L’Algérie nouvelle qui place la barre de l’ambition économique haut ne peut plus tolérer l’emprise de l’argent de l’informel sur la vie économique. Les barons du circuit informel qui subsistent sont avertis, pour la dernière fois !
«Je lance un dernier appel à ceux qui ont accumulé de l’argent dans leurs foyers pour qu’ils le déposent dans les banques », a sermonné le président Tebboune, jeudi dernier, lors de la rencontre Gouvernement-Walis. Dans ce qui s’apparente aux yeux des observateurs les plus avisés à un dernier coup de semonce, le chef de l’Etat évoque les « nombreuses garanties pour protéger le citoyen et l’économie nationale », citant, à titre d’exemple, les formules de la finance islamique adoptées par plusieurs banques. Un homme averti en vaut deux, dit-on ! Car, faute de le faire, les titulaires de fonds, aussi bien parmi les barons qui fait main basse sur le circuit financier parallèle que les inféodés à cette pratique qui a la peau dure, sont appelés à rendre des comptes de cet acte de rébellion contre une décision de l’Etat. Voire même plus, lorsqu’il s’agit, notamment, de soupçons de produits de corruption, et pire encore, de fonds à blanchir et ou destinés au financement du terrorisme.
Les nouvelles pratiques instaurées par le président Tebboune pour le processus de bancarisation encouragent bien les titulaires de fonds thésaurisés chez-soi à les déposer auprès des banques. Car, cela va de la sécurité financière du pays avec son corollaire sur les plans économique et social. Toutefois, la subsistance de cette pratique frauduleuse, dont les adeptes résistent malgré la loi et les facilités de l’Etat encourageant le placement de l’argent dans le circuit bancaire, risque de plomber l’économie nationale.
En pareille situation, c’est l’autorité même de l’Etat qui est remise en cause. En l’absence de contrôle sur une très importante masse monétaire planquée hors-circuit bancaire, dont le montant est estimé à environ 90 milliards de dollars américains, risque de freiner, à terme, la dynamique du développement économique du pays. Et pour cause, l’argent informel ne sert pas l’économie, pas plus qu’il ne sert les titulaires ou, sait-on encore jamais, la destination finale, à considérer notamment les phénomènes de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme comme délit fortement criminalisés par la dernière loi réaménagée dans le domaine. Les individus qui dorment sur des fortunes inestimables, comme pratique qui s’est développée à l’orée de la corruption généralisée apparue sous l’ancien régime, qui plus est, échappent à la fiscalité et, du coup, procèdent à une mise à sac programmée du Trésor public.
Cet état de fait n’arrange pas l’ambitieux programme du Président portant décollage économique. Les incitations bancaires sont nombreuses. Sauf que, les inconditionnels de la « chkara » ont la peau dure et résistent au changement impulsé par le chef de l’Etat depuis son avènement à la tête de l’Etat. Mais, le temps est désormais compté pour les barons de l’informel. Ils ne resteront plus impunis. Faute de procéder dans les meilleurs délais au placement de l’argent auprès des établissements financiers, les titulaires des fonds rangés chez-soi seront appelés à rendre des comptes.
Farid Guellil