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Les séniors à l’assaut de la téléphonie mobile : l’allô à la bouche !

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L’image relevait, il y a quelques années, du surréalisme, du vrai surréalisme, celle de cette femme juchée au sommet d’un olivier, en haute montagne, rompant la cueillette des olives, pour «s’oublier» à discuter longuement au téléphone avec sa fille établie à El-Taref, loin, très loin de sa terre natale, la Kabylie.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) ont véritablement bouleversé la société à travers la transformation de fond en comble de bien des comportements et d’us que l’on croyait inamovibles. Et cette mutation est loin de constituer la chasse gardée des nouvelles générations, à la page des nouvelles avancées technologiques, puisque la vieille garde s’y met également, quoique, il est vrai, avec des brins de nostalgie. Ainsi, l’image qui relevait, il y a quelques années, du surréalisme, du vrai surréalisme, celle de cette femme juchée au sommet d’un olivier, en haute montagne, rompant la cueillette des olives, pour «s’oublier» à discuter longuement au téléphone avec sa fille établie à El Taref, loin, très loin de sa terre natale, la Kabylie, est loin de constituer un cas «isolé».
Tant s’en faut car, des Nna Tassadit, puisque c’est de cette sexagénaire qu’il s’agit, il y en a beaucoup et partout. Il n’y a point d’étonnement à entendre un vieil homme ou une vieille femme retirer le magique téléphone portable de la poche ou du sac et entamer aussitôt une discussion avec un proche ou un ami, ceci que ce soit dans le bus, dans le taxi, sur le trottoir, chez le médecin ou l’épicier du coin. Ceci quand ces mêmes vénérables monuments vivants ne vous sollicitent pas, qui pour composer un numéro porté sur un bout de papier ou un répertoire, qui pour un quelconque petit souci technique. Mais comment agit cette vieille garde pour se servir de cet appareil magique ? Comment, surtout, a-t-elle finit par l’adopter, elle qui s’en méfiait à son lancement, comme s’il s’agissait d’une invention démoniaque ? Le temps et la pratique aidant, nos ainés ont fini par saisir toute l’utilité d’un pareil instrument, facilement transportable en poche, mais qui vous permet de parler à quiconque et à tout moment, même s’il se trouve à l’antipode, mais aussi de rester joignable, même juché au sommet d’un olivier centenaire.
Au diable vauvert, ce que voyant, les petits « soucis techniques » qui peuvent occasionnellement accompagner le maniement d’un appareil aussi « rétif » aux vieilles générations. Nna Taoues, comme doivent procéder beaucoup de ses semblables, a trouvé une astuce imparable, lui permettant de reconnaître en un clin d’œil ses appelants, et de localiser en un laps de temps aussi court ceux qu’elle désire elle-même joindre : elle a tout simplement accompagné le numéro de chacun de ses correspondants, d’une image. Et voilà, le tour est joué. Aucun moyen de se tromper. Ni d’être dépendant d’une petite fille hautaine, voire condescendante, parce que l’on ne sait pas lire, ou plus grave encore, que notre vue a sensiblement baissé. Mais il y a aussi ceux qui refusent (encore) les appareils les plus récents, avec leurs écrans tactiles, leurs appareils photos, leurs internet mobile. C’en est trop là ! Déjà que le fait de parler à quiconque de n’importe où relève en soi du miracle… Alors, pour ces « vieux branchés », un téléphone à clavier classique suffit amplement.
Là encore, l’astuce qui permet de reconnaître ses correspondants est d’une simplicité déroutante. Ah, de quel génie peuvent se draper nos vieux, en sus de leur burnous pour les hommes et leurs melaya ou hayek meramma pour les femmes ! C’est ainsi que beaucoup d’entre eux en sont arrivés à définir leurs contacts par des signes cabalistiques dont ils sont les seuls à connaître le sens. Et hop, une étoile pour le fils exilé en France.
Un arbre pour le mari parti travailler aux champs. Un mouton ou une chèvre pour cette belle fille qui refuse toujours d’entendre raison. Un vélo pour le petit fils toujours pressé, et défonçant tout sur son passage, pareil à l’ouragan qu’était son père avant lui. Finalement, avec nos ainés, la beauté réside dans le fait qu’on a la technologie qu’on veut, pas celle qu’on peut. Qui dit mieux !

Par Hacène Naït Amara

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