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L’expert en pièces détachées de véhicules, Saïd Mansour, à propos des importations de l’algérie en kits automobiles : «La facture s’élève à 6 milliards usd»

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Saïd Mansour est un expert économique et un spécialiste de la pièce détachée automobile. Il est fraichement nommé président du CEA (Club économique algérien) et est membre au Conseil national consultatif pour la promotion des PME auprès du ministère de l’Industrie et des Mines.

Intervenant, hier, au Forum du Courrier d’Algérie, il dit ce qu’il pense de la politique nationale de l’industrie automobile qu’il qualifie de «ratée» et ce qu’il suggère comme solution de rechange. En bon expert qu’il est, il aborde la question par faire savoir qu’une voiture est composée de plus de 6 000 pièces et composants. En Algérie, la situation en présence fait que le faible taux d’intégration dans les usines d’assemblage de véhicules dicte aux constructeurs locaux de fixer des prix trop chers pour le véhicule. Les carrosseries sont importées en l’état de l’étranger faute d’équipementiers locaux en pièces détachées. Pour Saïd Mansour, les chiffres des pièces détachées importées annuellement frôlent «l’imaginaire». La facture de l’importation s’élève à plus de 6 milliards de dollars, alors que celle en trait avec les kits de réparation est de l’ordre de 900 millions de dollars, étaye de ses propos notre invité. En industrie automobile, on parle de trois taux d’intégration, souligne Saïd, un taux d’intégration des composants en plastique (coté esthétique), un taux d’intégration essentiel et un taux d’intégration primordial (en rapport avec le moteur).
Dès lors «la question est de savoir le vrai taux d’intégration national dans tous ces domaines», s’interroge-t-il avant d’indiquer que c’est sur la base de ces trois paramètres que le coût final de la voiture assemblée localement est déterminé. «Avant de parler de la construction de l’automobile, il faut parler des produits avec lesquels ils sont construits.
On fabrique une voiture comme on fabrique une maison, c’est la même chose ! Il y a le fabricant de la matière première, après vient le constructeur qui, sans ces matières premières, il ne peut concrétiser son projet», explique l’expert. Or, «avant de passer à l’industrie automobile, une réflexion s’impose : est-ce qu’on a formé les gens qualifiés pour produire ces voitures ? Certains pensent peut-être que la carrosserie sorte en l’état dans des moules alors qu’elle se compose de milliers de mini-pièces et composants desquels elle est assemblée.
Et, c’est ce qu’il manque justement en Algérie. On importe ces carrosseries alors que le plus grand travail est là : comment construire cette voiture en utilisant nos propres taules, a-t-il suggéré. Autre souci sur lequel Mansour est revenu, les prix des véhicules assemblés localement qui sont déduits sur la base d’un différé d’amortissement (la période pendant laquelle l’investisseur en usine rembourse les frais et montants de son investissement très réduit). Pour l’expert, cela prouve l’absence d’une étude approfondie sur la production automobile en Algérie.
«Si un investisseur d’un usine de montage automobile projette de faire amortir son investissement sur 2 ou 3 ans, cela veut dire nécessairement qu’il va vendre la voiture qu’il produit beaucoup trop chère», analyse Mansour. Enfin, il estime que gouvernement aurait dû imposer dans le cahier des charges sur l’assemblage automobile de différés d’amortissement éloignés de 5 à 10 ans. Aussi, «le gouvernement doit imposer pour chaque marque automobile souhaitant investir en Algérie de faire venir ses équipementiers», a-t-il émis comme proposition, sachant que «les producteurs de pièces détachées ne viennent pas d’eux-mêmes», a-t-il souligné. «On ne peut pas faire venir un équipementier pour fabriquer seulement 100 000 kits par an. Cet investissement n’est rentable qu’avec une production de plus d’un million de pièces. Maintenant, il reste à savoir si l’Algérie dispose «des moyens pour exporter le surplus des pièces fabriquées localement », a conclu l’intervenant par une interrogation.
Hamid Mecheri

SEMMARI NE JUGE PAS «EFFICACE» UN CHANGEMENT DANS LA LF 2018 :
«Le problème réside dans l’application des textes»

Interrogé sur le projet de loi de Finances complémentaire 2018 qui fait polémique ces derniers jours, si non une question qui fait l’actualité, l’ex-ministre de la PME/PMI, président honorifique du Club économique algérien, Abdelkader Semmari, estime qu’«il est tout à fait logique d’adopter, modifier, réviser ou carrément supprimer des articles de la loi de Finances», comme cela a cours dans beaucoup de pays.
Cependant, «avant de parler sur la loi de Finances, les volets juridiques et financiers de tous les secteurs économiques doivent être minutieusement étudiés», a-t-il émis des réserves, histoire de dire que la priorité à la situation financière est à chercher ailleurs. Ce qui n’est pas «logique» en revanche c’est «de changer le même article à chaque fois», analyse l’invité du Forum du Courrier d’Algérie. «Quand on n’offre pas un environnement, les hommes et le temps nécessaire à une loi, son application sur le terrain devient très difficile. Maintenant, s’il y a lieu un dysfonctionnement d’un article, il faut revoir les outils de travail qui ont été mis en place. En fait, ce n’est pas uniquement la loi de Finances qui est concernée par la révision et la modification, il y a le Code du commerce, le Code de l’importation et des exportations et plein d’autres lois liées à l’économie algérienne», dira l’orateur.
Pour appuyer ses propos, Semmari a évoqué, à titre d’exemple, «des erreurs commises» à travers la suspension et peu après la ré-autorisation à l’importation d’une liste de 851 produits. «C’était une erreur, car on ne peut pas développer l’économie à l’imprévisible», pense l’ex-ministre sous le gouvernement Benflis. Au lieu en quelque sorte d’aborder un projet sur lequel il ne juge pas de la priorité de porter des changements, Semmari voit au-delà et défend plutôt la pertinence des textes en vigueur, si non leur applicabilité sur le terrain. «Le problème de cette situation ne se repose pas dans l’ancrage juridique, notre problème c’est l’administration. Je le dis et je le répète ! Maintenant, je veux connaitre le rôle des walis, le rôle de la commune et celui de tous les responsables publics», a-t-il soulevé une salve d’interrogations sur lesquelles il attend peut être des réponses de la part des autorités.
«Vous savez, nous avons environ 15 secteurs liés directement à l’économie nationale et les résultats ne sont pas encore à la hauteur. Est-ce que notre potentiel humain est en cohérence avec ces lois ? Là, franchement, je ne le pense pas. Pour moi, la révision de la gestion de nos administrations est nécessaire, la réhabilitation de nos cadres est importante pour les rendre plus utiles. Car, dans les pays étrangers, ils sont mieux exploités qu’en Algérie», déplore Semmari.
Mohamed Wali

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