Lors de sa dernière rencontre avec la presse nationale, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas manqué d’aborder l’évolution de la situation en Libye et a tenu à réitérer la disponibilité de l’Algérie à poursuivre son appui au peuple libyen, déplorant, par là même, « les graves dérives » en cours dans ce pays, notamment en ce mois sacré de Ramadhan.
Le Chef de l’État a d’emblée souligné que notre pays est favorable à « la légitimité populaire en Libye et nous souhaitons que la solution soit libyo-libyenne », a-t-il dit. Évoquant la poursuite des combats en Libye, notamment en ce mois sacré de Ramadhan, le Président Tebboune a déploré le fait que « nos frères en Libye s’entretuent et l’effusion du sang libyen continue sans que personne ne se soucie de la pandémie du Coronavirus ( ). » « Pourquoi tout cela, pour le pouvoir? Et où est l’État libyen ? » s’est-il demandé. « La Libye est l’un des plus riches pays de l’Afrique du Nord et du continent africain », a-t-il rappelé, ajoutant que « nous connaissons, en tant qu’Algériens, l’amertume d’une telle situation, nous avons vécu l’effusion du sang algérien et nous ne souhaitons pas cela à nos frères libyens ». Il a réaffirmé, par ailleurs, que rien ne saurait être décidé concernant la Libye sans l’Algérie. Se disant inquiet quant aux « très mauvais signes » émis depuis ce pays, M. Tebboune a mis en garde et affirmé que « si le feu n’est pas éteint, il ravagera toute la Libye et les pays voisins et non voisins ». « La Libye est à quelques kilomètres de l’Italie, c’est pourquoi ce pays partage notre vision à cent pour cent », a-t-il précisé à ce propos. Après avoir rappelé que l’Algérie ne soutient aucune partie en Libye et sa seule motivation est le soutien du peuple libyen, M. Tebboune a affirmé que « les solutions existent et je les ai exposées aux envoyés spéciaux des présidents qui ont fait le déplacement à Alger ».
« Nous étions très proches de la solution, mais… »
« La solution c’est un Conseil national provisoire et une Armée nationale provisoire pour constituer un gouvernement provisoire pour ensuite entrer dans la légitimité électorale », a expliqué le président Tebboune. « Nous étions très proche d’une solution à la crise libyenne, mais on ne nous a pas laissé faire car, pour certains si l’Algérie parvenait à régler la crise libyenne cela la propulserait au-devant de la scène internationale et serait alors un pays +dangereux+, en sus d’autres calculs géopolitiques », a-t-il poursuivi. Il a évoqué, à cet égard, le blocage de la désignation du diplomate algérien Ramtane Lamamra en tant qu’envoyé du SG de l’ONU pour la Libye, estimant que Ramtane Lamamra aurait pu parvenir à un règlement de la crise libyenne. Réaffirmant que « le cœur et la voix de l’Algérie sont avec la Libye, qui n’hésitera pas à l’aider, le président Tebboune a assuré encore une fois que « l’Algérie n’avait aucune arrière-pensée économique ou géopolitique et ne recherchait ni influence ni autre chose », dans ce pays. « Nous n’avons fait entrer aucune balle en Libye mais plutôt des aides et des médicaments », a-t-il poursuivi.
Déploiement des armes après la conférence de Berlin
« C’est, pour moi, cela le véritable bon voisinage », a encore souligné le président Tebboune, exprimant le vœu de voir les Libyens revenir au bon sens et à la sagesse. Le président Tebboune a estimé par ailleurs que « l’histoire finira par s’imposer car aucune crise n’a été résolue par les armes et tout le monde finit par se retrouver autour de la même table, alors autant le faire maintenant que plus tard en Libye », affirmant que toutes les tribus libyennes sont favorables à une médiation algérienne. Déplorant « les graves dérives » en Libye, le président de la République a réitéré que « l’Algérie n’abandonnera pas ce pays », assurant que « de par notre intégrité et notre impartialité, nous sommes en mesure de solutionner le problème libyen ».
« La médiation algérienne est sollicitée partout » dans le monde, a-t-il ajouté. Il a par ailleurs évoqué la Conférence de Berlin, s’étonnant que « 3000 tonnes d’armes ont été introduits en Libye deux mois après cette rencontre ». Il s’est interrogé, à ce propos, « si c’est la stabilité de la Libye qui n’est pas souhaitée ou si c’est l’Algérie qui est ciblée ? ». « Qu’on laisse les Libyens régler leur problème et nous sommes disposés à les aider…Il est vrai que notre doctrine est que notre Armée n’intervient pas au-delà des frontières nationales mais techniquement nous pouvons apporter aide et assistance, notamment en matière d’organisation », a ajouté le président de la République ».
M. Bendib