Deux petits stages et puis rien. L’abandon qui ne dit pas son nom. Hibernation puis le réveil. Dur. Un détour par l’Angola à valeur de symbole. La confirmation que le temps est au bricolage. Quatre revers pour le dire. Rien à redire.
Craintes confirmées
Point de miracle. Combien étaient-ils à y croire vraiment ? Pas beaucoup. Personne. A part peut-être les responsables d’une débâcle attendue et dont n’avait nul besoin une discipline comptant les mauvais coups. En chute libre. La sélection nationale féminine de handball a fait finalement long feu à Luanda (Angola) où se déroule la 22e coupe d’Afrique des nations, (28 novembre au 7 décembre, soit demain, jour prévue pour la grande finale) en alignant un triste bilan. Quatre défaites de suite et bien des humiliations. Pour leur 17e apparition au tournoi continental de la discipline, les Algériennes ont rarement convaincu en se présentant dans la peau de victimes expiatoires (avaient-elles seulement les moyens de faire valoir d’autres ambitions, en imposant, par exemple, un rôle d’outsider n’existant finalement que dans les esprit de ceux qui les ont carrément envoyées à la punition) et voient, dès leur première apparition et en toute logique, leur horizon s’obscurcir avant de baisser pavillon et de quitter la compétition sur la pointe des pieds. Dépassées par les évènements, les filles au duo Semir Zuzo et Zoheir Guernane, sans commune mesure avec le niveau et l’allant leur ayant permis de terminer au pied du podium une édition auparavant (c’était à Alger et devant un public de Harcha de folie en 2014), accouchent à l’arrivée d’une copie catastrophique, en s’arrêtant net en quarts de finale. Un cap qu’elles doivent plus au règlement de la compétition qu’à la valeur d’une sélection promenée en long et en large (trois revers cinglants et des prestations à oublier au plus vite) par leurs différentes adversaires d’un premier tour qu’on croyait à leur portée. Parvenue donc au pied du dernier carré (une mission plus que compliquées, relevant même de l’impossible en raison de la valeur du vis-à-vis, l’Angola, pays organisateur et incontestable N°1 africain depuis plus de deux décennies, au palmarès incomparable), Nabila Tizi et ses coéquipières, devant plus fortes, couleront corps et âme en concédant une nouvelle correction (un 42-19 sans appel et ne souffrant d’aucune contestation) confirmant, si besoin est, l’écart de niveau et le travail à fournir pour espérer retrouver un jour le sommet de la hiérarchie continentale. Abandonnées donc à leur sort, les Feriel Aït Ahmed et autres Sarah Azzi, Dounia Haouam ou Layala Hadi, n’ont eu (c’était insuffisant lorsqu’on jette un coup d’œil sur les énormes progrès accomplis par les autres nations) que leur courage à faire valoir avant de se rendre à l’évidence de la forte concurrence, le premier tour (balayées en guise d’entrée, 25-19 par le Congo, puis la Guinée sur le score de 24-17 avant une belle réaction devant le voisin tunisien, tenant du titre et, sans surprise, un des favoris au sacre final quand bien même la différence au tableau d’affichage paraît minime, 27-21) confirmant nos craintes de départ.
Silence, on bricole
Loin de briller, les Vertes en verront des vertes et des pas mûres, et craqueront face au pays hôte dans une explication virant au cauchemar. Un match «référence» et tombant (bien au-delà de la défaite, nos filles ont dû certes en rougir mais cela leur servira à grandir, en apprenant notamment de leurs défauts en termes d’expérience, la différence s’étant faite à ce niveau) à point nommé pour rappeler à nos responsables, qui doivent en assumer l’entière responsabilité, qu’on ne peut indéfiniment jeter en pâture des jeunes filles dont le seul tort (on dira mérite, pour notre part) est d’avoir accepté de relever de tels défis. Une mission casse-cou dont elles devraient payer les contrecoups sur le plan mental. Que reste-t-il de la formidable aventure de janvier 2014 et ces matches de haute facture sortis avant tout des tripes d’une équipe qui aura pour seule arme (on aura oublié, au plus fort de la victoire de nos garçons, de dire que la discipline n’était plus ce qu’elle était, que les filles ne figuraient que rarement dans les priorités en ne bénéficiant pas de l’attention voulue, et la virée angolaise est là pour le souligner) le soutien indéfectible d’un public en or et qui pèsera de tout son poids dans la réussite de l’édition algéroise. Après cette participation à inscrire au registre des scandales de la structure en charge d’une discipline ayant perdu de son aura, des langues vont se délier (y aura-t-il quelqu’un pour les entendre et sauver ce qui reste à sauver ?) pour remettre sur le tapis les sempiternelles questions de préparation, celle ayant précédé le rendez-vous de Luanda, où l’image de marque (on sait maintenant le résultat) de l’Algérie était engagée, n’étant pas un modèle dans le genre. Pas du tout à la hauteur de l’évènement comme le prévenait, bien avant le départ d’Alger de la délégation, le staff technique qui bénéficiait (une épée dans l’eau vu le contexte et temps imparti), à l’occasion, du renfort d’un technicien étranger (le Franco-Serbe Semir Zuzo, pour ne pas le nommer, la question qui se pose aujourd’hui est s’il survivra à la débâcle générale) dont on n’aura pas senti l’apport, encore moins la griffe même s’il bénéficie de larges circonstances atténuantes liées directement au manque de moyens et le retard accusé dans la préparation, la sélection sortant par ailleurs d’une longue hibernation de près de quatre années.
Merci quand même !
On rappelle les propos tenus par le staff au moment où l’on préparait les bagages et un voyage vers l’inconnu et qui se désolait que le programme de préparation n’a pas suivi : «La CAN ne se prépare pas avec deux stages où il n’y avait même pas la totalité de l’effectif» regrettait-il avant d’ajouter que «même si notre mission en Angola sera très difficile, nous allons faire le maximum pour honorer les couleurs de l’Algérie». La suite, on la connaît. Quatre gros revers d’affilée et la bizarre impression que le bricolage (les deux stages de préparation effectués respectivement au Portugal du 4 au 14 octobre, suivi de celui de France du 14 au 22 novembre n’auront servi qu’à entretenir l’illusion que l’on travaille) s’installe désormais en maître absolu des lieux et que la discipline n’a pas fini de manger son pain noir. A qui la faute ? Sûrement pas à ce jeune effectif auquel le renfort de huit joueuses d’expérience évoluant dans l’Hexagone n’a servi à rien, la mayonnaise, pour des raisons évidentes de précipitation, n’ayant pas pris au coup d’envoi de ce qui tournera à la mission suicide. Un effectif parmi lequel figurait des éléments ayant pris part, en 2015, à la campagne kenyane (CAN U20) et qui tardent à s’affirmer faute de suivi. Nos courageuses Vertes reviennent à la maison certes la tête basse, mais et savent qu’elles ne seront pas accueillies en grande pompe ni ne passeront par le salon d’honneur, mais ont peut-être gagné le respect du public pour avoir accepté d’aller se frotter à plus fortes dans une compétition des plus exigeantes. Exige de meilleurs moyens. De la considération tout simplement. A ce niveau et sur ce chapitre, force est de constater toute la faillite d’un système. A ce rythme, le handball algérien, jadis respecté et redouté, n’en finit pas de dégringoler. Une autre leçon à méditer. Merci les filles de le rappeler. Tout le monde retiendra votre courage et l’amour des couleurs.
A. A.