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Le relogement des habitants de la cité Erramli a pris fin hier : Près de 1 500 recours déposés

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La lutte contre l’habitat précaire se poursuit dans la Capitale. Entamée depuis juin 2014, cette opération a permis à des centaines de familles de bénéficier d’habitations décentes. Cependant, ce relogement ne fait pas que des heureux puisque certaines familles se retrouvent exclues et, souvent, «sans motifs mentionnés». Ayant touché auparavant des immeubles menaçant ruine, des quartiers vétustes, des chalets, des bidonvilles implantés dans différentes communes de la Capitale, le relogement a concerné cette semaine le plus grand site de constructions illicites situé à l’est d’Alger, plus précisément dans la commune de Gué-de-Constantine et communément appelé (Erramli). Ce bidonville qui regroupe plus de 4 000 familles est l’un des plus vieux sites de ce genre, où les conditions de vie sont extrêmement pénibles. Comme déjà mentionné, le recasement dans ce site a, donc, commencé mercredi dernier et a pris fin hier. L’opération a été réalisée en trois phases, tenant compte du nombre très élevé d’habitants s’y trouvant. Sur place, des baraques étaient déjà démolies alors que leurs anciens occupants ont vidé les lieux. Ces derniers ont certainement rejoint leur nouvelles maisons ou peut-être pas. La tournée que nous avons effectuée, hier, dans ce bidonville, nous a, en effet, permis de découvrir une autre facette de cette opération de relogement qui devait, normalement, apporter de la joie aux milieux des habitants. Hélas, ce n’était pas le cas pour près de 1 500 familles qui se sont retrouvées exclues. Les cas que nous avons approchés, en tout cas, attestent à l’unanimité qu’aucun motif n’a été donné concernant leur exclusion de la liste des bénéficiaires. Bien que remplissant toutes les conditions et n’ayant bénéficié auparavant d’aucune aide de l’État, ces familles ne comprennent pas les raisons de ces décisions qui les priveront de toits décents, tant attendus. Mohamed un sexagénaire et père de 6 enfants est l’un des cas qui nous a interpellé. À notre arrivée au bidonville, ce monsieur a tout de suite capté notre attention tant qu’il montrait des signes de désespoir et de tristesse à la vue de ses meubles amassés à l’entrée de son gourbi alors qu’il savait que d’ici quelques heures ce dernier sera démoli et se retrouvera lui et sa famille à la rue. Approché, il confie que, contrairement aux autres, c’est le jour le plus triste de sa vie. «J’ai été arbitrairement exclu alors que je suis vraiment nécessiteux», dira-t-il. Pour appuyer ses propos, il nous propose de le suivre à l’intérieur de sa maison pour voir les conditions dans lesquelles il vit avec sa grande famille. La maison était, réellement, dans un état catastrophique sans commodité aucune. Des murs jonchés de taches noirs à cause de l’humidité. Un plafond troué qui laissait entrevoir la lumière, mais qui pourtant à l’hiver n’empêche pas les grosses gouttes de pluie de remplir la pièce. La cuisine n’était qu’un coin noir où même l’eau courante n’existait pas, sans parler des sanitaires qui ressemblent à tout sauf à ça. «Voyez-vous, on est en 2015 et des humains vivent dans des taudis pareils», nous lancera encore Mohamed abattu de voir deux de ses petits enfants encore dans le berceau auxquels il souhaite un avenir meilleur.« J’habite ici plus de 20 ans, j’ai dû supporter la rudesse des saisons parce que je n’ai nul part où aller», ajoute-t-il, en lançant un appel aux autorités de revoir son cas et de le sauver de sa misère. Même chose du côté de Youcef ,sauf que celui-ci ne dépasse pas les 21 ans. Avec un plâtre à son bras et des bleus partout dans l’autre, ce jeune garçon raconte sa tentative de suicide. Désespéré de voir sa famille traînée à la rue et la baraque leur servant de maison démolie de force, il essaye de mettre fin à ses jours en sautant du haut d’un pont. «On a été arbitrairement exclus du programme, ce n’est pas juste», lance-t-il en ayant les yeux larmoyants. Il faut dire, que la liste de ces familles exclues est assez longue, chacune son histoire et chacune sa vérité à vouloir faire entendre, mais le mal et le désarroi sont les mêmes. Accusant tantôt la wilaya tantôt le comité de quartiers, les protestataires considèrent que l’octroi des logements s’est fait dans l’opacité servant des intérêts personnels au détriment des vrais nécessiteux. Par ailleur, selon Beskri Nourredine, chargé de la cellule des dossiers de recours au niveau de la salle omnisport de la commune de Gué-de-Constantine, pas moins de 1 300 recours avaient été déposés depuis le commencement de l’opération de relogement. Il s’agirait d’après le responsable de personnes n’ayant pas trouvé leurs noms dans la liste des bénéficiaires pour des raisons diverses. Ces derniers devront présenter avec leur demande de recours des certificats prouvant leur résidence dans ce site, à l’exemple du reçu de paiement de la facture d’électricité ou des certificats de scolarité des enfants. Après la collecte de ces recours auxquels il a été consacré 6 guichets et plus de 10 agents, les dossiers seront transférés à la wilaya qui procédera à leur étude au cas par cas, indique notre interlocuteur. Il rassure, en outre, que la réception des recours se fera jusqu’au bout et les concernés peuvent se présenter à partir de 7h30 jusqu’à 8h du soir. Il convient de signaler que le bidonville disparaîtra totalement puisqu’il doit laisser place pour la réalisation de deux projets structurants pour la Capitale, à savoir le viaduc de Oued-Ouchayah et l’aménagement d’Oued El-Harrach.
Ania Nait Chalal

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