Mis sur le tapis dans un contexte économique qui contre-indique tout recours «inutile» aux marchés étrangers, du fait du recul du niveau de la rente pétrolière, aujourd’hui, c’en est fait du dossier de l’importation de voitures d’occasion. Après le gel imposé à la disposition de l’article 110 de la Loi de finances 2020, il était temps de passer à son annulation, tant l’affaire ne sert ni l’économie nationale et ni encore moins le consommateur algérien.
C’est d’autant plus, le gouvernement compte asseoir, en lieu et place de l’importation de véhicules usagés, une industrie de production.
Ainsi, s’exprimant hier sur cette question controversée, le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali Braham, a pris un brin de détour pour dire que le dossier est clos. Autrement qu’il n’est plus possible, du moins à l’état actuel de l’économie nationale, d’autoriser l’importation des véhicules de moins de trois ans. Si maintenant il n’est pas aisé de revenir sur une décision inscrite noir sur blanc sur la LF-2020, le fait qu’aucun texte d’application de la disposition n’était promulgué autorise de fait les autorités à se passer de l’article 110.
D’ailleurs, invité de la Radio nationale chaîne 1, Aït Ali Braham, comme pour justifier la décision, a précisé que l’importation des véhicules d’occasion n’a été ni différée, ni suspendue et ni encore moins gelée de façon temporaire.
Début octobre passé, au cours d’une sortie publique, le ministre a déclaré que l’Algérie ne reproduira plus la mauvaise expérience du passé, consistant à ouvrir le marché des importations à tout ce qui vient de l’Europe, pour ainsi dire. Et c’est le cas, surtout, de celles de l’automobile qui, à elles seules, ont siphonné le Trésor public pour les résultats que l’on connait aujourd’hui. « J’ai expliqué au niveau de l’Assemblée populaire nationale (APN), les raisons qui empêchent l’application de cette mesure et comment cette dernière entrave l’économie nationale », a-t-il déclaré hier à la Radio. Preuve en est, l’importation des véhicules a coûté à l’État près de 3 Mds USD chaque année.
À plus forte raison encore à cette décision, importer des véhicules n’est pas en soi une « priorité » alors que le pays a besoin plus que jamais de diversifier son économie pour pouvoir sortir du gouffre financier. Pour ce faire, « nous devons déterminer les priorités du pays et du citoyen, loin de l’égoïsme et de la logique d’après moi, c’est le déluge », a recommandé le ministre.
Par ailleurs, et toujours dans le même sujet, Aït Ali a fait état de la réception, par les services de son ministère, de 180 demandes d’importation de véhicules. Mais, il semblerait que le gros des dossiers finirait dans la corbeille. Et pour cause, explique-t-il, « vu que la majorité des demandes ne peut être concrétisée, étant incomplètes et ne répondant pas aux exigences du cahier des charges pour les concessionnaires automobiles, nous avons demandé aux opérateurs concernés de compléter leurs dossiers ».
Farid Guellil