Dans son allocution d’ouverture, hier, des Assises nationales de l’agriculture organisées au Palais des nations, Club des pins à Alger, le président Abdelmadjid Tebboune a, après avoir rappelé l’importance de ce secteur stratégique pour la sécurité alimentaire, assuré que l’Algérie est à deux doigts de réaliser son autosuffisance alimentaire.
Placées sous le slogan : «L’agriculture pour une sécurité alimentaire durable», ces assises représentent un rendez-vous important pour le monde agricole et agroalimentaire, a réuni des chercheurs, des agriculteurs, des entrepreneurs, des institutionnels et des experts en économie. L’objectif assigné à cette rencontre majeure est de cerner à la fois les enjeux et les défis auxquels est confronté le monde agricole pour en apporter les solutions adéquates de manière à consolider les acquis et à combler les lacunes existantes. « En dépit d’une faible production dans certaines filières ; reste que nous sommes toujours sur la bonne voie. Et nous espérons atteindre l’autosuffisance alimentaire courant 2024 et 2025. Notre indépendance dépend de notre agriculture car nulle voix sur la scène internationale pour celui qui n’est pas en mesure de garantir sa sécurité alimentaire et que seuls ceux qui produisent arrivent à dominer le monde », a déclaré le président de la République à l’occasion. Si le président Tebboune affiche un tel optimisme par rapport à l’avenir de l’agriculture dans notre pays c’est qu’il détient des chiffres qui ne trompent pas et qui confirment cette tendance.
14,7% de contribution au PIB
Ainsi, selon les chiffres qu’il a avancés, le secteur de l’agriculture contribue à raison de 14,7% au PIB- le deuxième secteur après les hydrocarbures- avec une valeur de production agricole en 2022 de 4.550 milliards de DA, soit une augmentation de 38% par rapport à l’année 2021, avec un taux de couverture des besoins nationaux de la production nationale de 75%. Alors que la main-d’œuvre activant dans le secteur est de 2,7 millions de personnes, soit le quart de la main-d’œuvre active au niveau national. Le président Tebboune, regrette, toutefois, que la production en céréales notamment pour le blé soit toujours à la traine par manque de rigueur et non pas par négligence, précise-t-il, en dépit de son importance stratégique pour le pays. « Sur une consommation annuelle de 9 millions de tonnes de blé, nous ne produisons que la moitié soit 30 à 35 quintaux par hectare alors que nous pouvons facilement atteindre une production se situant entre 60 à 70 Q/H », a déploré le chef de l’Etat, précisant, que ceci est dû essentiellement au manque de rigueur et non pas par négligence.
Professionnaliser l’agriculture
Le Président a donné à l’occasion l’exemple de l’Ethiopie, un pays classé pauvre dans les années 70, devenu aujourd’hui exportateur de blé, avant d’appeler à l’adoption de nouvelles techniques pour hisser la production du blé dans notre pays et diversifier notre économie en dehors des hydrocarbures, assurant que l’agriculture s’appuie aujourd’hui sur des techniques et des moyens modernes. «L’agriculture est un investissement étudié scientifiquement et non pas de façon traditionnelle. Dans certains pays la production de blé dépasse les 100 Q/H. Il faut donc un sursaut qualitatif dans notre production», a ajouté le chef de l’Etat.
Dans ce cadre, le Président a appelé le ministère de l’Agriculture et les agriculteurs à redoubler d’efforts pour atteindre cet objectif, rappelant que l’Etat est prêt à accorder des crédits financiers allant jusqu’à 90% pour appuyer des projets d’agriculture, notamment pour le blé, en plus de la disponibilité des pouvoirs publics à accompagner les investisseurs dans les exportations. Le Président mise surtout sur la production subsaharienne, des terres vastes et disposant de riches ressources hydriques souterraines, rappelant notamment la création de l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (O.D.A.S.) pour développer l’agriculture saharienne afin de soutenir la promotion et le développement de l’agriculture industrielle stratégique en terres sahariennes, à travers leurs mises en valeur. Cet organisme a pour rôle de promouvoir les céréalicultures (blé dur et blé tendre, orge, maïs) et le développement des filières colza, tournesol et la betterave sucrière dans les régions sahariennes. Il a par ailleurs fait savoir que la première bouteille d’huile de table 100% algérienne verra le jour avril ou mai.
Le chef de l’Etat honore des exploitants agricoles
Le président Tebboune a honoré en marge de la cérémonie d’ouverture de ces assises plusieurs exploitants agricoles, en reconnaissance de leurs efforts pour la promotion du secteur agricole et l’amélioration de son rendement en vue de réaliser la sécurité alimentaire. Plusieurs mesures ont été prises par les pouvoirs publics pour améliorer la production nationale afin d’en faire la locomotive de l’économie nationale notamment, l’augmentation des rendements agricoles, l’importation de matériel agricole de moins de cinq ans pour les grandes cultures, le soutien de l’Etat à hauteur de 50% des prix des engrais, l’amélioration de la production des semences et plants, de la production laitière et la modernisation de l’irrigation, utilisation des drones, raccordement des exploitations agricoles à l’électricité…
Il était également question de la révision et l’adaptation des dispositifs de régulation (Syrpalac), notamment, pour la pomme de terre, l’ail sec de consommation et la tomate industrielle.
Brahim Oubellil
