De retour à Paris après avoir été arrêtée par les forces israéliennes alors qu’elle tentait de briser le blocus de Ghaza à bord du navire humanitaire Madleen, l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan a été accueillie en héroïne, jeudi soir, sur la Place de la République. « Merci pour tout ! On brisera le blocus.
Rendez-vous vendredi pour l’arrivée de Yanis et Pascal, puis samedi grand rassemblement pour la Palestine ! » a-t-elle écrit sur son compte X (anciennement Twitter), appelant à poursuivre la mobilisation populaire. Devant une foule de soutiens rassemblée au cœur de la capitale française, où flottaient drapeaux palestiniens et pancartes appelant à la fin du siège imposé à Ghaza, Rima Hassan a pris la parole aux côtés de figures politiques de la gauche française, dont Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France Insoumise. Dans un discours chargé d’émotion et d’engagement, elle a rappelé le sens profond de leur action : « Le voyage de la « Madleen » était symbolique et humanitaire. Il visait à acheminer de l’aide vers Ghaza et à briser le blocus, politiquement et médiatiquement. »
Un arraisonnement dans les eaux internationales
Le navire Madleen, transportant 12 militants venus de France, d’Allemagne, de Suède, du Brésil, de Turquie et des Pays-Bas – parmi lesquels Rima Hassan et la célèbre militante écologiste suédoise Greta Thunberg – a été intercepté en mer par la marine israélienne, lundi 9 juin. Selon les témoignages recueillis, l’intervention s’est déroulée dans les eaux internationales, ce qui constitue, pour plusieurs juristes et experts, une violation du droit maritime. « Israël ne s’est pas contentée de nous arrêter. Elle nous a enlevés dans les eaux internationales, retenus dans des conditions humiliantes, et a tenté de nous faire signer un document affirmant que nous étions entrés illégalement sur son territoire – une manœuvre pour accélérer notre expulsion sans passer devant un juge », a dénoncé Rima Hassan.
Un retour sous tension
Le retour de la députée européenne n’a pas été de tout repos. Selon l’Agence France-Presse, le vol en provenance de Tel Aviv a été marqué par des tensions à bord, certains passagers ayant tenu des propos hostiles à son encontre. La situation a dégénéré au point que les services de sécurité ont dû la faire sortir par une issue secondaire à son arrivée à Paris, loin du circuit habituel, où ses partisans l’attendaient. La juriste italienne Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, a qualifié l’interception du bateau de « totalement illégale », et dénoncé les « conditions punitives » infligées aux activistes pendant leur détention en Israël.
Le soutien populaire grandit en France
La mobilisation autour de cette initiative ne cesse de prendre de l’ampleur. L’appel de Rima Hassan à un « grand rassemblement pour la Palestine » samedi à Paris promet d’attirer une foule importante.
Elle appelle également à accueillir les autres activistes encore en transit, notamment Yanis et Pascal, deux membres de l’équipage de la Madleen attendus vendredi. La campagne de solidarité avec la Palestine s’enracine profondément dans la société civile française, portée par des voix politiques, des ONG et de nombreux citoyens. Ce soutien s’inscrit dans un contexte où la guerre menée par Israël contre Ghaza continue de provoquer l’indignation internationale, avec des bilans humains catastrophiques et un blocus considéré par de nombreux juristes comme un crime contre l’humanité. Du côté sioniste, les autorités continuent de défendre leur intervention. Le gouvernement affirme que cette initiative relevait d’un « coup médiatique provocateur » et assure qu’aucune tentative similaire ne sera tolérée à l’avenir.
Cette position israélienne, loin d’étouffer la contestation, semble au contraire renforcer la détermination des défenseurs des droits du peuple palestinien. La tentative de briser le blocus par voie maritime, bien que stoppée par la force, a réussi à remettre sur le devant de la scène internationale la question du siège de Ghaza, en vigueur depuis plus de 17 ans. Elle ravive également les souvenirs de la flottille de la liberté interceptée en 2010, qui avait suscité une onde de choc diplomatique.
Avec sa voix claire et ferme, Rima Hassan incarne aujourd’hui une nouvelle génération d’élus européens engagés pour les droits humains et la justice au Proche-Orient. Son action s’inscrit dans une dynamique plus large, où les initiatives citoyennes, les mobilisations de terrain et les interpellations politiques cherchent à briser l’impunité dont jouit Israël depuis des décennies. En appelant à « briser le blocus », elle fait écho à des milliers de voix qui, à travers le monde, réclament la fin de l’isolement de Ghaza, la levée des obstacles humanitaires, et la reconnaissance pleine et entière des droits du peuple palestinien. Le rendez-vous de samedi Place de la République s’annonce comme un temps fort de cette campagne pour la Palestine. Un moment où solidarité, résistance et espoir s’uniront une fois encore sur le pavé parisien.
M. S.
