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Le rouge est mis d’entrée en guise de vœux du Nouvel An / Violences dans les stades : bons baisers de Jijel

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Les années se suivent et se ressemblent dans notre football. La preuve par un passage de témoin en tous points identique entre 2018 et 2019. Sous le signe du déjà vu.

Ainsi, et dans ses dernières heures, dans un ultime souffle, l’année qui vient de nous quitter (sans regrets) ne manquera pas d’avertissements à partir de Lakhdaria à l‘occasion d’un match de Coupe d’Algérie, qu’on pensait somme toute banal avant que le public local, mauvais perdant, ne réagisse négativement, violemment même, en s’adonnant à un sport favori chez nous après chaque match perdu. Le CSC, vainqueur logique du jour, ne gardera sûrement pas que de bons souvenirs de sa virée. Tout comme le MC Alger, un autre sociétaire de la «Une» qui aura eu toutes les peines du monde pour quitter la ville de Jijel, mise sens dessus dessous par des supporters dont la place est ailleurs que dans un stade. Résultats: beaucoup de frayeurs, des blessures et des destructions. 2019 alors ? On sait ce qui nous attend et rebonjour les dégâts. Bonne année ? On craint le pire.

Des dangers à tout bout de champs
Comme un air de gueule de bois. Jijel et les supporters de Village Moussa pour le souligner. A trop, peut-être, rêver debout d’un miracle. Qui n’aura pas lieu puisqu’il n’aura pas fallu beaucoup de temps (pas plus de trois petites minutes avec l’ouverture du score et un peu moins d’une demi-heure avec le troisième but du Mouloudia, sur un auto-goal pour boucler la boucle) avant que les sociétaires du troisième palier de la hiérarchie nationale ne se rendent à l’évidence qu’il n’y avait pas de place à une éventuelle remise en cause. Une entrée en matière calamiteuse et une différence de niveau palpable annonçant une véritable correction. Sauf que le public de la jolie enceinte Rouabah-Hocine, qui connaîtra de grosses dégradations, en décidera autrement en précipitant la fin du calvaire. D’une partie se dirigeant doucement, mais finalement pas sûrement, vers une démonstration de force des Rouge et Vert algérois qui prendra la direction des opérations dès le coup d’envoi afin de se mettre à l’abri d’une possible surprise, l’épreuve-reine, qui nous a habitués à des pieds de nez magistraux, mettant généralement ses soupirants sur le même pied d’égalité. 3e, 17e et 30e minutes : le match est plié, les jeux bel et bien faits, la hiérarchie respectée. S’ensuivent alors de longs arrêts de jeu avant la fin de la 1ère mi-temps. Sauf que le directeur de jeu, l’arbitre Bouzerar, pour cause d’insécurité, renverra les deux formations aux vestiaires. Avant terme et pour de bon. Fin de match et des scènes de fin du monde. D’abord dans les tribunes puis sur le terrain, avant que des scènes d’émeute n’éclatent autour du stade pour se généraliser dans les rues et ruelles de la ville. Pourquoi tant de haine et de casse. Pourquoi, pourquoi, pourquoi. Une question lancinante restée sans réponse. La question majeure que l’on se pose chaque week-end, à chaque fin d’étape porteuse de dangers. Houleuse. Avec son lot de désagréments et de dépassements violents. Fin de 2018 à Lakhdaria (les responsables du club phare de Cirta, les champions d’Algérie en titre, ont dénoncé vigoureusement le guet-apens dans lequel leurs équipe et supporters sont tombés et le mauvais traitement qui s’en suivra), comme pour prévenir que dans ce registre, la partie n’est jamais finie et que le pire est toujours devant nous, débuts de 2019 (cahoteux) et cette conviction partagée par tous les amoureux du beau jeu et de l’esprit sportif (beaucoup ont fini par baisser pavillon et mis les pantoufles en désertant les travées depuis longtemps, pour se rabattre sur le petit écran et le plaisir sans fin d’un spectacle sans pareil renvoyés par les images venues du ciel) qu’il n’y a plus rien à attendre de beau de ce jeu à onze à l’algérienne gangréné par des pratiques d’un autre âge.

Toujours prêts à en découdre
D’une autre époque où les règles du jeu sont bafouées, les limites du décent plus que souvent dépassées, le respect du fan jamais garanti. Sa sécurité notamment. De pseudo-supporters jijelis, croyant peut-être un peu trop au Père Noel (par exemple épingler à leur tableau de chasse un sigle historique, un des monuments du football national à l’occasion de la plus prisée, la plus populaire de nos compétitions, Dame Coupe, pour ne pas la nommer, et son irrespect de la logique) avaient-ils le droit d’entrer dans la «légende» de l’épreuve-reine d’une manière aussi violente? À quoi exposent-ils leur club et quelle sera la nature (la lourdeur surtout) de la sanction que s’apprête à prendre la commission d’organisation de cette compétition qui nous a habitués à mieux? Si l’on peut préjuger à l‘avance que les responsables de la Faf auront la main lourde et frapperont d’une main de fer, rien n’est moins sûr quant au désordre annoncé d’entrée d’année (2019 sera-t-elle, et la question est inévitable, plus violente que ces devancières ?) en franchissant de nouveaux paliers dans la folie furieuse de fans faisant le déplacement des stades pour le simple plaisir de casser l’autre. D’en découdre avec tout le monde, les tribunes se transformant depuis longtemps en exutoire où les jeunes, pour la plupart des laissés-pour-compte, viennent rendre compte de leur mal-être et de leurs frustrations. En cette année d’élection présidentielle, Jijel, une étape comme bien d’autres avant elle, a pris le relais et prévient, à coups de jets de projectiles en tout genre, que le choses vont se compliquant dans un football national si avare en bonnes performances, est mal parti malheureusement. Parti pour hanter nos nuits déjà bien agitées. En plaçant la barre très haut dans une violence endémique n’épargnant personne. Au moment où le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, a indiqué tout récemment, à partir de Tizi Ouzou, que «des états généraux d’évaluation» de toutes les disciplines sportives pratiquées dans le pays se tiendront à «court terme», le mal N°1, la violence dans nos stades, a certainement de beaux (on s’excuse pour le terme) jours devant lui et se propage comme une trainée de poudre, les disciplines dites mineures n’échappant pas à la tendance, nos salles explosant pour le moindre fait arbitral.

Argent et maux profonds
Dans son allocution dans la capitale du Djurdjura, le 1er responsable de la tutelle assurait que ces assises, qui seront ouvertes aux différents acteurs sportifs et tous ceux qui peuvent apporter un plus, «serviront à évaluer la situation et l’état de toutes les disciplines sportives, collectives et individuelles, pratiquées dans notre pays et à travailler à créer un système de compétition professionnelle», a indiqué le ministre. Et nous retiendrons (merci pour la précision M. le Ministre), ici, le terme (inexact ou utilisé à mauvais escient dans le cas qui nous intéresse) «professionnel» quand il parlera de compétitions qu’il sait pourtant dévoyées, minées par des maux profonds auxquels trouver des solutions relève presque de l’impossible. À titre d’exemple (le meilleur parce que tout frais) le document final du symposium sur le renouveau du football algérien qui lui a été remis avant son déplacement dans la ville des «Genêts», et dont l’opinion ne sait presque rien. On saura, entre autres, que les recommandations «seront prises en charge» et que son département «est prêt à aborder les différents axes» qui peuvent contribuer à améliorer l’état du sport roi. On notera (juste rappel et ça peut ne servir à rien) que le ministre a plaidé pour l’élaboration d’une «stratégie et une démarche qui vont avec l’aboutissement du processus de professionnalisme qui est irréversible». Il restera à «faire le constat, évaluer la situation, préserver ce qui a fonctionné et prendre en charge ce qui ne l’a pas été», promet-il au passage en préconisant, dans la foulée, de «réfléchir à d’autres modèles de financement.» L’argent, comme nerf de la bataille, ou la priorité des priorités. Un argent qu’il faudra aller puiser des poches d’un malheureux contribuable écrasé comme rarement par un quotidien lourd à porter et une inflation dure à supporter. La violence et son corollaire, ses graves répercussions sur l’ordre public ? On en reparlera au prochain déversement de haines. D’ici là, on pourra tourner la page, faire mine d’oublier que tout va mal. En croisant les doigts et espérer qu’il n’y aura pas (comme par enchantement) de prochaines fois. Qu’il n’y aura surtout pas mort d’homme. Merci Jijel de rouvrir le débat. Merci, à l’avance, les responsables de notre sport en général et notre football (par qui tous les malheurs sont arrivés) en particulier, de réfléchir à la méthode idoine d’extirper le mal. Mais depuis le temps qu’on fait mine de réfléchir…
Par Azouaou Aghiles

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