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LE PLAN COLONIAL « E1 » : Un pas de plus vers « l’annexion totale » de la Palestine ?

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Le sionisme, idéologie coloniale née au XIXe siècle, demeure aujourd’hui la seule entreprise de colonisation soutenue ouvertement par les anciennes puissances impériales, celles-là mêmes qui prétendent avoir aboli ce système.

Nulle part ailleurs on ne voit, à ciel ouvert, un pouvoir expulser des populations entières pour installer à leur place des colons, sans jamais être inquiété ni sanctionné. Pire encore, cette politique est financée, armée et protégée par les États qui se disent garants des droits de l’homme. Les autorités d’occupation israéliennes viennent d’approuver un nouveau plan de construction coloniale dans la zone dite “E1”, à l’est d’ElQods, comprenant 3 401 unités de logement ainsi qu’une nouvelle colonie baptisée « Ashal », qui prévoit 342 habitations supplémentaires et plusieurs bâtiments publics. Selon le mouvement israélien La Paix Maintenant, cette approbation s’est faite à une vitesse fulgurante. L’organisation alerte sur les conséquences : ce projet est « particulièrement fatal à toute perspective de paix et à l’idée d’un État palestinien», puisqu’il vise à diviser la Cisjordanie en deux, tout en coupant la continuité territoriale entre Ramallah, El-Qods-Est et Bethléem. Le ministre extrémiste Bezalel Smotrich s’est même félicité, la semaine dernière, de ce plan qui «rattache de facto la colonie de Maalé Adoumim à Jérusalem », brisant définitivement le lien entre Ramallah et Bethléem et signant, selon ses mots, « le dernier clou dans le cercueil de l’État palestinien ».

Un projet ancien relancé par Netanyahu

Le projet colonial « E1 » n’est pas nouveau. Depuis les années 1990, Israël tente de l’imposer, mais les pressions internationales, y compris américaines, avaient jusque-là empêché sa mise en œuvre. Pourtant, en 2012 puis en 2020, Benjamin Netanyahu avait donné des instructions pour en accélérer l’adoption. Aujourd’hui, malgré des condamnations de façade de la communauté internationale, le plan avance. Depuis janvier 2025, les autorités d’occupation ont déjà approuvé 24 338 unités coloniales supplémentaires, dont celles du projet E1.

Que prévoit le plan ?

La zone E1 couvre 12 000 dunums de terres palestiniennes (soit environ 12 km²), déclarées arbitrairement «terres de l’État» et rattachées à la colonie de Maalé Adoumim.

 Le projet inclut une zone industrielle de 1 350 dunums ; un quartier général pour la police israélienne sur 180 dunums ; la confiscation de 500 dunums des terres d’Anata et Shuafat pour en faire une décharge, avant de la transformer en parc pour colons ; plusieurs plans de construction détaillés, dont 2 176 unités coloniales, 256 habitations et 2 152 chambres d’hôtel, et 1 250 logements supplémentaires ; une « route du tissu de vie » destinée à contourner les villages palestiniens, facilitant l’expansion coloniale et interdisant aux Palestiniens l’accès à leurs propres routes.

Objectifs : détruire toute perspective d’État palestinien

Ce plan poursuit des objectifs clairs comme isoler ElQods de son environnement palestinien et couper tout lien géographique avec les autres villes de Cisjordanie ; séparer le nord et le sud de la Cisjordanie, transformant le territoire palestinien en une série d’enclaves sous contrôle militaire ; élargir les frontières d’El-Qods-Est annexée en y intégrant Maalé Adoumim ; expulser les communautés bédouines, déjà victimes de déplacements forcés en 1948 et 1967, pour libérer l’espace au profit des colons ; modifier la démographie d’El-Qods en chassant des quartiers entiers de Palestiniens afin d’augmenter la proportion de colons juifs.

Le sort des Bédouins : une nouvelle Nakba silencieuse

Pour réaliser ce projet, Israël planifie le déplacement forcé de 46 communautés bédouines dans les collines orientales et la vallée du Jourdain, soit une population vivant sur près d’un million de dunums.

Certaines de ces communautés ont déjà été expulsées depuis octobre 2023, au lendemain du déclenchement de la guerre à Ghaza. Ces populations subissent depuis des années pressions, démolitions et intimidations. L’occupation tente de les relocaliser dans des zones comme Al-Eizariya ou Jéricho, mais la résistance des habitants a empêché jusqu’ici leur disparition totale.

Une violation flagrante du droit international

Selon l’ONG israélienne B’Tselem, la construction dans la zone E1 accentuerait l’isolement d’El-Qods-Est, la séparant définitivement du reste de la Cisjordanie. Ce plan est une violation directe du droit international humanitaire, qui interdit à une puissance occupante de transférer sa propre population dans le territoire qu’elle occupe, et proscrit tout changement permanent dans les zones occupées. En pratique, le projet E1 privera des milliers de Palestiniens de leurs terres, encerclera leurs villages et rendra quasi impossible l’émergence d’un État palestinien viable et territorialement continu.

Le dernier verrou de l’apartheid sioniste 

Le plan E1 n’est pas seulement une expansion coloniale parmi d’autres : il représente la clé de voûte du projet d’annexion sioniste, visant à transformer définitivement la Cisjordanie en une mosaïque de ghettos palestiniens encerclés par les colonies.

Ce projet illustre l’impunité totale dont bénéficie Israël, soutenu et financé par les puissances occidentales. En isolant El-Qods et en détruisant la continuité géographique palestinienne, l’occupation entend enterrer à jamais toute perspective d’indépendance. La communauté internationale, en fermant les yeux sur ce crime colonial, se rend complice d’un apartheid et d’une politique de nettoyage ethnique qui rappelle les pires pages de l’histoire contemporaine.

M. Seghilani

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