les réponses recueillies auprès de quelques détenteurs de stands au niveau des marchés de proximité évoquent l’éloignement des dites structures par rapport au centre- ville, disent qu’ils travaillent à perte parce que les gens ne veulent pas dépenser des frais supplémentaires en matière de transport. L’un des trois marchés est carrément situé dans une zone peu habitée et il faut attendre encore trois ou quatre années pour qu’elle soit peuplée. L’un des intervenants partage timidement cette thèse sans trop aller au détail. Les autorités de la wilaya ne voient pas les choses sous cet angle précis. Elles ont demandé aux responsables concernés de saisir les jeunes qui ne veulent pas exploiter les stands. Des lettres de mise en demeure devaient être notifiées à ces derniers. Cependant, lors des tournées des responsables de la wilaya, des jeunes ont interpellé ces derniers au sujet des locaux commerciaux qui sont fermés. Des dizaines au chef-lieu de wilaya et des centaines à l’échelle des 28 communes sont à l’abandon. Un grand nombre est dans une situation de précarité avancée.
Boualem Belhadri