Le manifestant, Nadir Fetissi, qui a brandi l’emblème amazigh et contre lequel le procureur de la République près de la Cour de Annaba avait requis une peine de dix ans de prison ferme, a été finalement acquitté. C’est ce qu’ont annoncé les avocats de l’accusé avant que Karim Younès, coordinateur du Panel de dialogue et de médiation, ne s’en charge de confirmer l’information.
Lors d’une conférence de presse au siège du Forum civil pour le changement, Karim Younès a indiqué que le manifestant arrêté à Annaba pour port du drapeau amazigh lors des manifestations populaires « a été libéré », ajoutant que le concerné « passera l’Aïd el-Adha avec sa famille en attendant la libération des autres personnes détenues pour la même raison ».Il a, dans ce contexte, précisé que l’Instance avait demandé au chef de l’État, Abdelkader Bensalah, d’entreprendre des mesures d’apaisement en procédant à un changement de gouvernement.
« Actuellement, la principale revendication de l’Instance pour l’amorce du processus de médiation est la libération des détenus, l’arrêt de la violence exercée sur les manifestants, la levée des restrictions imposées aux citoyens voulant accéder à Alger tous les vendredis et l’ouverture du champ médiatique », avait récemment affirmé le Coordonnateur de l’Instance. Nadir Fetissi est un manifestant de 41 ans qui a été arrêté le 5 juillet dernier pour avoir porté l’emblème amazigh. Il était poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », en vertu de l’article 79 du Code pénal.
Cet article stipule que : «Quiconque, hors les cas prévus aux articles 77 et 78, a entrepris, par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire national, est puni d’un emprisonnement d’une durée d’un à dix ans et d’une amende de trois mille (3 000) à soixante-dix mille (70 000) DA. Il peut en outre être privé d’exercer les droits civiques, civils et de famille ». Plusieurs autres détenus sont poursuivis pour le même motif. La libération de ces derniers a été exigée comme préalable pour l’entame de ce dialogue national pour une sortie de crise, mais cette exigence a été rejetée par le pouvoir.
Bien que le Chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah avait fait part de son intention « d’inviter la justice à étudier la possibilité de libérer les personnes arrêtées pour raisons ayant une relation avec les marches pacifiques », le chef d’état-major de l’ANP a, quant à lui, rejeté catégoriquement ces préalables posés par le panel.
Cette position du pouvoir a mené à la démission de deux membres du panel, composés de personnalités mandatées pour mener la médiation en vue d’un dialogue national de sortie de crise politique. La libération de ce jeune manifestant pourrait ainsi être perçue comme une « volonté d’apaisement ».
Lamia Boufassa