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LE SOUDAN ROMPT SES RELATIONS DIPLOMATIQUES AVEC LES ÉMIRATS ARABES UNIS : « C’est un État agresseur »

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Les Émirats arabes unis sont accusés par Khartoum de fournir des armes sophistiquées aux paramilitaires des FSR contre l’armée régulière soudanaise. Abu-Dhabi aurait du sang sur les mains de dizaines de milliers de morts. 

Le gouvernement soudanais semble épuiser toutes les voies de recours diplomatiques possibles, sachant qu’il n’a cessé, depuis plusieurs mois, à mettre en garde en prenant à témoin la communauté internationale, contre « l’ingérence » des Émirats arabes unis dans les affaires du Soudan. C’est-à-dire, le soutien d’Abu-Dhabi aux paramilitaires des Forces de soutien rapide opposées aux forces régulières soudanaises.  Hier, le gouvernement soudanais, dirigé par le président de transition Abdel Fattah al-Burhan, a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec les EAU, qualifiant le pays de Mohammed ben Zayed Al-Nahyane d’« État agresseur ». La décision a été annoncée par le ministre de la Défense Yassin Ibrahim dans un discours prononcé à la télévision soudanaise. Ce dernier a accusé nommément Abu-Dhabi de « violer la souveraineté » du Soudan en fournissant des armes aux paramilitaires des FSR, en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023. « Le monde entier suit depuis plus de deux ans le crime d’agression contre la souveraineté du Soudan, son intégrité territoriale et la sécurité de ses citoyens, commis par les Émirats arabes unis via leur affidé local », a déclaré Yassin Ibrahim, accusant les Emirats d’avoir fourni « des armes stratégiques sophistiquées ». Pour Khartoum, « Lorsque les Émirats arabes unis ont constaté la défaite imminente de leur vassal face à nos forces armées (…) ils ont intensifié leur soutien », a accusé le ministre de la Défense, assurant que le Soudan « répondra à cette agression par tous les moyens nécessaires pour préserver la souveraineté du pays ». 

Il y a lieu de souligner que la décision de rupture intervient au lendemain du rejet notifié par la Cour internationale de justice (CIJ) de la plainte introduite par le Soudan et dans laquelle il a accusé Abu-Dhabi de « complicité de génocide » dans la province occidentale du Darfour, et ce à cause de son « soutien présumé » aux FSR, dirigées par le général Mohamed Hamdan Dogolo. La CIJ s’est déclarée « incompétente » pour statuer et les EAU qui ont toujours démenti « toute implication » dans le conflit ont salué cette décision. Depuis son déclenchement il y a un peu plus de deux ans, ce conflit a tué des dizaines de milliers de personnes et poussé au déplacement de plus de 10 millions de personnes. 

Jusqu’à hier encore, le Port-Soudan, qui abrite le siège provisoire du gouvernement, essuie, depuis trois jours, une salve de frappes de drones visant des infrastructures stratégiques, notamment aéroport, base militaire, dépôts de carburants, station électrique, etc. En novembre 2024, Khartoum a mis fin à un accord estimé à 6 milliards de dollars avec les EAU pour le développement d’un port de la mer Rouge à cause justement de l’ingérence de Abu-Dhabi.

Farid Guellil 

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