Le Syndicat national des taxis et transporteurs (SNTT) s’est indigné du fait que les transporteurs inter-wilayas ne sont toujours pas autorisés à reprendre d’activité comme cela est le cas pour les transports urbains et suburbains.
Dans un courrier adressé au ministre des Transports, rendu public hier, le SNTT a demandé à Lazhar Hani d’être leur « intermédiaire auprès du Premier-ministre » pour leur « rendre justice » et d’« autoriser les taxis et les bus de transport en commun inter-wilayas de reprendre l’activité ». Suite à l’épidémie de coronavirus et le confinement de la population imposé dès mi-mars dernier, tous les moyens de transport ont été interdits de circulation. Le 14 juin dernier, le gouvernement a décidé le retour en activité des taxis et bus de transports urbain et suburbain, dans le cadre de la deuxième phase du Plan de déconfinement, or, les transporteurs inter-wilayas ont été exclus. Depuis, c’est le flou total alors que les représentants syndicaux se trouvent impuissants de fournir des réponses aux multiples sollicitations et interrogations quotidiennes de ces transporteurs. En réelles difficultés et fragilisés par plus de six mois de chômage forcé, cette catégorie de transporteurs « bouillonnent », a alerté le CNTT. Selon ce syndicat professionnel, affilié à l’UGTA, « notre patience a atteint ses limites, – se plaignent ces transporteurs auprès de nous-. Nous sommes dans le besoin. Nous n’en pouvons plus. Notre situation ne cesse de s’empirer comme si le temps s’est arrêté pour nous : toutes les catégories de transporteurs ont repris le travail, sauf nous ». « En plus de cela, beaucoup issus des différentes catégories de transporteurs n’ont pas bénéficié encore de l’aide de solidarité aux familles en situation de précarité et vulnérables impactées par le Covid-19, encore moins de l’indemnité de 30 000 DA/mois, suite au décret exécutif n° 20-182 correspondant au 30 juillet 2020, publié au Journal officiel », poursuit le CNTT. Ce syndicat réclame donc au ministre des Transports d’interpeller le Premier-ministre pour « réparation de cette injustice » et d’« instruire les walis à l’effet de permettre à toutes les catégories de transporteurs de bénéficier de l’aide de 10 000 DA et des indemnités de 30 000 DA/mois ». Pour rappel, les mesures d’aide financières et fiscales annoncées par l’Exécutif en faveur des petits commerçants et métiers, soulagent la majorité des chauffeurs de taxi, mais la manière de leur gestion ne rassure pas forcément les syndicats du secteur. Présentées lors du Conseil des ministres tenues en juillet dernier, les nouvelles aides financières urgentes d’une valeur de 30 000 DA pendant 3 mois ont un objectif très clair : atténuer la pression et l’impact de la pandémie du coronavirus sur cette corporation qui n’a pas travaillé pendant plusieurs mois. Mais la répartition de ces aides à la manière dont les premières aides en faveur des ménages démunis ont été faites, pose des problèmes sanitaires quant à la propagation du virus. « Nous souhaitons que la nouvelle aide ne soit pas distribuée dans les mêmes conditions que l’aide de 10 000 DA. Cette dernière a été octroyée dans des conditions pénibles et distribuée à Chemin-neuf [rue de 1er mai] au parking de l’ETUSA. Des milliers de taxieurs algérois se rassemblent là-bas pour y voir leur nom sur une liste affichée afin de recevoir leur mandat. En l’absence du respect de toute distanciation, cela favorise la propagation du virus », a déploré Sid-Ali Naït Lhocine, membre de bureau de la Coordination des chauffeurs de taxi de la wilaya d’Alger. Pour lui, il faut confier la gestion de la distribution des mandats et des nouvelles aides financières aux collectivités locales (APC) de résidence des chauffeurs de taxi en coordination avec les maires, car il y a moins de densité humaine, par rapport à la direction des transports, qui gère actuellement ce dossier. « L’opération telle que gérée actuellement par la direction des transports ne répond pas au nombre important de taxis, notamment dans la Capitale. Il n’y a pas assez de fonctionnaires et la durée d’attente est trop longue. La gestion par les APC nous évitera les rassemblements inutiles. Il est invraisemblable qu’un conducteur contracte le Covid-19 pour 30 000 DA », explique-t-il. La CCTWA appelle ainsi à entamer un dialogue avec les autorités concernées afin « d’arriver à des solutions adéquates et d’aider les taxieurs à obtenir ces aides dans les meilleures conditions possibles ».
Hamid Mecheri