Le président Tebboune se veut, à travers son discours à la Nation prononcé hier devant le Parlement, une consécration de la bonne gouvernance. Dans son allocution, le chef de l’Etat a brossé le tableau de la situation générale dans le pays. Le dialogue politique, les « fruits » de l’économie nationale, le niveau de vie des Algériens ainsi que les attaques contre le pays…pour résumer d’un trait le grand speech de fin 2024.
« Un dialogue politique serein »
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a prononcé, hier, au Palais des nations du Club des pins, devant les membres des deux chambres du Parlement national réunies en congrès, le Discours sur l’état de la Nation au titre de l’année 2024. D’emblée, le Président a expliqué que cette allocution annuelle qu’il a instaurée comme tradition institutionnelle en décembre 2023 s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle approche dans la gestion des affaires publiques et ce pour consacrer les principes de la bonne gouvernance. C’est aussi un signe de respect envers les représentants du peuple et une volonté de consacrer une véritable démocratie dans le pays. Mettant le cap sur l’année 2025, le Président a abordé le dialogue politique comme initiative qu’il dit organiser « dans les meilleures conditions possibles, dans la sérénité et loin de tout marchandage ». Un dialogue auquel, visiblement, toutes les forces politiques participeront à l’exception de celles qui se sont exclues d’elles-mêmes et que le Président qualifie de « partisans d’un changement, mais qui ne se sentent pas concernés par ce même changement » A relever que cette déclaration s’adresse aux partis qui ont demandé à ce que l’échéance de cette perspective soit raccourcie. Autre question y afférente, notamment la moralisation de la vie politique et publique, le Président a réaffirmé, une fois de plus, qu’il « continuera à lutter contre la corruption jusqu’au dernier souffle. »
« J’appelle les Algériens de l’étranger à venir investir »
Sur le plan économique, un volet qui se taillera la part du lion dans le deuxième mandat, le Président a brossé le tableau de la situation financière et économique, rassurant, notamment le peuple algérien, que « tous les voyants sont au vert avec, en prime, une reconnaissance internationale ». Il en veut aussi pour preuve à la « bonne santé financière et économique du pays », des indicateurs qui « placent l’Algérie, d’ici quelques mois, parmi les pays émergents. » Pour atteindre cette ambition basée sur un nouveau paradigme s’appuyant sur la diversification de la production, « nous avons lancé de grands projets et sommes entrés, pour la première fois depuis l’indépendance, dans l’exploitation pleine de nos richesses », a affirmé le Président qui cite l’exemple du mégaprojet de Gara Djebilet dont « le port d’Oran recevra les premières expéditions d’acier en 2026. » Pas que, puisqu’il est prévu d’exploiter tous les gisements miniers, comme à Tebessa, Bejaia, Annaba, comme leviers qui généreront de la richesse et des emplois. Il y a aussi le chemin de fer Alger- Tamanrasset qui permettra une meilleure mobilité des personnes et des marchandises. Toujours dans le même volet, le Président a évoqué la réalisation de logements qui, contrairement aux critiques, « n’est plus une charge pour l’État », répond-t-il, précisant que les projets sont construits avec des matériaux à 100% locaux que l’on importe plus de l’étranger comme avant. »
« Notre agriculture génère 37 milliards USD »
Abordant l’investissement, dont la nouvelle loi est valable au moins pour 10 ans, le Président a appelé les membres de la communauté nationale à l’étranger à venir investir dans leur pays pour qu’un jour, a-t-il souligné « ils ne seraient plus qualifiés d’étrangers. » « Investissez dans votre pays et combattez ceux qui combattent votre pays », a-t-il appelé nos ressortissants et binationaux à l’étranger. Concernant la production locale, le Président a rappelé également la fin des importations des carburants et annoncé un surplus de production en énergie électrique. « Aujourd’hui, l’Algérie produit tous types d’essence avec des mains algériennes. Elle dispose de suffisamment d’énergie électrique et dispose d’un excédent de 12 000 mégawatts pour l’exportation », a-t-il annoncé, enchainant avec le secteur de l’agriculture dont le développement permet, aujourd’hui, d’atteindre une production qui vaut « 37 milliards de dollars. » Pour les céréales, l’Etat, après le blé dur, l’objectif est l’autosuffisance en blé tendre.
Concernant la dernière réunion Gouvernement –Walis, le Président a rappelé avoir ordonné à ses subordonnés au niveau local de créer des zones d’activités pour les artisans issus des zones reculées. Il s’agit de satisfaire une demande la jeunesse en termes de l’emploi. Cette jeunesse qui « a relevé le défi des startups et est devenue plus encline à produire au profit de son pays dans de nombreux domaines », a dit le Président, qualifiant « une jeune génération aux mains sont propres qui ne fait pas dans les pratiques de surfacturation ».
« L’Algérie ne tombera pas dans le piège du FMI »
A propos de la situation financière, le Président a dénoncé de toutes ses forces ceux qui ont parié sur la crise dans le pays en recourant à l’endettement extérieur. « L’Algérie ne tombera pas dans le piège du FMI » et ce malgré que l’Etat a investi beaucoup dans le recrutement des enseignants et l’augmentation des salaires dans les secteurs de la Fonction publique. « L’Algérie va toujours bien », a-t-il affirmé, n’en déplaisent aux défaitistes, annonçant, par la même que « Nous augmenterons le pouvoir d’achat de 53% ce trimestre, car nous espérons que les revenus de l’Algérie augmenteront grâce à l’augmentation de la production. » « Ils s’attendaient à ce qu’il y ait une explosion sociale en Algérie à cause de notre politique de logement, puis à cause de la baisse du niveau des barrages, mais l’Algérie a répondu en mettant en place une politique de logement et des mégaprojets de dessalement de l’eau de mer. », a répondu le Président à ses détracteurs.
« La France doit nettoyer ses sites nucléaires »
Abordant la politique extérieure, le président Tebboune a adressé des critiques acerbes à l’égard de la France, notamment, ces nostalgiques de l’Algérie française qui subsistent même en 2024. « Ceux qui disent que nous avons laissé un paradis en Algérie doivent savoir qu’à la veille de l’indépendance, 90 % du peuple algérien était analphabète », a-t-il affirmé. Pour illustrer la violence et les crimes de guerre de la colonisation française sur le peuple algérien, Tebboune a cité le père des tortionnaires des Algériens durant la guerre de libération, à savoir le général Marcel Bigeard, pour ne pas le nommer et qui « a exterminé les Algériens. Le colonialisme a laissé des ravages en Algérie, mais cette Algérie ne tombera pas. » Aujourd’hui, l’Algérie exige de la France une reconnaissance de ses massacres sur les Algériens. Pas que, la France doit, rappelle le Président une exigence de l’Etat « nettoyer ses déchets dans les sites d’essais opérés dans le sud algérien. »
A propos des causes justes, le chef de l’Etat a réaffirmé que « l’Algérie restera ferme et inébranlable dans ses positions envers la Palestine et ce jusqu’à son indépendance. » Tout comme la question sahraouie, dont l’idée d’autonomie « était française, pas marocaine », précisant qu’il s’agit d’une question de décolonisation et d’autodétermination. »
Farid Guellil