La mise en accusation du président du Widad de Casablanca pour trafic international de drogue explique en grande partie l’ascension du football marocain qui s’est installé dans la peau du décideur dans les instances de la CAF, dont il maîtrise aujourd’hui, à sa guise, les coulisses.
Des organes de presse marocains ont indiqué que le président du Wydad Athlétic de Casablanca, Said Naciri a été placé vendredi en détention, dans le cadre d’une vaste affaire de trafic de drogue, selon son avocat. Ce dernier, selon son avocat qui a requis l’anonymat, fait face à plusieurs chefs d’accusation, notamment « la falsification de documents officiels, la possession et la distribution de drogue, et l’utilisation de chèques contrefaits ». Cette affaire renseigne également sur les connexions entre la politique, la drogue, et l’argent sale. Des indices laissent penser comme l’ont affirmé de nombreux sites d’informations d’opposants que l’argent qui a servi à corrompre des eurodéputés et qui a servi à financer leurs séjours confortables et royaux au Maroc provient du trafic de drogue. Le Makhzen qui tient ce commerce florissant utilise à satiété cette corne d’abondance en sollicitant l’aide de gros barons du trafic de cannabis et aujourd’hui de la cocaïne pour financer ses coups tordus. L’enquête, met en cause au total 25 prévenus, dont 21 sont actuellement en détention, vise aussi Abdenbi Bioui, président du conseil régional de l’Oriental (nord-est du Maroc) et membre du Parti authenticité et modernité (PAM), une formation libérale qui participe à la coalition gouvernementale présidée par Abdelaziz Akhenouch et dont fait également partie Said Naciri élu député. Toujours selon la même source « une nouvelle audience devant le juge d’instruction est prévue le 25 janvier prochain ». L’enquête a été ouverte après les aveux d’un ressortissant malien, déjà condamné au Maroc pour trafic de drogue, qui a mis en cause le président du WAC dans ces activités criminelles. L’été dernier, des médias français avaient indiqué que le dit « malien » à l’origine du scandale, est un baron de la drogue condamné en 2019 à dix ans de prison pour « trafic de drogue international ».
Dans un article intitulé « Le Pablo escobar du Sahara », l’hebdomadaire « Jeune Afrique » avait révélé au cours de l’été dernier que le dénommé Hadj Ahmed Ben Brahim le « Malien », qui purge une peine de dix ans de prison au pénitencier d’El-djadida au Maroc a fait des révélations qui prouvent les connexions entre l’argent sale, la drogue et la politique dans le pays du Makhzen. L’auteur de l’article affirme que le malien après avoir purgé une peine de prison à la prison de Nouakchott en Mauritanie, avait pris contact avec ses protecteurs marocains Naciri et ses co-accusés, pour tenter de récupérer ses biens qu’ils avaient spoliés. Il avait estimé les biens qu’ils lui avaient confisqués à plus de 3.3 millions d’euros, une villa cossue et un appartement à Casablanca entre autres. Ces derniers lui avaient tendu un piège pour le faire venir au Maroc et l’arrêter dès sa descente de l’avion. L’article souligne que le « Malien » faisait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par un juge marocain après la saisie d’une quantité de 40 tonnes de Haschisch dissimulées dans des camions de sa société de transport de marchandises. Aujourd’hui il purge une peine de dix ans d’emprisonnement à El-Djadida et c’est par un esprit de vengeance qu’il a décidé de vendre la mèche et lever le voile sur une pratique, en usage chez le Makhzen le recours à l’argent sale pour financer des opérations de marketing, de règlements de compte, de corruption et même de lobbying politique. Le Maroc agit aujourd’hui en terrain conquis au niveau de la CAF, il a ses entrées au niveau du parlement européen et a réussi à faire voter par la Fifa son dossier, conjoint avec le Portugal et l’Espagne pour l’organisation du Mondial 2030. Tout cela semble avoir un prix qui aurait été réglé avec de l’argent sale selon de nombreux opposants marocains.
Slimane B.