Enfin une bonne nouvelle pour les ménages algériens, en ce début d’année de 2016. En effet, alors que les prix du carburant, de l’électricité et du gaz ont connu des hausses considérables, le prix de la viande blanche, a quant à lui chuté d’une manière vertigineuse depuis quelques jours.
Ainsi, le kilogramme de poulet est cédé entre 220 et 240 DA, contrairement à la fin de l’année 2015 qui a coïncidé avec la fête du Mouloud où les ménagères, pour celles qui avaient les moyens, le payaient à 450 DA/kg. Cette baisse est expliquée par l’offre qui a dépassé la demande.
Ainsi, en quelques semaines, le poulet a ainsi perdu près de la moitié de son prix, relançant une consommation, qui a « connu une forte augmentation ces dernières années », a déclaré un commerçant activant dans la commune de Kouba. Il nous a par ailleurs, affirmé que dans certaines villes de l’intérieur, il est cédé à 150 dinars le kilo. Dans le marché de gros, le prix du poulet est de 140 dinars, a fait savoir ce commerçant, qui s’approvisionne aussi bien auprès de coopératives que de particuliers. Cette baisse « soudaine » du prix du poulet vient confirmer que le produit fait l’objet de variations cycliques, difficiles à maîtriser. Entre autres, un vendeur de volaille du marché de Kouba nous a expliqué que « le poulet avait dépassé, il y a quelques mois, les 450 DA en raison de la pénurie, créee par une forte demande engendrant de facto une augmentation des prix. Mais impossible qu’il atteigne les 1000 DA. Seules les escalopes peuvent être aussi chères ».
Les principaux facteurs de cette baisse des prix sont nombreux : le surplus de la production et la cherté des aliments d’élevage de volaille qui oblige les éleveurs, parfois, à brader leurs produits. La loi de l’offre et la demande semble jouer un grand rôle ici. En effet, il convient de rappeler que de plus en plus de personnes, avec l’aide des formules CNAC et ANSEJ investissent dans l’élevage des poules de chair et des poules pondeuses. Il est à noter, en sus, que le manque de chambres de stockage oblige les aviculteurs à céder leurs produits à perte. Aussi, en général, la variation du cours de maïs et de soja est à l’origine de la hausse du prix de la volaille. L’élevage coûte cher, et seul les grandes productions sont rentables, nous explique le commerçant. Ainsi, le bonheur des uns fait le malheur des autres. En effet, même si les consommateurs se réjouissent de cette baisse des prix, les aviculteurs se retrouvent entre l’enclume de l’instabilité des prix aux marchés et le marteau de l’importation.
Seul lui paye les pots cassés et se retrouve parfois, dans l’obligation de quitter la filière. Quant à lui, un aviculteur avancera trois raisons pour expliquer cette baisse. Tout d’abord, il y a une baisse de la demande, puis une baisse de la mortalité due au facteur climat et enfin une meilleure production.
Sur ce dernier chapitre, en effet, les poulets sont de meilleure qualité (poids et chair du poulet). Cependant si la ménagère trouve son compte dans l’achat du poulet, il n’est pas certain que cela soit le cas de l’aviculteur qui doit faire face aux multiples charges de la production. En effet, en sus du prix de l’aliment qui ne cesse de grimper, il y a les taxes et les charges à payer. De l’avis de beaucoup d’aviculteurs, cette situation pourrait entraîner la faillite des éleveurs si la tendance à la baisse du prix du poulet se poursuit.
D’où l’intérêt de promouvoir la filière du froid pour permettre le stockage de la surproduction qui inéluctablement agira sur la stabilité du prix du poulet de chair à un niveau raisonnable aussi bien pour le producteur que le consommateur. Hélas, comme toutes les belles choses ont une fin, pour les mois à venir, la tendance risque de basculer vers le sens inverse, comme cela a toujours été le cas. Et pour cause, les éleveurs avicoles sont quasiment unanimes à reconnaître qu’ils s’apprêtent à réduire leur élevage dans les mois à venir, en attendant le relèvement des prix sur le marché. Cette situation provoquera une nouvelle flambée, qui mettra dans la gêne les bourses moyennes et fera revivre les situations difficiles lorsque le prix du poulet a frôlé il y a quelques mois les 450 DA/kg.
Lamia Boufassa