La secrétaire générale du Parti des travailleurs Louisa Hanoune a animé hier une conférence de presse lors de laquelle elle est revenue sur la position du parti par rapport aux prochaines élections législatives qui ne sont pas, à ses yeux, une solution aux problèmes posés. Bien au contraire.
La première responsable du parti a tenu, d’emblée, à rappeler la position du parti face à ce scrutin législatif.
Après des discussions « sérieuses » au sein du CN du parti portant la position à adopter vis-à-vis des élections du juin, « Nous avons décidé de ne pas participer au prochain scrutin. Il n’y aura donc ni soutien ni présentation de listes électorales », a précisé Mme Hanoune.
« Nous avons pris cette décision en avançant des arguments politiques et sociaux que nous avons déjà expliqués car tout parti politique sérieux doit exposer des raisons solides d’un rejet d’une élection qui dépassent de loin les intérêts partisans. Il s’agit donc d’une décision souveraine et juste adoptée au regard de la situation générale du pays sur tous les niveaux» a-t-elle argumenté.
Le PT compte investir le terrain pour expliquer la position du parti. « Nous allons mener une campagne de sensibilisation auprès de la population sans aucune contrainte sur les consciences des militants car « nous ne nous érigeons pas en tuteur du peuple algérien et nous ne nous attaquons jamais à ceux qui ont décidé de prendre part à ce scrutin législatif. Mais notre décision de le boycotter s’inscrit dans la défense du multipartisme visé depuis 2002 par une décomposition politique », a argumenté la patronne du PT.
Et de revenir sur l’enchaînement des événements depuis l’annonce de la décision du parti.
« Depuis la convocation du corps électoral et la décision pourtant souveraine du parti, nos militants et cadres du parti sont approchés voire harcelés par des parties extérieures y compris par des responsables de partis proches du pouvoir et ceux de la société civile créée récemment entre P/APW élus locaux, responsables politiques et autres universitaires en vue des prochaines élections pour débaucher les militants et dirigeants du parti », a révélé la cheffe du PT.
Il s’agit en fait, ajoute-t-elle, d’attaques contre toute voix discordante en miroitant des sièges à l’APN. « C’est tout simplement de la corruption politique organisée soit un retour à la pensée unique », a-t-elle regretté.
Plus explicite elle a fait savoir que « des gens qui n’ont aucun lien organique avec le parti ou qui en faisaient partie par le passé avant qu’ils ne soient définitivement radiés du parti depuis 2015 ou en 2019 en raison d’une campagne contre le parti pour ses positions souveraines mènent cette campagne de déstabilisation du parti. Certains disent qu’ils sont soutenus par des centres de décision au pouvoir pour former des listes indépendantes, alors qu’ils ne sont en réalité que des mercenaires et traîtres du parti ». « Est-ce une coïncidence avec notre position contre le 12 juin ? », s’est-t-elle interrogée. Et de révéler encore : « Une demande anonyme a été déposée à l’hôtel Mazafran au nom d’un mouvement de redressement du PT pour tenir une réunion. Ils ont un cachet rond humide, alors qu’ils sont exclus du parti et que nous avons la conformité du ministère de l’Intérieur pour l’actuelle direction », avant de se demander également sur la date choisie à savoir le 3 avril qui coïncide, rappelle-t-elle avec la tenue de la session du FFS pour trancher la question des prochaines joutes électorales.
Revenant sur ce que pourraient apporter les législatives du 12 juin, Mme Hanoune estime qu’elles sont dangereuses pour l’avenir du pays.
« Ces élections sont porteuses davantage de violence car elles aiguisent les appétits, ce qui constitue un danger pour la sécurité du pays. Il y a l’appât du gain politiquement et socialement, la corruption politique et le sauve-qui-peut comme l’atteste le nombre impressionnant des postulants à ce scrutin législatif », a-t-elle analysé, tout en alertant que ces mêmes élections constituent « un danger » pour le multipartisme et le pluralisme politique, sinon un retour à la pensée unique.
« C’est le démembrement de la structure de la société algérienne. C’est un facteur de dislocation du pays et de la représentation politique au niveau national et local des assemblées élues», a estimé la patronne du PT. Et d’avertir : « Ces éléments qui se dégagent font planer le danger de l’irréparable sur notre pays ».
Brahim Oubellil