Entre fiction inspirée par les heures sombres de la fin de la colonisation française en Algérie et film d’action empruntant ses codes au cinéma américain, le long métrage « Les portes du soleil », du réalisateur français Jean-Marc Minéo, conjugue scénario improbable et casting surprenant pour divertir le spectateur. Ce film qui a pour cadre la ville d’Oran, raconte l’histoire de Jawed, un policier campé par l’Algérien Zakaria Ramdane, chargé d’infiltrer les milieux interlopes de la capitale de l’Ouest pour contrecarrer les projets d’attentat de Slimane, un « pieds noir » revanchard (interprété par l’humoriste français Smaïn Faïrouze ) qui a reformé l’organisation terroriste française OAS.
Embauché comme plongeur au « Pharaon », un night-club que Slimane veut s’approprier, Jawed va s’imposer grâce à sa maîtrise des arts martiaux et déjouer les projets criminels de Slimane, déterminé à « reprendre la terre de son père » en préparant des actions terroristes en pleine festivités du cinquantenaire de l’indépendance algérienne. Pour illustrer cet affrontement entre le « bon » policier et le « méchant » terroriste, thème classique des films d’action, le réalisateur a introduit une série de personnages secondaires (patron de boîte de nuit, videurs aussi violents qu’écervelés, etc), notamment celui de Sanya, « bras armé » de Slimane joué par la chanteuse française de variété pour adolescentes, Lorie Pester. Cette dernière, métamorphosée en tueuse impitoyable et traumatisée par les sévices sexuels subis durant son enfance, s’est montrée très convaincante dans son interprétation, de l’avis de nombreux spectateurs de la salle Ibn Khaldoun (Alger-centre) où le film a été projeté jeudi à la presse. L’ex-champion du monde de boxe, l’Américain Mike Tyson, pourtant présenté comme tête d’affiche, ne fait, en revanche, qu’une très brève apparition, de surcroit inexplicable. Avec un scénario (écrit par le réalisateur) redondant et pauvre en rebondissements, une exagération d’effet visuels et sonores, et des cascades rudimentaires, « Les portes du soleil » a du mal a tenir le spectateur en haleine. Cet indigence se trouve cependant atténuée par les nombreuses scènes de combats qui constituent un des points forts du film, notamment grâce à l’acteur principal, inscrit au « Guinness book des records » en 2000 pour ses performances en arts martiaux.
Une «OAS bis» des moins convaincantes
Jean-Marc Minéo surprend également dans sa manière de présenter la version 2012 de l’Organisation de l’armée secrète: dirigée par un Smaïn très crédible dans son interprétation, elle reste peu convaincante à cause de la composition du reste de ses membres, des criminels, campés parfois par des acteurs noirs, « recrutés dans toute l’Europe », et habillés en majorité en tenues traditionnelles sahariennes. Invité lors du débat après la projection à expliquer ce choix, très éloigné de la vérité historique dans la représentation de cette organisation d’extrême droite, le réalisateur a dit avoir voulu éviter « une forme de documentaire » et ne pas insister sur « une opposition politique » entre les protagonistes du film.
« Peu de jeunes savent aujourd’hui ce qu’a été l’OAS », dira-t-il pour expliquer ce choix scénaristique, abordé comme « un substrat (narratif) » pour « justifier » la « folie » du méchant de son film, a soutenu le cinéaste qui parle pourtant de sa « fierté » de « montrer un héros algérien » auquel les « Maghrébins de France » pourraient s’identifier. Produit par l’acteur principal du film « Les portes du soleil » (sous titré « Algérie pour toujours ») sera distribué dans plusieurs pays dont la France, le Japon, les États-Unis et la Russie, a indiqué Zakaria Ramdane. Il sortira le 18 mars, à Alger et à Oran.