Sofiane Djilali : «Une commission de personnalités pour mener les discussions du dialogue»
Certes, le peuple a pu garder, durant le mois sacré, la cadence des manifestations, malgré le jeûne et la chaleur, en restant fidèle à son mouvement et ses revendications jusqu’à leur aboutissement par l’édification d’un État de droit démocratique. Des acquis ont été obtenus mais il en reste bien d’autres. Les Algériens demeurent déterminés d’ailleurs à ne pas céder ou arrêter leurs actions de protestations jusqu’à l’aboutissement de leurs demandes.
Dans la foulée des marches de vendredi, la question est de savoir ce qui est attendu de la prochaine 16e manifestation de suite. Interrogé, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, donne sa lecture : «Il sera une preuve de la mobilisation des Algériens», indique-t-il. Pour lui, le 16e vendredi «prouvera au monde entier, une autre fois, que les Algériens sont restés mobilisés, exigeant le changement profond et réel du régime actuel». Notre interlocuteur a réaffirmé que le peuple sera au rendez-vous, autrement «les Algériens resteront totalement unis sur cet objectif de rester mobilisés».
Selon Djilali, le peuple exige maintenant une solution «sérieuse» et un passage «concret» vers une solution. En ce qui concerne la prolongation du mandat de Bensalah, il estime qu’«il ne veut plus de ce jeu malsain qui consiste juste à attendre que le mouvement s’essouffle. Il faut qu’il y ait des concessions de la part du pouvoir sinon on n’avancera pas», suggère le président de Jil Jadid.
Réagissant à l’annonce du le Conseil constitutionnel portant «impossibilité» de tenir les élections du 4 juillet, Djilali estime, dans un communiqué, qu’il s’agit «une autre victoire d’étape sur le chemin du changement de régime». Le président de Jil Jadid a préconisé ensuite «une commission formée de personnalités au-dessus de tous soupçons et qui soient mandatées pour mener les discussions avec les différents partenaires du mouvement populaire. Pour apporter le crédit et la garantie de la mise en œuvre des conclusions de ce présumé dialogue, des représentants de l’Institution militaire devraient en faire partie».
Djilali estime que les négociations «devraient concerner la loi électorale, la loi sur les partis politiques et les associations ainsi que celle régissant les médias». «Enfin, la mise en place d’une commission indépendante qui aura la haute main sur l’ensemble du processus électoral restera la pierre angulaire pour un nouveau régime», ajoute-t-il. Par ailleurs le même responsable politique appelle la classe politique à «unifier ses propositions face au pouvoir», dégageant deux thèmes principaux à savoir l’organisation d’une élection présidentielle qui serait suivie d’une élection législative avec pouvoir constituant. « À charge pour tous de soutenir le ou les candidats souscrivant officiellement à cette démarche», conclut-il.
Gheres Fethi du MDS : «Le peuple a élaboré sa feuille de route »
Pour Fethi Gheres, coordinateur national du MDS, «les Algériens ont tracé la feuille de route de sortie de crise». Ils veulent, cependant, selon lui, «aller vers une transitions sans les tenants du pouvoir actuels». D’après notre interlocuteur, les citoyens vont continuer à sortir et marcher tout en gardant le pacifisme jusqu’à l’aboutissement des revendications. «Ce vendredi sera un prolongement des autres vendredis», a-t-il analysé. Et à lui, enfin, d’ajouter que « les enjeux du pouvoir, on les connait bien, même le peuple les connait. Ils ne vont pas céder devant ces enjeux», ajoutant qu’«on demande le départ de tout le système pas seulement les «3 B». Il faut aller vers une transitions démocratique ».
Propos recueillis par S. O.