Accueil À LA UNE MACRON DÉSAVOUE DE NOUVEAU BAYROU ET RETAILLEAU : « L’accord de 1968, c’est moi »

MACRON DÉSAVOUE DE NOUVEAU BAYROU ET RETAILLEAU : « L’accord de 1968, c’est moi »

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Le Premier ministre français, François Bayrou, et son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, se sont fait de nouveau remonter les bretelles par le président Emmanuel Macron à propos de l’accord de 1968 sur l’immigration. Le chef de l’Élysée rappelle à ses subordonnés qu’il est le patron. Et pourtant …  

Moins d’une semaine après avoir recadré son Premier ministre et son ministre de l’Intérieur auxquels il a interdit de parler d’une dénonciation de l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration, le président Emmanuel Macron est revenu à la charge, lundi dernier, pour confirmer que ce dossier relèverait de ses compétences. S’il réclame auprès des autorités algériennes une renégociation de l’accord, Macron s’oppose à toute remise en cause du texte comme l’a suggéré Bayrou, mercredi dernier, à l’issue de la réunion du Comité interministériel de contrôle de l’immigration. 

En effet, dans les colonnes du journal Le Figaro, où il s’est exprimé lundi dernier, sur la crise entre l’Algérie et la France, Macron a, une fois de plus, marqué son désaccord avec son gouvernement sur l’accord de 1968 en privilégiant l’option d’une renégociation plutôt qu’une dénonciation. En d’autres termes, le président français prône la voie de l’apaisement avec l’Algérie, ce qui exclut de facto la posture d’escalade adoptée par un Bruno Retailleau sulfureux et très agité lorsqu’il aborde l’immigration concernant l’Algérie. D’ailleurs, il en fait de ce dossier sensible une affaire personnelle et a promis à l’Algérie une « riposte graduée et ferme ». Devant ce déchainement de haine à l’égard de l’Algérie qui déshonore ce qui reste encore de crédible pour son Gouvernement, Macron est encore une fois invité à l’arbitrage pour situer les responsabilités. Ainsi, en réponse aux menaces et aux ultimatums d’un Bayrou visiblement sous l’influence de Retailleau, le président français leur rappelle qu’il est le maître à bord concernant un dossier qu’il avait abordé avec son homologue algérien lors de sa visite en Algérie en août 2022.  

L’ultimatum de Bayrou selon lequel « si l’accord n’est pas respecté, il sera dénoncé » aurait déplu à son supérieur de l’Élysée.  « Chacun est dans ses compétences. L’accord de 1968, c’est le président de la République », a affirmé Macron dans une interview au quotidien français. Outre Bayrou, c’est surtout Retailleau qui devrait être interpellé par ce recadrage. Lui qui s’octroie tous les pouvoirs dans la foulée de ses attaques en règle contre l’Algérie et ce pour satisfaire les fantasmes de ses amis racistes de l’extrême droite qui lui serviraient de tremplin pour ses ascensions partisanes et présidentielles.  A rebours d’un ministre de l’Intérieur qui semble hors de contrôle, Macron rappelle : « Ce qu’on a acté avec le président Tebboune en 2022, c’est sa (de l’accord de 1968) modernisation. Je suis totalement favorable, non pas à le dénoncer, mais à le renégocier ».  La réponse du berger à la bergère ? 

Et pourtant, Retailleau ne semble pas l’entendre de cette oreille. Puisqu’après le désaveu de Macron de vendredi dernier à partir du Portugal, le premier flic de France sévit dans la provocation contre l’Algérie. Il a ainsi enchainé, l’une derrière l’autre, ses sorties hostiles en menaçant d’appuyer sur le bouton pour expulser massivement des OQTF et refouler massivement des Algériens à partir des frontières françaises. Et lorsqu’il est interrogé, dans les nombreux plateaux de télévision qu’il fait quotidiennement, sur le désaveu de Marcon, le candidat aux élections des Républicains qui dérouleront en mai prochain, manipule les propos auxquels il donne l’interprétation qui le conforte dans sa posture anti-algérienne.  Aveuglé par ses ambitions partisanes et, partant, par l’échéance présidentielle de 2027, Retailleau mise sur la haine de l’Algérie comme sujet de campagne. Ceci dit, ces sorties contradictoires entrent les différentes responsables du pouvoir français nous amènent à l’interrogation suivante : s’agit-il d’un cafouillage au sommet de l’État français ou bien d’un jeu de rôle visant à tromper l’adversaire algérien ?  

Farid Guellil

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