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Marché informel : un vrai casse-tête

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L’opération de lutte contre le phénomène du marché informel lancée en août 2012, s’est soldée jusqu’à décembre 2014, par l’éradication de près de 64% des commerces illégaux. Ainsi, sur 1 368 marchés informels recensés par le ministère du Commerce à travers le territoire national, 872 ont été éradiqués. C’est ce qu’a indiqué le directeur des études et de la prospection du même ministère, lors d’une journée d’information sur l’économie et le marché informel, tenue, avant-hier, à Alger.
En effet, l’économie nationale est confrontée, depuis ces dernières années, à la problématique du marché informel, qui ne cesse de prendre de l’ampleur à tel point qu’il occupe 45% du secteur commercial et des services, 37% de celui des BTP et 17% de l’Industrie, selon des données présentées par Rachid Alliouche, maître de conférences à HEC-Alger. Un état de fait qui constitue un handicap pour la production nationale en particulier et met à mal de façon générale la relance de l’économie du pays. C’est ce qui fait ressortir que 50% de la masse monétaire en circulation, qui correspond à plus de 60 milliards dollars, est détenue par le marché informel, a indiqué encore une enseignante américaine de l’université de Philadelphie, et spécialiste du Maghreb, en se basant sur des données de la Banque d’Algérie, lors d’une conférence qu’elle avait présentée, en 2012, à Alger. C’est dans le souci justement d’endiguer ce phénomène économique que le gouvernement à travers le ministère du Commerce a pris des mesures visant à contrer le marché informel. Si ce secteur illicite occupe une part de 40% du Produit national brut (PNB), il reste que les pertes financières induites par des transactions non facturées sont faramineuses. Elles s’élèvent depuis 2010 à 206 milliards de dinars (2 milliard de dollars), ce qui représente 51,6 milliards de DA en moyenne annuelle, en raison de l’évasion fiscale induite par le non paiement du fisc. C’est ce qu’à indiqué le ministre du Commerce, Amara Benyounes, lors de la même occasion. Cependant, des experts pensent que le chiffre avancé, en termes du PNB, pourrait ne pas refléter la réalité, en raison, estiment-ils, du manque d’outils statistiques pouvant mesurer avec exactitude ce phénomène, vu son caractère «abstrait».
C’est ce qu’a admis d’ailleurs Benyounès, en estimant, lui aussi, que c’est difficile de cerner avec précision ce phénomène, en raison de son ampleur qui passe par plusieurs activités, notamment les services, l’industrie de transformation, l’agriculture, la distribution et le commerce extérieur. S’agissant des facteurs induisant au marché informel, caractérisé notamment par le foisonnement de commerces illicites, de plus en plus des jeunes, vraisemblablement rongés par le chômage endémique, choisissent des activités favorisant le «gain facile» et «l’enrichissement illégal», ce qui s’assimile à une évasion fiscale du point de vue financier et législatif.
Si la politique du ministère consiste, du moins dans un premier temps, à recourir à la répression pour venir à bout de ce phénomène disproportionnel, les conséquences pourraient engendrer un retour de manivelle.
Ceci s’explique par le fait que de nombreux commerces, bien qu’ayant été éradiqués, ont fini par réapparaître. Il s’agit, selon les responsables du ministère, de 103 marchés informels qui ont repris leurs activités, dont 57 sont enregistrés dans la wilaya d’Alger, 15 à Tébessa, 13 à Blida, 2 à Aïn-Defla et 1 à Tiaret. Donc, les autorités sont amenées à opérer sur deux fronts. D’abord, résorber ce phénomène tout en essayant de minimiser les dégâts qui pourraient en découler des conséquences, ensuite adopter des mesures à même de maintenir les équilibres socio-économiques. D’où justement la proposition des spécialistes de préconiser une politique plus «structurelle». En ce sens, ces mêmes experts ont recommandé aux autorités commerciales de procéder à une amnistie fiscale générale. En effet, le marché informel à travers ses multiples activités constitue pour une certaine frange de la société des emplois qui génèrent des revenus. À l’échelle de l’économie, ceci constitue par ricochet, une panacée pour le problème du chômage.
Partant de ce fait, le département du commerce est appelé à contourner cette problématique, en «adoptant une logique incitative et créer par la même les conditions économiques et sociales favorisant l’orientation des activités illicites vers le secteur formel», comme l’a suggéré Farid Allaouat, enseignant à l’École des hautes études commerciales d’Alger (EHEC). Là encore, le retard enregistré dans l’affectation des infrastructures au profit des commerçants informels, pour justement leur permettre de reprendre leur activité dans un cadre légal, constitue un autre défi pour le ministère du Commerce.
S’inscrivant dans la même stratégie, visant à contenir le commerce illégal, les autorités ont lancé des programmes de réalisation de 8 marchés de gros de fruits et légumes, 291 marchés couverts et 768 autres de proximité. D’autres mesures telle l’amélioration du climat des affaires, pour inciter les jeunes diplômés à créer des petites et moyennes entreprises, s’inscrivent dans la même démarche des autorités commerciales, à l’effet justement d’une meilleure insertion dans la sphère légale. L’autre solution mise en avant par les experts ayant pour objectif d’atténuer un tant soit peu ce phénomène, consiste en le développement de la grande distribution et en la généralisation des hypermarchés à travers les wilayas du pays.
Farid Guellil

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