Dans un match au sommet disputé à huis clos samedi dernier à Ouargla, le MB Rouissat a signé une victoire capitale contre l’USM El Harrach (1-0), prenant ainsi la tête du Groupe Centre-Est de la Ligue 2 amateur à deux journées de la fin. Une opération qui relance complètement la course à l’accession en Ligue 1 Mobilis.
Le MB Rouissat a réussi un grand coup samedi au stade du 18 Février de Ouargla. En s’imposant sur la plus petite des marges face à l’USM El Harrach (1-0), en match de mise à jour de la 21e journée du Groupe Centre-Est, les hommes du Sud-Est reprennent le fauteuil de leader à deux journées de la fin de l’exercice. Cette victoire précieuse, obtenue à huis clos, pourrait bien être le tournant décisif dans la course à la montée. Dans un match considéré comme une véritable « finale avant l’heure », les Ouarglis ont montré plus de réalisme et de maîtrise. L’unique but de la rencontre est intervenu à la 63e minute, œuvre de Rdjam, au terme d’une action bien construite. Ce court succès permet au MBR de passer devant son rival du jour, et de prendre une option sérieuse sur la montée historique en Ligue 1 Mobilis.
Un duel à distance jusqu’à la dernière journée
Grâce à cette victoire, le MB Rouissat totalise désormais 65 points, soit une longueur d’avance sur l’USM El Harrach (64 pts), qui perd son statut de leader au plus mauvais moment. À deux journées du terme, la pression change de camp. Si les Harrachis avaient leur destin en main jusqu’ici, ce sont désormais les hommes de Rouissat qui ont les cartes entre leurs mains. La 29e journée s’annonce déjà décisive. Le MBR devra se rendre à El Khroub pour y affronter une équipe de l’ASK classée en milieu de tableau (7e, 40 pts), tandis que l’USMH effectuera un déplacement périlleux à Chelghoum Laïd, contre une formation du HBCL qui compte elle aussi 40 unités. Deux déplacements compliqués, où chaque point vaudra cher.
En ce qui concerne la 30e et dernière journée, non encore programmée, les deux prétendants évolueront à domicile. Le MB Rouissat accueillera l’US Chaouia (6e, 41 pts), alors que l’USMH recevra l’IB Khemis El Khechna (5e, 41 pts). Sur le papier, les confrontations sont équilibrées, mais l’avantage psychologique est désormais du côté du MBR.
Une insulte frontale à la mémoire de la résistance algérienne
À l’issue de la rencontre, le président du MB « Rouissat Bensaci Mohamed Larouci » a provoqué une vive controverse en affirmant, sans nuance, que son club représentait « un véritable club de football algérien » car il a été fondé après l’indépendance nationale en 1964. Il a ajouté que tous les clubs créés avant 1962 étaient, selon lui, des « clubs coloniaux ». Ces propos, tenus dans un climat déjà tendu, ont été largement condamnés sur les réseaux sociaux et dans les milieux sportifs, car ils traduisent une méconnaissance grave de l’histoire du football algérien, profondément lié au mouvement national.
De nombreux clubs créés durant la colonisation ont été des bastions de la résistance et de l’affirmation identitaire. À l’instar du MC Alger, de l’USM Alger, de la JS Kabylie, de l’USM Blida ou encore de l’USM El Harrach, ces formations ont accueilli dans leurs rangs des militants nationalistes, des martyrs de la guerre de libération et des figures du combat pour l’indépendance. Les qualifier aujourd’hui de « coloniaux » revient à insulter la mémoire de ces hommes qui ont, parfois au prix de leur vie, utilisé le sport comme un outil de lutte et de dignité. Ces propos sont d’autant plus dangereux qu’ils risquent d’alimenter un climat de division, de haine et de régionalisme à un moment où le football algérien est déjà fragilisé par des tensions interrégionales et des violences. Au lieu de fédérer autour d’un exploit sportif, de tels discours jettent de l’huile sur le feu et menacent le tissu social du sport national, de telles déclarations ne peuvent être ignorées.
Face à la gravité de la situation, des voix s’élèvent pour demander des poursuites disciplinaires et judiciaires contre le président du MBR. Ce dernier, au lieu de célébrer sportivement la performance de ses joueurs, a choisi de raviver des clivages historiques dans un cadre où seul le respect et la mémoire doivent prévaloir. Il est impératif que la Fédération algérienne de football, tout comme les autorités compétentes, prennent leurs responsabilités pour sanctionner ces dérives et rappeler à tous que le football algérien s’est aussi construit dans la douleur de la colonisation et dans l’honneur du combat libérateur.
Rouissat en route vers l’histoire ?
Fondé en 1964, le MB Rouissat n’a jamais évolué dans l’élite du football algérien. Cette saison pourrait donc marquer un tournant historique pour le club de Ouargla, souvent resté dans l’ombre des formations du Nord. Cette accession éventuelle serait aussi un signal fort pour le développement du football dans le sud du pays, souvent en quête de reconnaissance.
La performance contre l’USMH, équipe au riche palmarès et habituée aux joutes de haut niveau, renforce la légitimité du MBR dans cette course à la promotion. Solidité défensive, efficacité offensive et mental de compétiteur : autant de qualités affichées lors de cette confrontation charnière.
Le MB Rouissat parviendra-t-il à tenir bon jusqu’au bout et écrire la plus belle page de son histoire ? Réponse dans deux semaines.
M. A. T.
