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Makri appelle à une transition économique consensuelle

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À quelques jours de sa présentation pour débat devant l’Assemblée populaire nationale, le projet de la Loi de finances 2016 (PLF-2016) a été mis en revue par le président du Mouvement pour la société et la paix (MSP). En effet, lors d’une conférence tenue, hier, au siège de son parti, Abderrazak Makri, a critiqué vivement la teneur de ce projet, qu’il qualifie d’un plan qui vise à «livrer l’État à la privatisation».
Depuis sa publication, la mouture de la LF-2016 a fait l’objet d’un débat parmi la classe politique. Si les dispositions de cette loi consacrant la gestion budgétaire de l’année prochaine sont en odeur de sainteté avec le discours de certains partis, il n’en demeure pas moins que d’autres, s’inscrivent en porte-à-faux. C’est le cas de Makri, qui a indiqué d’emblée, que les élus de son parti s’opposeront au projet, à l’occasion de l’ouverture du débat les 23 et 24 novembre prochain. Tout en fustigeant la politique économique du gouvernement, le premier responsable du MSP, a relevé insuffisant le taux assigné à la croissance pour 2016 qui est de 4,6%. À ce titre, Makri estime qu’un investissement doit résulter d’une croissance conséquente, en faisant référence à d’autres pays, qui engagent, selon lui, moins de dépenses pour des résultats meilleurs. Pour étayer ses propos, il a cité la situation de quelques indicateurs économiques, tel que le déficit de la balance des payements, de la balance commerciale et le recul des réserves de change, établies à 121,2 milliards de dollars. C’est ce qui fait croire au président du MSP, qu’à la lumière de cette situation financière, le pays ne peut couvrir ses besoins au-delà de 23 mois. «À la fin 2017, nous allons connaître une grave crise budgétaire», a-t-il prévenu, tout en indiquant que la population doit être mise au courant de cette réalité. En outre, à cette situation préoccupante qui se présente à l’économie nationale, s’ajoute selon l’orateur, le montant des importations qui continue d’aggraver la trésorerie de l’État, estimé à l’horizon 2016, selon lui, à 70 milliards de dollars. D’autre part, Makri considère que quand bien même l’Etat consacre 1 800 milliards de DA de transferts sociaux, cette politique n’est qu’un moyen de gagner du temps, devant la «menace qui attend le pays». En ce sens, même la LF-2016 ne peut être une solution à la crise, dès lors que le montant budgétaire alloué aux dépenses dépasse celui des recettes, a-t-il estimé.
L’homme politique s’inscrivant dans l’opposition, a indiqué que devant cette situation «l’on ne doit pas duper le peuple, on doit éclairer sa lanterne et que la responsabilité doit être assumée par les acteurs impliqués dans les choix économiques face à cette crise», a-t-il souligné. Plus loin encore, et au-delà qu’elle ne constitue pas pour Makri une panacée, «la LF-2016 n’est pas une loi nationale et souveraine», a-t-il accusé les concepteurs de ce projet.
Et pour mieux étoffer ses propos, le chef du MSP n’a pas manqué de distinguer cinq points, qui représentent pour lui, l’indice que ce projet ouvre la voie à une privatisation anarchique et effrénée, au détriment de la souveraineté de l’État. En effet, la livraison de l’État aux hommes d’affaires étrangers, la cession du foncier et des institutions, le renoncement à la démocratie et le contrôle, la paupérisation du peuple et l’endettement du pays, sont les signes avertisseurs relevés dans ce projet, par Makri. Plus explicitement, il a cité quelques articles contenus dans la LF-2016 et lesquels, selon lui, confortement ses dires. Ainsi, l’une des dispositions traduit en quelque sorte le renoncement au principe du droit de préemption de l’État (article 66).
Le patron du MSP explique à ce sujet, à titre d’exemple, qu’une entreprise nationale et publique comme SONATRACH peut recourir à la cession de son capital au profit d’une entreprise étrangère. D’où, selon lui, la menace même sur le secteur public et stratégique. Autres exemples, l’orateur a rappelé l’article 53 inhérent au foncier et la menace de bradage qui y plane, ainsi que la disposition de l’article 2 qui ne prévoit pas d’obligation aux investisseurs étrangers, de réinvestir les dividendes, comme ce fut le cas dans la loi de 2008, a regretté Makri. Ce dernier, estime aussi que l’article 71 de la même loi annule les prérogatives du Parlement, quant à son pouvoir de contrôle des finances publiques.
Farid Guellil

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