Cette haine des musulmans est accentuée par la montée des courants de l’extrême-droite en Europe et en France en particulier Islamologue, président de la Fondation de l’Islam de France et producteur de l’émission « Questions d’islam » sur France Culture, Ghaleb Bencheikh a longuement parlé de l’islamophobie, sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio nationale, hier matin, dans l’émission « l’invité de la rédaction ».
Il a souligné que « certaines officines, par détestation de l’Islam, contribuent fortement à cultiver le sentiment d’islamophobie.» Il fait constater que le concept d’islamophobie est reconnu par l’Organisation des Nations unies (ONU) et par les instances internationales, mais récusé en France. Il fait observer qu’en Occident, il y a une véritable haine de l’Islam et des Musulmans, parce qu’il existe une fausse présentation de la tradition religieuse islamique d’où l’accentuation de l’idée que cette tradition est source de terreur, d’épouvante, d’obscurantisme, etc. Il estime que c’est cela qui créé la peur chez certains. Seulement, la détestation et la haine sont tout aussi avérées chez d’autres, ajoute-t-il. Il rappelle que le terme islamophobie signifie. Cette peur de l’islam se transforme ensuite en détestation de l’Islam. Quand de nombreux médias font une présentation de l’Islam en focalisant sur des aspects négatifs de cette tradition religieuse, et quand ceux qui ont délégué leur capacité d’entendement à ces médias ne réfléchissent pas par eux-mêmes, il y aura une confusion entre les aspects négatifs et l’essence même de la tradition religieuse islamique. «Plusieurs groupes qui se disent musulmans (il cite Al Qaida, Boko Haram, Daech), sont des extrémistes qui ont participé à l’avilissement de l’Islam et ont souillé la bonté et la miséricorde que porte cette religion », souligne Ghaleb Bencheikh dans cet entretien. Pour combattre l’islamophobie, poursuit le président de la Fondation de l’Islam de France, « il faut donc que les théologiens musulmans dénoncent ces dérives sectaires qui portent préjudice à l’Islam. » Cette haine des musulmans est accentuée par la montée des courants de l’extrême-droite en Europe et en France en particulier. Il note qu’«il y a un triomphe idéologique de l’extrême-droite partout en Europe (y compris en Allemagne) et particulièrement en France. Il y a une déviation pour des thèses très extrémistes», confirme l’islamologue. Il donne l’exemple, en France, d’une femme qui a dit à sa voisine « Salam ‘Alikoum » (que le Salut soit sur vous) et qui s’est retrouvée en garde à vue. Autre cas signalé par des médias qui se réfèrent à un communiqué du Conseil français du culte musulman (CFM) : un jeune citoyen français voulant porter l’uniforme pour servir la République française et ayant réussi les examens d’entrée à l’école de police a été écarté par la préfecture, à cause de l’existence d’une tâche sur le front du jeune, considérée comme signe possible de repli identitaire car signe d’une pratique régulière de la prière. Notons qu’il y a quelques jours, Ghaleb Bencheikh était l’invité de la radio France Culture qui voulait connaître son avis après « l’attaque du Hamas et l’assassinat du professeur Dominique Bernard par un terroriste islamiste». Il a évoqué les réactions qu’il a perçues dans la communauté musulmane française vis-à-vis des événements récents : « je n’ai pas vocation à parler au nom des musulmans de France. Mais aujourd’hui, les musulmans de France sont horrifiés, atterrés. L’horreur véritable a surgi le 7 octobre. Au-delà de l’émotion, il nous faut raisonner : aucune cause ne justifie la mort de civils. On ne peut pas s’en prendre aux populations civiles.» Il appelle à ne pas faire d’amalgame et préconise une séparation des types d’attaques et des contextes dans lesquels elles s’inscrivent: « la lucidité recommande ensuite de distinguer les registres ». Pour Ghaleb Bencheïkh, « le terrorisme qui a frappé Arras ou Bruxelles et le cas israélo-palestinien ne sont pas les mêmes. Dans le dernier cas, il faut ramener ces événements à leur matrice, c’est-à-dire les affres de l’oppression. Si nous ne voulons pas que ce conflit perdure, il faut s’attaquer à ces causes», conclut-il.
M’hamed Rebah
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